lundi 30 novembre 2015

Lettres à mon père par Didier Lett

Cet ouvrage propose de découvrir une "petite histoire des relations paternelles à travers la correspondance de personnages célèbres". Les lettres qui y sont retranscrites sont toutes présentées par Didier Lett, agrégé d'histoire et professeur d'histoire médiévale à Paris VII. 

On y croise des personnes célèbres - de grands écrivains comme Jules Verne, Victor Hugo, Gérard de Nerval, mais aussi Françoise Dolto, François Truffaut, Albert Einstein, Mozart Berlioz et plein d'autres. Certaines sont touchantes, par exemple celle de Victor Hugo à sa fille Léopoldine quand on sait à quel point sa mort quelques années plus tard bouleversera l'écrivain. D'autres sont d'autant plus intéressantes qu'elles apportent non seulement une idée de la vie à une époque (le statut d'un écrivain par exemple dans la lettre que Nerval écrit à son père pour justifier de son choix) mais elles font aussi apparaître une évolution des relations entre père et enfant époque après époque. En effet, même si les lettres présentées dans ce recueil ont été majoritairement écrites au cours des deux derniers siècles, l'auteur a choisi également de présenter des lettres plus anciennes, la première datant du milieu du XIIIe siècle. La dernière est quant à elle la plus récente car il s'agit de celle écrite par Elsa Wolinski à son père le jour de sa mort lors des attentats de Charlie Hebdo. C'est sûrement celle qui m'a le plus touchée.

Ce qui est remarquable, c'est qu'à travers les âges, on retrouve quand même plus ou moins les mêmes thèmes dans ces lettres : cela peut-être de l'amour filial et paternel très fort et du respect ou au contraire l'occasion de régler ses comptes, d'alimenter un conflit sous-jacent. On retrouve aussi souvent des demandes d'argent qui expriment un manque évident d'indépendance financière à certaines époques.

J'ai bien aimé la remise en contexte par l'auteur de chaque lettre en guise d'introduction, avec une rapide biographie de l'auteur au moment de l'écriture de la lettre. Les illustrations et le graphisme utilisé dans cette série de livres (Lettres à mon père, Lettres à ma mère, Lettres à mes frères et sœurs...) font de cette nouvelle collection, Mots intimes, des éditions Le Robert, une belle nouveauté qui ravira les amateurs d'échanges épistolaires, mais aussi ceux qui souhaitent découvrir des éléments historiques de façon plus intime.

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lundi 23 novembre 2015

[BD] Adam Clarks de Lapone et Hautière

Adam Clarks est un chroniqueur vedette de la jet-set, séducteur et homme à femmes. Du moins, c'est ce qu'il prétend. Car derrière ses beaux atours, se cachent un gentleman cambrioleur de haut vol. Lors d'une soirée mondaine, il se sert de la belle Irina pour voler un énorme et unique rubis, le De Long Star. Son secret est découvert par le KGB qui a bien l'intention de se servir de ses nombreux talents pour une mission top secrète. C'est sans compter sur la CIA qui force Adam Clarks à travailler pour eux. Pris entre les deux organisations secrètes ennemies, Adam Clarks doit jouer finement pour ne pas mal finir...

C'est grâce à une opération Masse Critique de Babelio que j'ai pu découvrir cette bande-dessinée dont la couverture et le style de dessin m'a tout de suite sauté aux yeux. De très grand format (39 * 27 cm), elle met en scène un univers à la fois futuriste (étranges bâtiments et véhicules volants) et à l'ancienne avec une Guerre Froide entre États-Unis et URSS toujours d'actualité. Je lis très peu de bande-dessinée et ne suis donc pas spécialiste du genre. Je ne m’appesantirai donc pas sur le dessin et le style que j'ai trouvés plutôt pas mal, même si les couleurs essentiellement foncées (bleu, noir et rouge) diminuent parfois la lisibilité des vignettes. J'ai par contre bien aimé le souci du détail qui apparaît sur certaines grandes vignettes.

Côté histoire, on a affaire à une intrigue policière assez classique, mais qui a le mérite d'offrir quelques rebondissements intéressants. Elle est racontée par un mystérieux personnage qui s'adresse directement au lecteur pour présenter Adam Clarks et son aventure : un procédé original bien qu'il n'apporte finalement pas grand chose au récit. A mes yeux l'élément le plus plaisant de cette bande-dessinée est le héros : je me suis rapidement attachée à ce cambrioleur rusé et charismatique, qui n'est pas sans rappeler le célèbre Arsène Lupin. Dommage cependant qu'il ne s'agisse apparemment que d'un one-shot, le personnage mériterait d'avoir sa propre série. Merci à Babelio, Glénat et la SNCF pour m'avoir permise de découvrir une BD qui mérite le détour !

