lundi 30 mai 2011

Le Goût des pépins de pomme de Katharina Hagena

Le Goût des pépins de pomme est le premier roman de Katharina Hagena, écrivaine allemande née en 1967. Il a été publié en France en janvier 2010 aux éditions Anne Carrière, puis en avril 2011 au Livre de Poche.

Iris, bibliothécaire, se rend à l'enterrement de sa grand-mère, Bertha, et apprend, à son grand étonnement,  qu'elle a hérité de la maison familiale. Lors de son séjour, elle se remémore les vacances passées dans cette maison, avec sa cousine Rosemarie, morte à 16 ans et son amie Mira. Dans cette maison, ont aussi vécu Bertha et sa soeur Anna, et les trois filles de Bertha, Christa (la mère d'Iris), Inga et Harriet.

Ce roman raconte l'histoire de trois générations de femmes, de la grand-mère Bertha à la petite-fille Iris. C'est un roman très mélancolique sur la mémoire et l'oubli, Bertha perdant peu à peu ses souvenirs jusqu'à ne plus savoir comment marcher. C'est surtout l'histoire d'une vieille maison, presque vivante, qui craque et qui gémit, une maison comme on aimerait en avoir, avec des dédales de pièces et un jardin magnifique, laissé à l'abandon et qui pourtant survit. Dans cette maison, planent des secrets et des mystères : le mot "nazi" écrit sur le mur du poulailler, la mort obsédante d'une jeune fille, les cahiers de poésie du grand-père retrouvés, l'adultère dévoilé. les groseilles rouges qui deviennent blanches à jamais en une nuit... Quelque chose de mystérieux, voire  de surnaturel, imprègne les personnages : Inga envoie sans cesse des décharges électriques au moindre contact, Mira ne porte que du noir, Rosemarie, pleine de vie, meurt à seize ans...

C'est un beau roman que livre ici Katharina Hagena, dont la qualité principale réside, pour moi, dans les longues descriptions de cette maison et son jardin, englobant tout le récit. J'ai également aimé les histoires de Bertha, d'Inga et de Rosemarie. J'ai moins aimé le personnage principal, Iris, dont l'histoire d'amour, très convenue, avec Max, frère de Mira, qu'elle retrouve à l'enterrement de sa grand-mère, n'a pas réussir à faire chavirer mon cœur. C'est un roman sur le passé, écrit avec beaucoup de nostalgie, et le présent paraît alors bien pâle à côté.

Extrait :

Autrefois, nous nous installions souvent là, Rosemarie, Mira et moi. Quand nous étions encore toutes petites, c'étaient les secrets cachés sous les dalles qui nous attiraient, plus tard ce fut le soleil couchant. Cet escalier extérieur était un lieu merveilleux. Il appartenait tout à la fois à la maison et au jardin. Il était pris d'assaut par un rosier grimpant, et quand la porte d'entrée restait ouverte, l'odeur des pierres du vestibule se mêlait au parfum des roses. L'escalier n'était ni en haut, ni en bas, ni dedans, ni dehors. Il était là pour assurer en douceur mais avec fermeté la transition entre deux mondes. (p.111, Livre de poche)


vendredi 27 mai 2011

Le Bureau des chats de Miyazawa Kenji

Miyazawa Kenzi est un poète né au Japon en 1896. Il est l'auteur de nombreux poèmes, contes et essais dont la valeur n'a été (re)connue que bien après sa mort, en 1933, et qui font de lui un des auteurs les plus lus au Japon. En France, la plupart de ses écrits ont été publiés par Le Serpent à plume.

Le Bureau des chats est un petit recueil de cinq contes, écrits vraisemblablement à partir de 1918, et publiés, pour certains, à partir de 1934.

Les Jumeaux du ciel raconte l'histoire de Chun et Pô qui, toutes les nuits, accompagnent à la flûte la Ronde des Étoiles. Dans le premier chapitre, les jumeaux assistent à la bataille du Corbeau et du Scorpion. Dans le second chapitre, les jumeaux sont trompés par la Comète, surnommée la Baleine du Ciel, qui leur joue un vilain tour.

L'araignée, la limace et le blaireau sont trois grands champions et rivaux, mais de quoi au juste ?

Le Bureau des chats : fantaisie autour d'une petite mairie met en scène quatre chats qui travaillent au "Sixième Bureau des chats, dont la principale activité consistait à faire des recherches sur l'histoire de ces félins ainsi que sur la géographie". L'un deux, Kama, parce qu'il est "différent", subit les moqueries et méchancetés de ses collègues.

Dans La Vigne sauvage et l'arc-en-ciel, un arbuste loue la beauté d'un arc-en-ciel.

Enfin, Le faucon de nuit devenu étoile, est un oiseau laid et faible, moqué par les autres oiseaux et menacé par le Faucon qui veut l'obliger à changer de nom.

N'ayant jamais lu ou presque de littérature japonaise, je découvre ici un univers différent, onirique et majestueux, parsemé de pointes d'humour et surtout, un univers d'inspiration bouddhique, que l'on ressent dans l'amour et la compassion pour toutes formes de vie (animaux, plantes ici) qui émerge de ce recueil. On y retrouve la question du bien et du mal, de la discrimination et de la religion.. Dans cet univers, la nature, le ciel et les étoiles sont omniprésents.

