samedi 14 mars 2015

[Série TV] : Fortitude de Simon Donald

Et si on parlait un peu séries télé sur le blog ? Je viens de découvrir Fortitude, une série britannique réalisée par Simon Donald et dont le premier épisode a été diffusé le 29 janvier 2015 sur Sky Atlantic.



Fortitude est le nom d'une petite ville au cœur de l’Arctique : 713 habitants et 3000 ours polaires. Autant dire qu'il vaut mieux prendre son fusil avec soi quand on part se balader aux alentours. Parlons-en des ours d'ailleurs : la toute première scène du pilote est assez sanglante et  montre, de loin heureusement, un ours dévorant un homme encore vivant. Henry Tyson, incarné par Michael Gambom (oui Dumbledore), qui passait par là, se loupe un peu en voulant abattre l'ours avec son fusil, puisqu'il tire dans le pauvre homme, qui meurt sur le coup. Mais, Dan Andersen, shérif de Fortitude, qui, comme par hasard, se trouvait déjà sur les lieux, convainc Henry de partir et de ne rien dire. 

Trois mois plus tard, la gouverneur Hildur Odegard, jouée par Sofie Gråbøl (l'héroïne aux fameux pulls en laine de la série The Killing) souhaite construire un hôtel dans un glacier près de Fortitude pour attirer les touristes. Mais le professeur Charlie Stoddart, qui devait lui remettre un rapport autorisant la construction, hésite au nom de la science. Car un homme a tenté de lui vendre la carcasse de ce qui pourrait être un mammouth : et si d'autres carcasses existaient encore dans le glacier ? Alors qu'Hildur vante, auprès des possibles investisseurs dans la construction de son hôtel, la tranquillité de la vie à Fortitude, l'endroit le plus sûr du monde, le professeur Stoddart est assassiné, non pas par un ours comme on aurait pu le croire étant donné ses blessures. C'est Vincent Rattrey, un autre scientifique venu à Fortitude pour étudier le comportement étrange des animaux, qui découvre le corps. Il devient ainsi le premier suspect pour le shérif Andersen, qui comme par hasard se trouvait encore sur les lieux du crime avant l'arrivée de Vincent. Arrive alors de Londres, l'inspecteur-chef Eugene Morton, pour faire la lumière sur les récents événements. Autant dire que le shérif Andersen n'est pas pas, mais alors pas du tout, content de voir un étranger enquêter à Fortitude.

Ajoutons à la trame principale d'autres personnages, une histoire d'amour et d'adultère, un enfant mystérieusement malade après une balade dans l'arctique, et on obtient une série qui s'annonce plutôt bien après avoir vu le pilote.

Fortitude  se veut thriller psychologique, mêlant angoisse et (légère) horreur, le tout dans une petite communauté, dans les magnifiques paysages de l'Arctique. Bon en fait, elle a été tournée principalement en Islande, pour l'extérieur, mais ça reste beau et dépaysant malgré tout ! Reste à savoir si la suite sera à la hauteur du pilote, mais ça me semble bien parti. 

La bande-annonce : 


Quelques photos :

Eugene Morton, Hildur Odegard, shérif Dan Andersen © Sky Atlantic 
Henry Tyson © Sky Atlantic



lundi 9 mars 2015

L'enfance politique de Noémi Lefebvre

Martine est retournée vivre chez sa mère et passe ses journées au lit à fumer et regarder des séries. Elle a visiblement subi un traumatisme, qu'elle cherche à oublier et dont on ne connait vraiment la nature qu'à la fin, et qui l'a poussée à abandonner sa vie d'avant, son travail et ses enfants pour se réfugier chez sa mère. Commence alors une longue introspection où Martine livre des morceaux d'elle-même et raconte son séjour chez sa mère et à l'hôpital psychiatrique où elle est internée après une tentative de suicide.

"Parfois je me disais allez c'est l'heure mais je ne savais pas quelle heure il pouvait être alors c'était trop tard et je me rerendormais et ça recommençait, je me reréveillais et je me redisais allez debout mais je restais au lit dans l'ambiance d'une série, ça m'évitait de penser à ce que je ne pouvais pas et je ne pensais pas à ce qui s'est passé, dont je ne me souviens pas."