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mercredi 18 novembre 2015

Swap Portrait chinois : les colis !

Quand j'ai su que Critéïne du blog De ma plume à vos oreilles que je suis régulièrement organisait un swap, j'ai tout de suite sauté sur l'occasion car j'aime beaucoup ça et cela faisait un moment que je n'en avais pas fait !

Le thème du swap était le portrait chinois, vous savez ces questions du type "Si j'étais une couleur/un animal/une heure de la journée, je serais...". Critéïne a envoyé à chacun des participants  le questionnaire et a constitué les binômes. Nous avions ensuite un mois pour constituer le colis à envoyer à notre binôme qui devait contenir : 

- deux romans
- une carte postale
- un objet lié à l'univers de la lecture ou du cocooning
- un objet rigolo
- une gourmandise

Par la biais de ce swap, j'ai fait la connaissance d'Amandine, 31 ans, qui habite la région parisienne et qui vient de terminer une formation de bibliothécaire-documentaliste. En plus de notre métier, nous avions dans nos portraits chinois plusieurs réponses communes, et nos échanges de mails ont peu à peu révélé d'autres points communs, notamment nos deux chats adeptes des bêtises qui se ressemblent et que nous adorons :) C'est un vrai plaisir de connaître Amandine, le principal intérêt d'un swap, et j'espère que nos échanges ne s'arrêteront pas là !

Allez passons tous de suite aux photos en commençant par le colis que j'ai reçu de la part d'Amandine :

La totalité du colis !




Comme vous pouvez le voir, j'ai été très gâtée. Amandine a choisi tous ces objets en tenant compte du questionnaire rempli et de l'aperçu de mes goûts lors de nos échanges de mails. Et elle est tombée en plein dans le mille ! Côté romans, on s'était mises d'accord pour choisir un livre dans nos listes respectives et un livre surprise. Je voulais lire Délivrances de Toni Morrison et Amandine a bien compris que j'avais un coup de cœur pour la littérature japonaise avec Le musée du silence de Yoko Ogawa. Le thé Coquelicot gourmand est un délice, le savon Pamplemousse sent très bon et la paire de ciseaux en forme de Tour Eiffel a tout de suite rejoint ma mallette de loisirs créatifs qui s’agrandit petit à petit depuis que je m'y suis mise. Enfin, la carte de Las Vegas (qui vient vraiment de là-bas) ainsi que le collage qui contenaient les petits mots d'Amandine m'ont beaucoup plus. Merci Amandine et bravo pour ton premier swap !

Passons au colis qu'Amandine a reçu de ma part : 

Le coquin !




Les surprises, l'objet rigolo (des pansements à motifs), les gourmandises et le photophore "cocooning"
Le roman choisi par Amandine à gauche et celui choisi par mes soins ainsi un carnet pour noter ses lectures (ou autre)


D'après le retour d'Amandine, elle a l'air plutôt satisfaite : "J’ai été très gâtée ! Chaque objet était emballé individuellement avec un packaging différent ! Le colis était aussi beau que bien fourni et bien choisi !
Quant à moi, c'est avec plaisir que j'ai réalisé ce swap, et grande première, j'ai essayé d'y inclure des choses faites main, comme le photophore tricoté et personnalisé et les emballages et étiquettes. J'ai déjà envie de recommencer !

Merci à Critéïne pour l'organisation du swap et à Amandine pour son colis qui a su me combler !

lundi 16 novembre 2015

Le mystère Sherlock de J.M. Erre

A Meiringen en Suisse, l'accès à l'hôtel Baker Street est enfin dégagé après une grosse avalanche. Mais les pompiers découvrent un horrible spectacle : tous les résidents sont morts dans d'étranges circonstances, et notamment les dix universitaires venus participer à un grand colloque sur Sherlock Holmes. Que s'est-il passé ? C'est l'intelligent et mystérieux commissaire Lestrade qui enquête sur les lieux du drame, en parcourant les notes et indices laissés par les victimes.