Extraits :

Si les autres chats sont de naissance blancs, tigrés ou autres, il n'en va pas de même des chats bistre qui ont le museau et les oreilles noirs de suie (ils ont en effet l'habitude de dormir dans les fourneaux de cuisine). On désigne sous le nom de kama ces chats qui ont plutôt l'air de blaireaux que de chats, sans qu'il soit possible de préciser la raison de cette ressemblance. (Le Bureau des chats, p.60)

Regardez là-bas le ciel de ce beau vert diapré de malachite. Bientôt le soleil passera, et lorsqu'il s'enfoncera dans les montagnes, l'horizon prendra la couleur des pétales d'onagre. Avant peu, les nuances terniront et céderont la place au reflet argenté du crépuscule. Puis viendra la nuit émaillée d'étoiles. Où serais-je alors ? Les belles collines que j'ai maintenant sous les yeux, les prairies se dégradent, puis s'effondrent. (La Vigne sauvage et l'ar-en-ciel, p.80)

Ces extraits sont issus de l'édition Picquier poche. Vous pouvez lire le début de Les Jumeaux du ciel sur le site des éditions Picquier.
Plus d'informations sur Miyazawa Kenji ici.

mercredi 25 mai 2011

Mes parents d'Hervé Guibert

Dans le cadre du challenge "Année de naissance" organisé par Sabbio, j'ai lu Mes parents d'Hervé Guibert, paru en 1986. 

Hervé Guibert est né le 14 décembre 1955 à Saint-Cloud. Il est connu pour ses récits mêlés de fiction et d'autobiographie et a publié son premier livre, La Mort propagande en 1977. Il a également publié de nombreux articles sur la photographie, mais aussi la vie culturelle et française des années 1980 (critiques de cinéma, festival de Cannes, théâtre, musique, opéra...). Ces articles ont été réunis dans deux recueils : La photo, inéluctablement (photographie) et Articles intrépides (vie culturelle), tous deux parus aux éditions Gallimard dans la collection "Blanche". Hervé Guibert est aussi photographe (plusieurs recueils de ses photographies ont été publiés) et scénariste (il reçoit en 1984 le César du meilleur scénario original pour L'homme blessé).
Homosexuel, on retrouve dans ses écrits la présence des hommes qui ont marqué sa vie, mais également de sa famille, notamment ses parents et ses grand-tantes, Suzanne et Louise. En 1988, Guibert apprend qu'il est atteint du sida et meurt à 36 ans, 14 jours après une tentative de suicide, le 27 décembre 1997. 

Mes parents débute, en 1983, avec la grand-tante Louise, qui, se sentant mourir, se met à faire le ménage dans ses papiers et à brûler les plus compromettants. Guibert interroge alors ses deux grand-tantes et apprend que sa mère aurait commis une infamie. C'est ainsi que le secret du mariage des parents de Guibert est dévoilé. A partir de là, il enchaîne chronologiquement le récit de souvenirs marquants, de sa naissance à la maladie de sa mère, des années plus tard. On a donc une suite de paragraphes plus ou moins longs, parfois très courts dans lesquels il évoque ses premières amours, les vacances familiales, les dîners etc..,  soit des scènes de famille, souvent teintées d'érotisme.

Mes parents est un récit éclaté, dans lequel Hervé Guibert reprend, réinvente ou reconstruit  ses souvenirs d'enfance. Environ un tiers du livre est constitué de pans entiers de son journal qu'il reproduit : "A partir de 1979, mes parents occupent à peu près un cinquième de mon journal. Je vais recopier ici les passages  qui les concernent, rajoutant entre eux les épisodes qui sur le moment m'ont fait défaut." (p.120). La relation qu'il entretient avec ses parents est compliquée, mêlée de haine et d'amour, presque malsaine. Guibert laisse libre court à ses fantasmes : son père se superpose souvent à l'image de ses amants, et Guibert se surprend à souhaiter la mort de sa mère.

J'aime l'écriture de Guibert, franche et directe, que j'avais découvert avec L'Image fantôme (éditions de Minuit). J'avais ensuite enchaîné avec Suzanne et Louise, un recueil de photographies et de fac-similés de textes manuscrits consacrés à ses grand-tantes. Dans Mes parents, j'ai particulièrement aimé le récit de ses premières amours, ses souvenirs d'école (les billes et le papier crépon) et l'évocation de la relation torturée qu'il a avec ses parents. J'ai  moins aimé les descriptions crues d'actes sexuels et la morbidité quasi omniprésente dans Mes parents. Je lirai volontiers, mais plus tard, car ce livre m'a marqué, d'autres livres d'Hervé Guibert.


