vendredi 13 mai 2016

Autopsie d'un père de Pascale Kramer

Ania apprend le suicide de son père, Gabriel, par sa nouvelle femme, Clara. Ils ne se voyaient plus depuis longtemps et c'est à peine si elle était au courant du scandale qui aurait poussé Gabriel au suicide. En effet, ce dernier, journaliste et intellectuel de gauche a pris publiquement la défense de deux jeunes Français qui ont tué battu à mort un Comorien sans-papiers. En retournant dans la maison familiale, c'est l'occasion pour Ania de revenir sur ses relations avec son père.

Qu'est-ce qui a poussé Gabriel à agir de la sorte ? Comment les relations se sont-elles dégradées entre le père et la fille ? Voilà les questions que l'on se pose en commençant la lecture du roman de Pascale Kramer. Tout le roman est écrit du point de vue d'Ania, une jeune femme assez terne, mère d'un enfant sourd, séparée du père de l'enfant, qui porte un regard désabusé sur la vie qu'elle mène. Et cela se ressent aussi sur le lecteur ! C'est gris, c'est morose. Son père se suicide, sûrement à cause du scandale récent, on s'attend alors à une prise de conscience, une révolte contre ce père, peu présent dans son enfance et qui ne la considérait pas comme assez intéressante. Mais non, Ania est plutôt passéiste, elle se laisse porter par les évènements et ne semble parfois intéressée que par l'héritage qui devrait lui revenir. Où sont passées ses émotions ?? Ses relations avec son fils, sourd et refermé sur lui-même, ne sont pas simples non plus, mais là encore, rien n'est vraiment développé. Les personnages secondaires manquent, quant à eux, de profondeur pour être vraiment remarquables. C'est dommage, car j'ai apprécié la plume de Pascale Kramer, mais le contenu ne m'a pas convaincue.

Le résumé de quatrième de couverture était pourtant prometteur : "En auscultant une France sous tension et au bord de l’explosion, Pascale Kramer nous offre un puissant roman sur le basculement politique et le repli sur soi, qu’elle met en scène de manière intime et collective." Mais je n'ai retrouvé à aucun moment cette "France sous tension", même à la fin, où les choses s'agitent un peu, mais de manière tout à fait inattendue (ou mal amenée ?). Aucun débat de société sur le racisme ambiant, caché, qui s'infiltre dans la société même là où on ne l'attend pas. Méfions-nous des 4e de couverture trompeuses ! Cela n'engendre bien souvent que des déceptions.
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