Je dois vous avouer que je n'ai lu aucun roman d'Arthur Conan Doyle mettant en scène Sherlock Holmes. Mon idée du personnage et de l'univers vient surtout de la formidable série télé britannique Sherlock (avec Benedict Cumberbatch). C'est donc en novice que j'ai attaqué ce roman qui se présente comme un hommage à Sherlock Holmes et aussi à Agatha Christie. En effet, impossible de ne pas faire un parallèle entre ce roman et Les dix petits nègres, deux huis-clos dans un hôtel isolé du reste du monde où tous les résidents meurent les uns après les autres. Le parallèle s'arrête là, car ici, avec Le mystère Sherlock, on est complètement et assurément dans le registre comique.

J.M. Erre a choisi de créer des personnages complètement loufoques et décalés qui nous réjouissent avec leurs extravagances et leurs caractères : le professeur Gluck qui aime utiliser les redoutables techniques de son maitre pour analyser et déduire tout et surtout n'importe quoi ; Jean-Patrick Perchois persuadé d'entendre la voix de Sherlock Holmes ; Eva von Gruber entièrement refaite et siliconée de la tête aux pieds ; le professeur McGonaghan dont l'objectif principal est de coucher avec Eva ; Dolorès Manolete tourmentée par sa foi chrétienne et ses envies de meurtre ; Jorge Rodriguez aussi séduisant que les "mollusques viscéroconques du Mozambique" ; le professeur Durieux, professeur avant d'être un homme, accompagné d'un étudiant, Benjamin Rufus ; et enfin le jeune Oscar venu remplacé son père accidenté. Tous sont venus se battre pour obtenir la chaire d'holmésologie de la Sorbonne, et c'est le professeur Bobo, vieillard sénile, qui devra désigner l'heureux élu à la fin du colloque. On observe tous ces surprenants personnages, à travers les yeux d'Audrey qui, déguisée en employée d'hôtel, enquête sur les Holmésiens.

C'est donc là le principal atout du roman de J.M. Erre : des personnages comiques qui donnent lieu à des dialogues savoureux s'enchaînant à toute vitesse. Côté intrigue, il n'y a pas de grande surprise concernant la résolution de l'enquête, mais la fin ouvre des perspectives bien plus intéressantes ! Au final, la lecture de ce roman est agréable et permet d'entrer dans l'univers de Sherlock Holmes de façon très plaisante, ce qui m'a donné envie de lire les romans d'Arthur Conan Doyle, un très bon point !

samedi 7 novembre 2015

Où étiez-vous tous de Paolo Di Paolo

Où étiez-vous tous prend pour prétexte l'histoire intime d'une famille italienne normale qui vit à Romen en 2009, les Tramontane, pour évoquer l'Histoire de l'Italie plus particulièrement celle d'une jeunesse désenchantée sous les années Berlusconi. On suit Italo, le fils de la famille, étudiant en histoire qui souhaite écrire une thèse sur l'homme politique italien et son époque, contre l'avis de son directeur de thèse et de son assistant, car on n'écrit pas sur une histoire aussi contemporaine. Sa vie familiale est aussi bouleversée quand son père, Mario, enseignant à la retraite, renverse avec sa voiture un ancien élève, qui s'avère être le petit ami d'Anita, sa sœur, et que sa mère part se réfugier quelques temps à Berlin.

Ce roman sur les vingt dernières années en Italie contient quelques extraits de vrais journaux italiens, qui viennent ponctuer le récit et apporter un petit côté enquête sur la société italienne. Mais, Paolo Di Paolo évoque également des thèmes universels, dans lesquels chacun peut se reconnaître que l'on soit italien ou pas. Il y a d'abord la relation compliquée avec un père pas toujours tendre et aimant, lui-même bouleversé par le grand changement que représente la retraite, après tant d'années de travail. Que s'est-il passé le jour de l'accident ? Mario Tramontane, jusque-là modèle du père intègre, a-t-il intentionnellement renversé son ancien élève ?

Mais ce qui m'a le plus touché, c'est l'histoire d'Italo, ce jeune homme extrêmement attachant qui essaie de grandir dans une époque et un pays où règne la corruption, où tous ses idéaux s’effondrent, à travers l'image de sa famille qui se fissure, mais qui pourtant trouve la force de continuer, de pas abandonner et de toujours aller de l'avant. Paolo Di Paolo a écrit un roman juste et touchant où chacun se retrouvera à travers sa propre expérience et qui mêle histoire personnelle et histoire universelle avec, en plus, une belle écriture précise. Une jolie découverte !

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