Extraits : 

Elle [Louise] me demande : "Tu aimes ta mère ?" Bien sûr je ne réponds pas. "Alors tu ne dois pas savoir, dit-elle, ta pauvre mère est si malade, je ne peux pas lui faire ça." Je lui dis que l'imagination est toujours plus horrible que la vérité. "Alors imagine que ta mère est un démon, un vampire, un succube", me dit-elle. (p.13) 

Elle [Suzanne] me dit : "Alors c'est toi qui écriras ce livre sur l'infamie que je n'ai pas pu écrire." (p.13) 

L'été 76 je passe un été terrible avec mes parents à Porquerolles : je suis atrocement amoureux de T. que j'ai connu six mois plus tôt et qui, après trois mois de relations ardentes, a décidé affectueusement mais fermement de les interrompre. Il m'écrit de temps en temps et les lettres que moi je lui écris deviennent si nombreuses et si torturées que je n'ai plus qu'à les faire passer sur un cahier. [...] Le cahier aux lettres d'amour est devenu un livre édité par Régine Deforges : La Mort propagande. (p.108-109)

Mes rapports avec mes parents se sont réduits à des formules d'attentions, de craintes, d'inquiétudes réciproques. Je suis d'une froideur extrême avec eux, ils n'osent même plus me poser de questions. Mais je pense : les laisser juste me voir, et toujours vivant, est le plus grand don - le seul - que je puisse leur faire. (p.120)

 
Les extraits sont issus de Mes parents d'Hervé Guibert chez Folio.


Pour plus d'informations sur Hervé Guibert et sur son œuvre littéraire et photographique, visitez le site http://www.herveguibert.net/

lundi 23 mai 2011

Le noyau d'abricot et autres contes de Jean Giono

Les éditions Grasset viennent de publier quatre contes inédits de Jean Giono, auteur bien connu du Hussard sur le toit ou encore Un roi sans divertissement. Ce petit recueil regroupe Le noyau d'abricot, Le buisson d'hysope, Le prince qui s'ennuyait et La princesse ayant envie..., préfacés par Mireille Sacotte.

Le noyau d'abricot raconte l'histoire du djinn Nûr, transformé en noyau d'abricot par Paquette, "la dolente amoureuse dont il s'était jadis moqué la barbouillant de brou de noix un jour qu'il l'avait prise après le bain".

Dans Le buisson d'hysope, Giono imagine une légende sur l'origine des oliviers de Provence.

Enfin, dans les deux derniers contes, très courts, un prince se retrouve pour son malheur sur le chemin d'une fée et une princesse goûte à de merveilleux grains de raisins.

Il s'agit d'écrits de jeunesse de Giono, rédigés au début des années 1920. J'ai retrouvé avec plaisir son écriture poétique, au fort pouvoir évocateur, très proche de la nature et propice à susciter la rêverie, que j'avais aimé dans son premier roman Naissance de l'odyssée, une belle réécriture de l'Odyssée d'Homère. On y retrouve l'amour de la nature, de la Provence et c'est donc Le Buisson d'hysope qui m'a le plus séduite. Ces contes, imprégnés d'Orient, s'inspirent également des Mille et une Nuits. Ils se lisent très vite, même si l'on peut parfois buter sur le vocabulaire très riche, de Giono aux mots et expressions parfois inconnus (notamment en botanique).

Je ne peux que vous inviter à lire ces contes et, si vous avez apprécié, à enchaîner sur la Naissance de l'Odyssée, si ce n'est déjà fait.

Extrait :
 
"J'étais, petite graine, au milieu d'un bouquet pendu à la porte d'une cabane, dans un pays au-delà des mers. Et voilà que, le soir, à l'heure où le soleil fait flamber de froides flammes rouges à travers  les cèdres, un homme passa sur le seuil. Son turban heurta le bouquet de fleurs violettes et je tombai sur la pierre. La nuit vint ; la main molle du vent me prit et m'emporta." (Le Buisson d'Hysope p.47)

Le noyau d'abricot et autres contes, publié aux éditions Grasset en mai 2011.

vendredi 20 mai 2011

Journal de Berlin d'Alona Kimhi

Alona Kimhi est née en 1966 en Ukraine et a émigré en Israël quelques années plus tard. Elle a d'abord été actrice, puis a commencé à publier des pièces de théâtre en 1993, et enfin un premier recueil de nouvelles, Moi Anastasia en 1996, dont Journal de Berlin est extrait, et qui a reçu un prix en Israël. En 1999, elle publie son premier roman, Suzanne la pleureuse puis en 2004, Lily la tigresse, tous deux salués par la critique internationale.Alona Kimhi est ainsi devenue une représentante de la jeune littérature israélienne.

Dans Journal de Berlin, Gali est une jeune obèse dépressive, internée dans un hôpital psychiatrique, qui trace le portrait des autres patients, des infirmiers, et des docteurs. Elle relate les journées passées dans le service, les cachets à prendre, les séances d'électrochocs, les conversations avec les autres patients... Le récit est entrecoupé d'extraits de son "Journal de Berlin", issu d'un cahier caché dans sa chambre et écrit lors d'un séjour à Berlin avec son frère Alon, séjour dans lequel elle a rencontré Jay, un Irlandais, dont elle est tombée follement amoureuse.

Cette longue nouvelle laisse le temps de développement nécessaire pour la profondeur du personnage principal et recrée une atmosphère particulière au sein du service psychiatrique. Atmosphère différente à Berlin, où l'on trouve l'amour mais aussi la drogue et le début de la dépression. Alona Kimhi a une écriture tranchante, incisive, elle ne mâche pas ses mots (et ses gros mots). Gali n'est pas franchement sympathique et pourtant, on s'y attache au fur et à mesure que l'on suit sa lente mais certaine déchéance, quand elle choisit de se replier sur elle-même, de continuer à se détester et de laisser la dépression l'envahir.