L'enfance politique se présente sous la forme d'un long monologue, constitué de courts paragraphes qui s'enchainent rapidement et où Noémie Lefebvre exerce tout son talent en jeux de mots et associations d'idées : "J'y pensais, parfois, au sens de servir mais je ne me servais pas de cette pensée pour y penser et ça ne servait à rien d'y penser comme ça, sans que ma pensée serve." Si j'ai trouvé au début que l'exercice d'écriture était intéressant, le style est quand même devenu rapidement assez lassant et creux, et je n'ai pu terminer ma lecture qu'à petites doses, en lisant quelques paragraphes par-ci, par-là.

L'idée du roman était pourtant intéressante : Martine s'interroge sur sa relation complexe avec sa mère. Les dialogues retranscrits par Martine entre sa mère et elle sont d'ailleurs parfois drôles et émouvants. Martine cherche les raisons de son malaise actuel. Est-ce lié à son histoire familiale, son père qui a fait la guerre d'Algérie sans jamais en parler, ou sa mère qui a passé son enfance dans un orphelinat de bonnes sœurs sous Pétain ? Peu à peu, Martine va plus loin dans ses réflexions : et si son traumatisme venait de la société elle-même, une société dite politique, de guerres, violences et barbaries ?

"Je me demande si l'histoire de ma mère dans la guerre de son enfance ne m'aurait pas conditionnée à subir quelque petite violence de dessous les fagots.
Je me demande si les abus politiques sont transmis par la mère ou transmis par la guerre.
Si ce legs de souvenirs dont ma mère ne se souvient pas ne serait pas mon héritages indivis.
Je me demande si la nation n'y est pas pour quelque chose."

Mais, toutes ces considérations pseudo-psychologiques sur la violence d'une société dite civilisée m'ont perdue en route, et j'avoue avoir eu du mal à finir ce roman avec son style répétitif et vain. Quel dommage !

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mercredi 4 mars 2015

Vivre vite de Philippe Besson

Avec Vivre vite, Philippe Besson tente un pari difficile : faire revivre James Dean à travers une biographie romancée, un roman choral donnant la parole aux personnes, célèbres ou inconnues, qui ont connu l'acteur. De l'enfance à la mort brutale suite à un accident de voiture, Philippe Besson dresse un portrait intime d'un jeune garçon de l’Indiana devenu star et symbole de toute une jeunesse.

C'est d'abord la mère de James Dean qui prend la parole, mais on croise, dans de courts chapitres, James Dean lui-même, son père, son oncle et sa tante, ainsi que ses professeurs de théâtres, agents, ami(e)s, petit(e)s ami(e)s, réalisateurs et acteurs, dont Elia Kazan, Natalie Wood, Elizabeth Taylor, Sal Mineo... Tous ou presque s'accordent à dire que James Dean ne payait pas de mine à première vue : terriblement myope, il a aussi toujours l'air fatigué grâce à de grosses insomnies qui l'ont suivi toute sa vie. Mais, quand il joue sur scène ou devant la caméra, il se révèle. Philippe Besson évoque son incroyable gentillesse, sa personnalité tourmentée et lunatique, sa bisexualité, sa passion pour la vitesse, sa sensibilité extrême, son "caractère de cochon"... Un portrait tendre mais qui n'épargne pas les mauvais côtés !

Malheureusement, je suis restée sur ma faim avec Vivre vite. Les courts chapitres s'enchaînent et la vie de James Dean défile à toute vitesse. Le fait de donner la parole à toutes ces personnes qui ont connu James Dean et qui partagent avec le lecteur leur point de vue, leur ressenti donnent un aspect assez décousu au roman, ce qui fait que j'ai eu du mal à y entrer complètement. Côté style, je n'ai pas grand chose à dire, l'écriture de Besson est classique et agréable.

Au final, moi qui aime beaucoup James Dean, j'ai apprécié lire ce roman centré sur lui mais je regrette un certain manque de densité et de profondeur. Vivre vite reste un bon moyen de faire connaissance avec James Dean et surtout donne très envie d'aller (re)voir les trois films qui ont fait de lui une star intemporelle.