Jonathan Safran Foer a passé trois ans à recueillir des informations sur l'élevage industriel aux États-Unis, à rencontrer des éleveurs, des ouvriers travaillant dans les abattoirs, il a même visité clandestinement des fermes d'élevage industriel pour constituer un ouvrage compilant de données statistiques, de témoignages, de récits autobiographiques, tentant de répondre à la même question : faut-il manger les animaux ?. Cette question s'impose à lui après la naissance de son fils, le premier, et ce nouveau père se demande s'il doit donner à manger de la viande à son fils.
À la fin de son enquête, pas de suspense, J.S. Foer choisit le végétarisme. Il ne faut pourtant pas voir ce livre comme un plaidoyer pour le végétarisme, mais comme un réquisitoire contre les horreurs subies par les animaux des élevages industriels dès leur naissance, tout au long de leur "vie" et jusqu'à l'abattoir.
J'ai retenu de cet ouvrage :
- Que nous faisons subir l'enfer à ces animaux destinés à la consommation : dès leur naissance, ils sont mutilés (par exemple, on coupe le bec des poussins, les cornes des bœufs, on marque les animaux au fer), obligés à survivre dans des conditions atroces (manque d'espace, surpopulation, maladie, saleté, lumière superficielle, aucune sortie extérieure...), et que leur mort, supposée être leur délivrance, est parfois pire. En effet, le transport de ces animaux (volailles, ovins, bovins...) se fait dans des conditions insupportables, le trajet est long, sans eau ni nourriture, les animaux sont entassés dans des camions et manquent d'étouffer. Ceux qui survivent à l'arrivée à l'abattoir (un pourcentage important d'animaux meurent pendant le trajet, quantité négligeable pour les grands groupes d'élevage industriel), sont censés être endormis par les ouvriers avant leur mise à mort. En réalité, les techniques utilisées pour les rendre inconscients (plongée des volailles dans un bain d'eau électrique, étourdissement des bœufs en leur fracassant parfois le crâne) sont souvent inefficaces et l'animal, censé mourir sans souffrance, est pendu par les pieds et saigné alors qu'il est encore conscient.
- Que les élevages industriels ont des conséquences négatives sur la planète : pollution, disparition d'espèces (les techniques de pêche utilisées contribuent à la disparition d'espèces et perturbent l'écosystème)...
- Que les animaux des élevages industriels sont malades, débiles et bourrés d'antibiotiques. Ils vivent dans la chaleur et la lumière artificielles, qui vont permettre d'accélérer leur croissance, pour pouvoir les tuer plus vite. S'ils étaient relâchés, la plupart de ces animaux seraient incapables de survivre. Ils ne ressemblent plus aux animaux élevés naturellement (quand il en existe encore). Ce sont des "erreurs de la nature" créées par l'homme et pour sa consommation. Nous mangeons ces animaux malades.
- Que des enquêtes sont menées par les pouvoirs sur les conditions d'abattage des animaux, mais que les abattoirs sont généralement prévenus à l'avance. Malgré tout, des inspecteurs ont constaté des horreurs dans certains grands abattoirs américains : des ouvriers qui urinent sur les volailles, d'autres qui battent là mort les animaux. Si ces visites avaient lieu par surprise, que découvriraient ces inspecteurs ?
- Qu'il existe encore des élevages respectueux du bien-être des animaux et des abattoirs s'attachant à tuer les animaux sans souffrance. Malheureusement, ils sont peu nombreux et font face à un certain nombre de difficultés. Il serait illusoire de croire que ces élevages seraient capables de nourrir l'intégralité de la population des États-Unis et puis du monde. Mais on peut agir, dans la mesure du possible, en faisant attention aux étiquettes de la viande que nous achetons et en refusant de donner de l'argent à l'élevage industriel.
La plupart de ces faits, nous les connaissons, mais nous faisons parfois le choix de les nier, de les oublier et de ne pas y penser. Bien que les végétariens soient statistiquement en meilleure santé que les "mangeurs de viande", Jonathan Safran Foer ne nous pousse pas à choisir le végétarisme. Il cherche à nous faire prendre conscience des faits réels. Certaines scènes violentes et sanglantes sont difficiles à lire et à déconseiller aux âmes sensibles. L'enjeu est de montrer que chacun peut agir à sa façon : devenir végétarien, manger moins de viande, manger de la viande hors élevage industriel etc. “Plus les gens découvriront ce qui se passe en zone de tuerie, moins ils mangeront de viande.”
Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer est sorti en janvier 2011 aux éditions de l'Olivier.
Titre original : Eating animal (novembre 2009, Little, Brown and Company).
Pour en savoir plus : le numéro 22 (mai 2011) tout juste sorti de Booksmag consacre son dossier à la question "Faut-il manger les animaux ?"
C'est horrible..."tout simplement".
RépondreSupprimerRien que penser que des gens s'en foutent de maltraiter ou non des animaux; qu'ils meurent dans la souffrance...
Heureusement qu'il y a des abattoirs sensés!
Car c'est vraiment déguelasse de leur faire ça!
Les animaux ne devraient pas mourrir sur le trajet qui les mènent à l'abattoir: Quand on pense que des moutons se font scier les pattes à cause d'un étage de camion mal installé, ou à des boeufs agonisant dans leur merde, ou encore qu'ils soient sans eau et à + de 50 ° dans le camion pendant des milliers de km...
Je trouve ça inhummain! Ces gens n'ont pas de pitié!