Avez-vous déjà lu des livres de Alona Kimhi ? Je pense me laisser rapidement tentée par Suzanne la pleureuse, dont j'ai lu de bonnes critiques et qui raconte avec humour l'histoire d'une femme qui pleure tout le temps et sans raison.


Extrait de Un Journal de Berlin :
Ce qui me fait le plus rire dans le service est que les gens ont des noms de chose. C'est affreux comme ça les rend susceptibles. Ceux qui sont hospitalisés ici, moi je les appelle des fous. Carrément. Fous. Comment veulent-ils que je les appelle ? Des patients ? Des malades ? Des internés ? Ça me rend dingue, ces noms monstrueux. (p.9-10)

Ce que je préfère dans le service c'est son nom : dispensaire de soins de la dépression. Non pas un de ces noms repoussants, "service psychiatrique", ou "maison de fous" comme on le disait chez nous quand j'étais petite. D'ailleurs, je suis persuadée que le nom fait une différence quantitative chez les fous. (p.29)

Les extraits sont issus de Un Journal de Berlin dans la collection Folio 2 euros.

mercredi 18 mai 2011

[Challenge Françoise Sagan] 2 : Des bleus à l'âme

Publié en 1972, Des bleus à l'âme est un récit de Françoise Sagan qui alterne autobiographie et fiction.

Côté fiction, c'est l'histoire de Sébastien et Éléonore Van Milhem, frère et sœur suédois, la belle quarantaine, qui se retrouvent sans le sou à Paris. Ils sont aussitôt pris en charge par Robert, un ami impresario, et Nora, une riche américaine. Leur beauté et leur charme vont leur ouvrir facilement les portes des diners mondains, restaurants et boites de nuit et nous suivons leur vie oisive et insouciante à Paris.

Côté autobiographie, Françoise Sagan se livre, avec une pointe de dérision et d'ironie, en évoquant sa vie frivole et mondaine, ce "fameux petit monde saganesque où il n'y a pas de vrais problèmes" (p.52), son "monde oisif et blasé". Elle y parle aussi de son travail d'écriture et on suit, au jour le jour, parfois façon journal intime, l'écriture de l'histoire de ses Van Milhem.

Selon moi, c'est le côté autobiographique qui l'emporte, largement, sur la fiction. L'histoire des Van Milhem est sans cesse entrecoupée par les pensées de Sagan, et finalement, on apprend peu sur eux, on s'y attache beaucoup moins qu'à elle et à ses réflexions incisives sur sa vie, son œuvre et son époque "mesquine, sordide et cruelle" (p.65). Parfois légère, elle sait aussi être plus grave, quand elle évoque le suicide, la solitude, la dépression, la mort. J'ai également aimé les passages sur la réception de son œuvre, avec la présentation assez drôle des différentes catégories de lecteurs qu'elle a rencontrés.
Après avoir lu Bonjour tristesse, c'est avec plaisir que je retrouve Sagan dans un texte plus mature, et qui me pousse à en savoir plus sur elle. Je suis donc maintenant à la recherche d'une biographie, autobiographie, en livre ou film. Si vous avez des conseils, n'hésitez pas !

Quelques extraits :

"Je commence à tout mélanger, Éléonore et moi, et sa vie et la mienne, et c'est normal puisque c'est mon propos, comme le verra le fidèle lecteur s'il parvient au bout de ce texte bizarroïde." (p.112)

"Alors me direz-vous, pourquoi écrire ? D'abord pour des raisons sordides : parce que je suis une vieille cigale et que, si je n'écris pas pendant deux ou trois ans, je me fais l'effet d'une dégénérée." (p.75)

"D'ailleurs, c'est bien connu : ma signature au bas d'un manifeste fait plutôt frivole. On me l'a souvent reproché, tout en me ma demandant, d'ailleurs, cette signature, et je l'ai toujours accordée pour des raisons sérieuses. On ne m'a pas souvent prise au sérieux et c'est compréhensible. Mais il faut quand même penser qu'il m'était difficile, en 1954 (mon heure de gloire), de choisir entre les deux rôles qu'on m'offrait : l'écrivain scandaleux ou la jeune fille bourgeoise. Car enfin, je n'étais ni l'un ni l'autre." (p.64)

Les extraits sont issus de l'édition Livre de Poche Des bleus à l'âme, Françoise Sagan.
Lu dans le cadre du challenge Françoise Sagan.

lundi 16 mai 2011

[Challenge Année de naissance] : J'y participe !

Sabbio, du blog à l'ombre de mon Cannelier, a eu l'idée originale d'organiser un challenge "Année de naissance", qui consiste à lire des livres parus l'année de notre naissance.
Il y a trois niveaux :
- les timides : 2 à 4 titres
- les explorateurs : 5 à 9 titres
- les plus fous : 10 titres et plus


Pour nous aider dans le choix de nos lectures, il suffit d'aller sur le site de fluctuat.net et de faire une recherche par année de sortie.
J'ai donc découvert une liste non-exhaustive des titres parus en 1986 et je vous invite à aller découvrir ici. Il suffit ensuite de changer "1986" par votre année de naissance dans la barre d'adresses pour découvrir votre propre liste.

