mardi 28 février 2012

Prix des lecteurs Livre de Poche 2012 : bilan février + sélection de mars !

Nous voici arrivés à la fin du mois de février et il est temps de faire un bilan sur la première sélection littérature du prix des lecteurs - Livre de Poche. Comme indiqué ici, il s'agissait de lire quatre livres et d'élire mon préféré entre Le front russe de Jean-Claude Lalumière, La vengeance du wombat et autres histoires du bush de Kenneth Cook, Des gens très bien d'Alexandre Jardin et Bifteck de Martin Provost. Vous pouvez retrouver mes avis en cliquant sur les titres, sauf pour le roman d'Alexandre Jardin. En effet, je n'ai pas réussi à le terminer car j'ai trouvé l'histoire totalement égocentrique. Ou comment transformer un des plus grands drames de l'Histoire en petite tragédie personnelle. Bref, je n'ai pas beaucoup apprécié d'entrer dans la famille bourgeoise d'Alexandre Jardin et n'ai pas eu le courage et l'envie de faire un billet dessus.

Le choix est un peu difficile ce mois-ci, car je n'ai eu de coup de cœur pour aucun des livres lus. Si j'ai bien aimé l'originalité du roman de Martin Provost, j'ai trouvé qu'il finissait par se perdre dans une fable un peu obscure. Le Front russe était plaisant à lire, mais bourré de clichés et manquant un peu de profondeur. Quant aux nouvelles de Kenneth Cook, je n'ai pas été complètement séduite par l'humour. Finalement, après avoir hésité entre Bifteck et Le Front russe, je pense choisir ce dernier. 

Voici la sélection des livres à lire pour mars avec pour commencer une très bonne surprise :

Le Club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia dont je n'ai lu et entendu que du bien et que j'avais envie de lire depuis un moment déjà :

4e de couv' : Michel Marini avait douze ans en 1959, à l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres, qui avaient traversé le Rideau de Fer pour sauver leur peau, abandonnant leurs amours, leur famille, trahissant leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes. Il manifeste un naturel épatant pour développer une dispute à table, nous faire partager les discussions entre un Russe communiste et un Hongrois antistalinien.


Charlotte Isabel Hansen de Tore Renberg 

4e de couv' : Jarle Klepp, vingt-quatre ans, mène la vie insouciante d'un étudiant. Il a une exubérante maîtresse et de nombreux compagnons de beuverie chaque fin de semaine. Mais voici qu'à la suite d'un test ADN il se découvre père d'une enfant de sept ans, conçue lors d'une soirée très arrosée, à son lycée, quand il avait seize ans. Une catastrophe arrivant rarement seule, la mère, dont il se souvient à peine, lui envoie Charlotte Isabel pour une semaine, afin que celle-ci fasse enfin la connaissance de son papa. Ou comment une gamine de sept ans va amener pas mal d'adultes à grandir enfin !



Les bulles de Claire Castillon (recueil de nouvelles)

4e de couv' : Petite, je me croyais anormale ; Je suis ravie que tu fréquentes mon frère ; Mon mari ne me touche pas depuis des lustres, je ne vois pas pourquoi il me tromperait ; J'ai toujours su que j'étais la mère de mon neveu ; L'amour n'est pas un spectacle ; Si je meurs, pense à Hugues Aufray. Jamais à une fantaisie près, chacun ici vit dans sa bulle, à travers laquelle les images du monde parviennent déformées, fêlées, désespérées. À moins que, faisant office de loupe, celle-ci permette de mieux scruter certains détails troublants de vérité. Trente-huit nouvelles, trente-huit portraits décapants.


J'ai l'impression que cette sélection me conviendra mieux que celle de février, mais on verra bien ! Qu'en pensez-vous ? Avez-vous déjà lu certains de ces livres ?

vendredi 24 février 2012

Manabé Shima de Florent Chavouet

Manabé Shima est un recueil de croquis à la fois carnet de voyage et bande dessinée qui raconte le séjour qu'a fait Florent Chavouet sur cette petite île du Japon. Il y reste deux moi et  nous fait découvrir les paysages et les habitants de l'île ainsi que des petites scènes de vie quotidienne (parties de pêche, repas, fêtes traditionnelles...).

