lundi 30 mai 2011

Le Goût des pépins de pomme de Katharina Hagena

Le Goût des pépins de pomme est le premier roman de Katharina Hagena, écrivaine allemande née en 1967. Il a été publié en France en janvier 2010 aux éditions Anne Carrière, puis en avril 2011 au Livre de Poche.

Iris, bibliothécaire, se rend à l'enterrement de sa grand-mère, Bertha, et apprend, à son grand étonnement,  qu'elle a hérité de la maison familiale. Lors de son séjour, elle se remémore les vacances passées dans cette maison, avec sa cousine Rosemarie, morte à 16 ans et son amie Mira. Dans cette maison, ont aussi vécu Bertha et sa soeur Anna, et les trois filles de Bertha, Christa (la mère d'Iris), Inga et Harriet.

Ce roman raconte l'histoire de trois générations de femmes, de la grand-mère Bertha à la petite-fille Iris. C'est un roman très mélancolique sur la mémoire et l'oubli, Bertha perdant peu à peu ses souvenirs jusqu'à ne plus savoir comment marcher. C'est surtout l'histoire d'une vieille maison, presque vivante, qui craque et qui gémit, une maison comme on aimerait en avoir, avec des dédales de pièces et un jardin magnifique, laissé à l'abandon et qui pourtant survit. Dans cette maison, planent des secrets et des mystères : le mot "nazi" écrit sur le mur du poulailler, la mort obsédante d'une jeune fille, les cahiers de poésie du grand-père retrouvés, l'adultère dévoilé. les groseilles rouges qui deviennent blanches à jamais en une nuit... Quelque chose de mystérieux, voire  de surnaturel, imprègne les personnages : Inga envoie sans cesse des décharges électriques au moindre contact, Mira ne porte que du noir, Rosemarie, pleine de vie, meurt à seize ans...

C'est un beau roman que livre ici Katharina Hagena, dont la qualité principale réside, pour moi, dans les longues descriptions de cette maison et son jardin, englobant tout le récit. J'ai également aimé les histoires de Bertha, d'Inga et de Rosemarie. J'ai moins aimé le personnage principal, Iris, dont l'histoire d'amour, très convenue, avec Max, frère de Mira, qu'elle retrouve à l'enterrement de sa grand-mère, n'a pas réussir à faire chavirer mon cœur. C'est un roman sur le passé, écrit avec beaucoup de nostalgie, et le présent paraît alors bien pâle à côté.

Extrait :

Autrefois, nous nous installions souvent là, Rosemarie, Mira et moi. Quand nous étions encore toutes petites, c'étaient les secrets cachés sous les dalles qui nous attiraient, plus tard ce fut le soleil couchant. Cet escalier extérieur était un lieu merveilleux. Il appartenait tout à la fois à la maison et au jardin. Il était pris d'assaut par un rosier grimpant, et quand la porte d'entrée restait ouverte, l'odeur des pierres du vestibule se mêlait au parfum des roses. L'escalier n'était ni en haut, ni en bas, ni dedans, ni dehors. Il était là pour assurer en douceur mais avec fermeté la transition entre deux mondes. (p.111, Livre de poche)


5 commentaires:

  1. Je croise depuis quelques mois ce roman, et en lisant ton billet je me dis qu'il faut absolument que je me l'offre ! merci pour ce beau billet !

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  2. Très beau billet qui me met l'eau à la bouche !! J'ai connu dans ma prime enfance une maison familiale avec le même escalier dont tu parles et j'ai encore le goût (et l'odeur) des gâteaux aux pommes de mon arrière grand-mère dans la bouche !! Il me le faut celui-là !! ;D

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  3. Oui Asphodèle, je pense qu'il te rappellera des souvenirs !!!

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