Pour l'instant, je m'inscris au niveau "timide" avec deux lectures prévues :

- L'Arrestation de Jean Anouilh (pièce de théâtre) : j'ai lu au collège Antigone du même auteur que j'ai adoré.
- Mes parents d'Hervé Guibert : un auteur que j'ai découvert à la fac avec L'Image fantôme et Suzanne et Louise.

Je me laisserai peut-être tenter plus tard par Dimanches d'août de Patrick Modiano. Je n'ai jamais lu Modiano mais je suis née le mois d'août, ce serait l'occasion.

Ce challenge se terminera le 31 décembre 2012. Plus d'informations et inscriptions ici et ici.

samedi 14 mai 2011

Une Américaine instruite de John Cheever

Une Américaine instruite est un mini-recueil de deux nouvelles de John Cheever publié chez Folio dans la collection 2 euros. Ce recueil se compose de Adieu, mon frère, suivi d'Une Américaine instruite.

Le titre et la 4e de couverture ne présentant que le deuxième texte, j'ai eu la surprise de découvrir chez moi qu'il s'agissait en fait d'une nouvelle et qu'elle était précédée d'une autre. Je ne lis pas souvent de nouvelles. Cependant, je ne connaissais pas du tout John Cheever et je pense que les nouvelles sont un bon moyen de découvrir un auteur, avant d'attaquer ses romans.

Il se trouve d'ailleurs que John Cheever est surtout connu pour ses nouvelles, et en a écrit plus de 200. Un de ses recueils, The Stories of John Cheever, publié en 1978, a même reçu le Prix Pulitzer de la fiction, en 1979. Cheever a également écrit des romans dont Les Wapshot, qui a reçu le National Book Award en 1958. On le surnomme "the Chekhov of the suburbs" (le Tchekhov des banlieues) puisqu'il a placé la plupart de ses écrits dans les banlieues américaines et s'est attaché à décrire la vie des classes moyennes et l'American way of life.

Adieu, mon frère, évoque les retrouvailles dans la maison familiale de trois frères, une sœur, leurs familles respectives et leur mère. Un des frères et narrateur de la nouvelle, raconte le retour du fils cadet, Lawrence, après 4 ans d'absence. Ce frère, si différent d'eux, méprisant et distant, va venir perturber les vacances familiales et provoquer des tensions, que seules les baignades répétées dans l'océan semblent apaiser...

La 4e de couverture résume assez bien la nouvelle intitulée Une Américaine instruite : Jill et Georgie Madison forment un couple heureux. Jill est une femme intelligente et cultivée que son mari soutient, aide et admire. Si elle rechigne aux tâches ménagères, arguant qu'elle a mieux à faire, Georgie le comprend parfaitement et prend volontiers en charge la maison. Jusqu'au jour où...

Extrait : "Ce n'est pas mon style de faire le ménage, avait décrété Jill, et il était assez intelligent pour voir ce que sa remarque avait de fondé ; assez intelligent pour ne pas attendre de son épouse qu'elle modifiât l'image de femme instruite qu'elle se faisait d'elle-même. C'était la source d'une grande partie de sa vitalité et de son bonheur." (Une Américaine instruite)

J'ai été un peu déçue de ces deux nouvelles dans lesquelles je n'ai trouvé les personnages ni attachants, ni intéressants. Le rebondissement n'arrive qu'à la toute fin et je me suis surprise à me demander à plusieurs reprises où l'auteur voulait-il en venir. Bref, il ne se passe pas grand chose sauf à la fin (notamment dans la deuxième nouvelle) et bien que les nouvelles soient courtes, je me suis presque ennuyée. Est-ce le format même de la nouvelle auquel je serais hermétique ? J'ai pourtant déjà lu des nouvelles sans m'ennuyer une seconde. Peut-être est-ce aussi la vie de ces américains, auxquels je ne me suis pas identifiée, qui n'a pas provoqué d'écho en moi ?

Cette première entrée dans l'œuvre de John Cheever est donc une petite déception.  Je vais peut-être me laisser quand même tenter par l'un de ses romans, par exemple Les Wapshot, qui est à la fois un journal intime et une chronique familiale d'un homme qui voit ses fils quitter leur petite ville provinciale pour les grandes villes. L'avez-vous déjà lu ?

Une Américaine instruite de John Cheever, Folio 2 euros. Les deux nouvelles sont extraites du recueil Déjeuner de famille publié en 2007 aux éditions Joëlle Losfeld.

mercredi 11 mai 2011

[BD] Autobriographie d'une fille GAGA de Diglee

La semaine dernière, j'évoquais mon envie de lire l'Autobiographie d'une fille GAGA par l'illustratrice Diglee et ça y est, quelqu'un me l'a offert et j'ai pu le lire avec plaisir ce week-end, entre farniente, films, lectures diverses, cuisine...

Maureen Wingrove, lyonnaise de 23 ans, est illustratrice dans la presse féminine, l'édition et la publicité. Elle tient un blog BD depuis plusieurs années et c'est en 2011 que sort cet album qui reprend des dessins publiés sur son blog, qu'elle a elle-même refaits pour l'occasion.

Maureen, alias Diglee, a une sœur, une B.B.F. (Best Friend Forever), un copain, des chats, des tas et des tas de chaussures, est fan de Lady Gaga et de séries TV, est à la recherche du M.P.F. (Mec Parfait Fictif), bref est une fille dans tous ses états. Elle évoque ses humeurs, des souvenirs d'enfance, des situations toutes plus drôles les unes que les autres dans lesquelles elle se retrouve. On assiste à un concert de Lady Gaga, une rencontre avec Margaux Motin, des chorégraphies délurées, des soirées entre filles, une déclinaison de tenues folles et excentriques...

On se reconnait volontiers dans ces histoires (oui pour moi aussi Larry d'Ally McBeal, c'est le M.P.F.) et la lecture est un vrai régal. L'album lui-même est beau - magnifique couverture cartonnée d'un orange pétant et papier de qualité - et fait honneur aux dessins de Maureen Wingrove. Seul reproche, l'album se lit très, très vite, j'en veux encore !

L'Autobiographie d'une fille GAGA de Diglee est publié aux éditions Marabout dans la collection Marabulles.

Son blog à lire absolument : http://diglee.com/

lundi 9 mai 2011

[Lecture commune] : Un Sang d'aquarelle de Françoise Sagan



Je participe à la lecture commune, lancée par le blog Delphine's books, de Sang d'Aquarelle de Françoise Sagan.

Ça y est j'ai enfin récupéré le livre ! La librairie, située à deux pas de chez moi, est livrée uniquement le vendredi. Il n'était pas en stock alors j'ai dû le commander et attendre le vendredi suivant pour l'avoir dans les mains.

Le résumé de l'éditeur : Paris, 1942. Constantin von Meck, metteur en scène allemand qui a fait l'essentiel de sa carrière à Hollywood, tourne un film pour la U.F.A. Il ironise sur ses compatriotes, s'insurge contre les brutalités policières, tente de sauver deux techniciens juifs, est révolté par une scène de torture, mais il ne remet fondamentalement en cause ni l'Allemagne nazie, ni la collaboration, ni sa propre attitude. Il aime la vie et les femmes - surtout la sienne, la belle Wanda. Il aime les hommes, les personnages extravagants et le rire. Séduisant, bruyant, drôle lui-même, il avoue pourtant avoir du «sang d'aquarelle». Il lui faudra la révélation de l'horreur devant laquelle, d'abord, il recule pour affronter finalement son destin, au terme d'une existence placée sous le double signe de la comédie et de la tragédie.

Quelques mots sur l'auteur : Françoise Sagan est née en 1934 à Cajarc. Son premier roman, Bonjour tristesse, publié en 1954 aux éditions Julliard, déclenche un scandale en partie car il évoque la sexualité libre d'une jeune fille, presque femme, et hors mariage. En 1957, elle est victime d'un grave accident de voiture et soigné avec un dérivé de la morphine dont elle deviendra rapidement dépendante. Françoise Sagan est connue pour avoir eu une vie mouvementée, entre alcool et drogues, ponctuée d'engagements politiques (guerre d'Algérie, pro-avortement) et a écrit une trentaine de romans, mais aussi des pièces de théâtre, des scénarios, des nouvelles. Elle défraie la chronique dans une affaire de fraude fiscale en 2002, en sort ruinée avant de mourir en 2004 à Honfleur.

J'ai hâte de commencer la lecture d'Un Sang d'aquarelle, car la 4e de couverture est alléchante. Il a été écrit en 1987, soit 23 ans après Bonjour tristesse, que je viens de terminer, et je me demande comment a évolué le style de Françoise Sagan.

Plus de détails sur la lecture commune ici et sur Françoise Sagan.

samedi 7 mai 2011

[Challenge Françoise Sagan] 1 : Bonjour tristesse

Dans le cadre du challenge Françoise Sagan, j'ai commencé ma lecture par le premier roman de l'auteure, publié en 1954.

Cécile, 17 ans, passe les vacances d'été dans une villa du sud de la France. Insouciante, malgré son échec au baccalauréat, elle profite du soleil, de la chaleur et de la mer, en compagnie de son père, Raymond, âgé de quarante ans et grand amateur de femmes jeunes et belles. Elsa, demi-mondaine et récente conquête de son père les accompagne dans leur séjour. Cela fait deux ans que Cécile vit avec son père, après des années en pension, elle découvre la vie et les soirées mondaines et voit passer les nombreuses femmes séduites par son père. L'été s'annonce calme et Cécile fait la connaissance de Cyril, beau jeune homme de 26 ans. L'arrivée d'Anne va venir bouleverser leur tranquillité. Anne est une ancienne amie de la mère de Cécile, du même âge que son père, elle est belle et intelligente, bien au-dessus des distractions mondaines de Cécile et son père. Face à elle, Elsa apparaît bien pâle, et son intelligence bien moindre comparée à la distinction d'Anne. Raymond se détourne rapidement d'elle, jusqu'à annoncer son mariage avec Anne. Cécile voit dans ce mariage la fin de sa vie insouciante avec son père et le début du règne d'Anne. Elle va alors échafauder un plan pour faire disparaître Anne de leur vie...

Bonjour tristesse est un livre bref, mais intense, un de ces livres qui nous empêche de le quitter avant d'être arrivé à la fin. Dès le début, on est accroché par le style simple mais délicat, riche de Françoise Sagan.

"Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. C'est un sentiment si complet, si égoïste que j'en ai presque honte alors que la tristesse m'a toujours paru honorable. Je ne la connaissais pas, elle, mais l'ennui, le regret, plus rarement le remords. Aujourd'hui, quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres."

Le personnage de Cécile entretient des sentiments ambigus vis à vis d'Anne, elle l'admire et en a peur, paraît la détester et pourtant l'aime. Elle est attachée à sa vie facile qu'elle partage avec son père. Anne intervient pour la remettre dans le droit chemin et la force à travailler la philosophie, enfermée dans sa chambre en plein été, et juge incorrecte sa relation avec Cyril, et son père s'écrase devant elle ! Sa rancœur la pousse alors à mettre au point un plan diabolique, dont elle entrevoit les conséquences éventuellement néfastes, et pourtant elle ira jusqu'au bout. Car à maintes reprises, elle aurait pu stopper cette machination, et moi lectrice, j'ai envie de lui crier "Mais pourquoi n'arrêtes-tu pas tout là, avant qu'il ne soit trop tard ?".

Bonjour tristesse, c'est aussi la découverte du désir, la première expérience sexuelle, le passage à l'âge adulte d'une jeune fille de 17 ans.

Bonjour tristesse de Françoise Sagan, aux éditions Pocket, adapté au cinéma par Otto Preminger en 1958.
Lu dans le cadre du challenge Françoise Sagan.

jeudi 5 mai 2011

[BD] Je veux lire...

Autobiographie d'une fille GAGA de Diglee : C'est par son blog BD que j'ai connu Diglee, de son vrai nom Maureen Wingrove. J'aime beaucoup son style girly, ses histoires drôles de fille toute simple, sa manière de raconter les situations dans lesquelles elle se retrouve. Elle regroupe enfin dans son livre certains billets parus sur son blog.
Sorti en janvier 2011 aux éditions Marabout

Son blog : http://diglee.com/
Les billets que j'ai particulièrement bien aimés : le top 3 de ses hontes sentimentales



Notes : le petit théâtre de la rue de Boulet : J'ai dévoré le tome 1 de ces Notes et attends avec impatience de pouvoir lire le tome 2. Boulet reprend les notes de son blog existant depuis 2004 dans une série de tomes publiés chez Delcourt et en ajoute également des inédites. Il y a déjà 5 tomes de ces Notes, j'ai du retard...
Sorti en janvier 2009 chez Delcourt

Son blog : http://www.bouletcorp.com/blog/
Un billet que j'ai particulièrement bien aimé (2004, tome 1) : ses déboires avec la SNCF

Les avez-vous déjà lus ? Connaissez-vous leurs blogs ?

mercredi 4 mai 2011

[Challenge Françoise Sagan] : J'y participe !

Pour mon premier challenge, j'ai choisi Françoise Sagan, une auteure que je n'avais jamais encore lue. Ce challenge a été lancé par Delphine's books et George

Il y a trois niveaux : 
Mini-challenger : 1 à 2 romans et/ou bio
Moyen-Challenger : 3 à 5 romans et/ou bio
Big-Challenger : + de 5 romans et/ou bio
et j'ai choisi le niveau moyen pour commencer !

Pour l'instant, voici mes lectures prévues : Bonjour tristesse, Sang d'aquarelle (également dans le cadre d'une lecture commune à laquelle je participe), Des bleus à l'âme.

Plus d'infos et inscriptions sur les blogs des organisatrices.

mardi 3 mai 2011

Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer

Jonathan Safran Foer a passé trois ans à recueillir des informations sur l'élevage industriel aux États-Unis, à rencontrer des éleveurs, des ouvriers travaillant dans les abattoirs, il a même visité clandestinement des fermes d'élevage industriel pour constituer un ouvrage compilant de données statistiques, de témoignages, de récits autobiographiques, tentant de répondre à la même question : faut-il manger les animaux ?. Cette question s'impose à lui après la naissance de son fils, le premier, et ce nouveau père se demande s'il doit donner à manger de la viande à son fils.

À la fin de son enquête, pas de suspense, J.S. Foer choisit le végétarisme. Il ne faut pourtant pas voir ce livre comme un plaidoyer pour le végétarisme, mais comme un réquisitoire contre les horreurs subies par les animaux des élevages industriels dès leur naissance, tout au long de leur "vie" et jusqu'à l'abattoir.

J'ai retenu de cet ouvrage :

- Que nous faisons subir l'enfer à ces animaux destinés à la consommation : dès leur naissance, ils sont mutilés (par exemple, on coupe le bec des poussins, les cornes des bœufs, on marque les animaux au fer), obligés à survivre dans des conditions atroces (manque d'espace, surpopulation, maladie, saleté, lumière superficielle, aucune sortie extérieure...), et que leur mort, supposée être leur délivrance, est parfois pire. En effet, le transport de ces animaux (volailles, ovins, bovins...) se fait dans des conditions insupportables, le trajet est long, sans eau ni nourriture, les animaux sont entassés dans des camions et manquent d'étouffer. Ceux qui survivent à l'arrivée à l'abattoir (un pourcentage important d'animaux meurent pendant le trajet, quantité négligeable pour les grands groupes d'élevage industriel), sont censés être endormis par les ouvriers avant leur mise à mort. En réalité, les techniques utilisées pour les rendre inconscients (plongée des volailles dans un bain d'eau électrique, étourdissement des bœufs en leur fracassant parfois le crâne) sont souvent inefficaces et l'animal, censé mourir sans souffrance, est pendu par les pieds et saigné alors qu'il est encore conscient.

- Que les élevages industriels ont des conséquences négatives sur la planète : pollution, disparition d'espèces (les techniques de pêche utilisées contribuent à la disparition d'espèces et perturbent l'écosystème)...

- Que les animaux des élevages industriels sont malades, débiles et bourrés d'antibiotiques. Ils vivent dans la chaleur et la lumière artificielles, qui vont permettre d'accélérer leur croissance, pour pouvoir les tuer plus vite. S'ils étaient relâchés, la plupart de ces animaux seraient incapables de survivre. Ils ne ressemblent plus aux animaux élevés naturellement (quand il en existe encore). Ce sont des "erreurs de la nature" créées par l'homme et pour sa consommation. Nous mangeons ces animaux malades.

- Que des enquêtes sont menées par les pouvoirs sur les conditions d'abattage des animaux, mais que les abattoirs sont généralement prévenus à l'avance. Malgré tout, des inspecteurs ont constaté des horreurs dans certains grands abattoirs américains : des ouvriers qui urinent sur les volailles, d'autres qui battent là mort les animaux. Si ces visites avaient lieu par surprise, que découvriraient ces inspecteurs ? 

- Qu'il existe encore des élevages respectueux du bien-être des animaux et des abattoirs s'attachant à tuer les animaux sans souffrance. Malheureusement, ils sont peu nombreux et font face à un certain nombre de difficultés. Il serait illusoire de croire que ces élevages seraient capables de nourrir l'intégralité de la population des États-Unis et puis du monde. Mais on peut agir, dans la mesure du possible, en faisant attention aux étiquettes de la viande que nous achetons et en refusant de donner de l'argent à l'élevage industriel.

La plupart de ces faits, nous les connaissons, mais nous faisons parfois le choix de les nier, de les oublier et de ne pas y penser. Bien que les végétariens soient statistiquement en meilleure santé que les "mangeurs de viande", Jonathan Safran Foer ne nous pousse pas à choisir le végétarisme. Il cherche à nous faire prendre conscience des faits réels. Certaines scènes violentes et sanglantes sont difficiles à lire et à déconseiller aux âmes sensibles. L'enjeu est de montrer que chacun peut agir à sa façon : devenir végétarien, manger moins de viande, manger de la viande hors élevage industriel etc. “Plus les gens découvriront ce qui se passe en zone de tuerie, moins ils mangeront de viande.

Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer est sorti en janvier 2011 aux éditions de l'Olivier.
Titre original : Eating animal (novembre 2009, Little, Brown and Company). 

Pour en savoir plus : le numéro 22 (mai 2011) tout juste sorti de Booksmag consacre son dossier à la question "Faut-il manger les animaux ?"  

dimanche 1 mai 2011

Un format ultra-poche : éditions.2 !

Vous l'avez peut-être remarqué, des nouveaux livres au format surprenant ont fait leur apparition dans les librairies. Il s'agit des éditions.2 (éditions point deux), filiale du Seuil, qui ont sorti des ouvrages littéralement de poche, au format 8 x 12 cm, à lire à l'horizontale, une nouvelle façon de penser le livre.


Ils tiennent dans une main, sont légers, souples et très maniables, et avec l'autre main, on remonte de bas en haut les pages.
Pour l'instant, peu de titres sont sortis (9 exactement) et aucun n'est inédit et mais j'attends avec impatience de nouveaux ouvrages que je n'ai pas encore lus ou qui m'intéressent, pour tester ce nouveau format. Je trouve le concept intéressant et séduisant, pratique pour la lecture dans les transports ou dans les trains (d'où la présence de ces ouvrages dans les Relay en gare).
Les livres sont vendus autour de 10-13 euros, ce qui est plus cher qu'une édition poche normale. Par exemple, Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer coûte huit euros chez Points et douze euros chez éditions.2. Mais bonne nouvelle, des inédits sont prévus !

Et vous, que pensez-vous de ce nouveau format ? Êtes-vous près à payer plus pour ce nouveau format ?

Pour plus d'informations (photos et vidéos), je vous invite à découvrir le site Internet des éditions.2 : http://www.editionspoint2.com/

 


Listes des titres déjà parus en avril 2011 : 
- La route, Cormac McCarthy 
-Tout est sous contrôle, Hugh Laurie 
- Extrêmement fort et incroyablement près, Jonathan Safran Foer 
(3 déjà lus)
- Chroniques de la haine ordinaire Pierre Desproges
- Le poète, Michael Connelly
- Ce cher Dexter, Jeff Lindsay
- La cinquième femme, Henning Mankell
- Des vents contraires, Olivier Adam
- Le sens du bonheur, Krishnamurti

À paraître en mai-juin 2011 : 
- La Cité des Jarres, Arnaldur Indridason
- Mort à la Fenice, Donna Leon
- Mensonge sur le divan, Irvin Yalom
- Du côté de chez Swann, Marcel Proust
- Les Visages, Jesse Kellerman
- Les Chutes, Joyce Carol Oates
- Patience dans l’azur, Hubert Reeves
- Le Nouveau Testament