C'est le deuxième recueil de croquis de Florent Chavouet, qui, avec Tokyo Sanpo, s'attachait à décrire la Ville  (Tokyo). C'est pourquoi il a choisi pour son deuxième voyage au Japon d'aller découvrir un peu la "campagne" du Japon, soit une petite île peu touristique, dont la principale activité a été longtemps l'agriculture et maintenant la pêche.

Et c'est un vrai coup de cœur ! Les dessins sont superbes, drôles et émouvants à la fois. Les personnages, de vrais habitants de Manabé Shima, sont attachants et le trait de Florent Chavouet parvient très bien à rendre leurs expressions. Enfin, il y a beaucoup de couleurs dans cet ouvrage rendant le tout très vivant et joyeux ! On apprend, de façon ludique, pas mal de choses sur la vie à Manabé Shima. J'ai adoré les pages un peu fourre-tout dans lesquelles Florent Chavouet dessine, par exemple,  l'intérieur d'une maison, avec une vue plongeante, et parsème le tout de petits commentaires très drôles, à lire en tournant le livre dans tous les sens. C'est donc une lecture active comme je les aime, où l'on cherche tous les petits détails plus ou moins cachés et l'on en trouve toujours des nouveaux à la relecture. Dans ce recueil, on trouve aussi des batailles de chats ou de crabes, des repas alcoolisés avec les papys du coin, et également des moments plus poétiques comme avec les umibotaru (ou umihotaru), sorte de plancton-crabe phosphorescent qui donne à voir un spectacle merveilleux les soirs d'été.

Quelques images pour vous faire une idée de ce petit bijou : 




Et pour retrouver l'actualité de Florent Chavouet et encore des images, allez faire un tour sur son blog !

mercredi 22 février 2012

La vengeance du wombat et autres histoires du bush / Kenneth Cook

Dans ce recueil de courts récits, le narrateur, écrivain, parcourt le bush australien à la recherche d'histoires à raconter. Ou plutôt il écume les bars et se retrouve à chaque fois dans une aventure totalement improbable à chasser (et surtout se faire attaquer par) les serpents tigres, buffles, wombats ou tout autre animal peuplant l'extraordinaire faune australien.

La plupart des histoires du recueil se déroule ainsi : le narrateur est dans un bar et rencontre un gars de la région qui lui offre (le force) à boire et lui propose de lui raconter une histoire du bush ou de l'emmener chasser. L'écrivain qui ne sait pas dire non, et sous l'emprise de l'alcool, se retrouve dans des situations abracadabrantes, dangereuses, mais qui heureusement se finissent toujours bien. Le tout est  écrit avec beaucoup d'humour notamment dans le portrait des différents personnages que le narrateur rencontre.

Seulement voilà,  on tourne vite en rond. Toutes les histoires se ressemblent un peu trop (à part l'animal à chasser et la méthode pour le faire). Même les personnages rencontrés (des gars du bush) sont quasiment identiques !  Quant au narrateur, non seulement on ne s'identifie pas à ce personnage d'écrivain gros, mou et faible, mais en plus, on ne s'y attache pas tant il est peu courageux, naïf et facilement dupé. Les histoires sont trop invraisemblables et ne m'ont pas beaucoup captivées. 

C'est le deuxième recueil d'histoires de bush de Kenneth Cook, écrivain et journaliste australien. Il paraît que le premier, Le koala tueur et autres histoires du bush, est bien, voire mieux que celui-ci, mais je ne suis pas encore prête à tenter l'expérience !

Un extrait :

N'essayer jamais d'aider un kangourou. Cette créature ingrate est susceptible de récompenser votre gentillesse par une violence inattendue.
Je le sais, car ça m'est arrivé il y a quelques années en essayant de secourir un kangourou dans les Flinder Ranges, en Australie du Sud. 
Je roulais tranquillement dans les collines quand un grand roux rebondit sur la route devant moi. Il était énorme, même pour un grand roux. Il faisait dans les deux mètres de haut et sautait sur la voie, juste devant moi, à gauche. J'ai l'habitude des kangourous sur la route et je savais exactement ce que celui-là allait faire. Il continuerait à bondir sur ma gauche jusqu'à ce que j'essaie de le doubler. Il se suiciderait alors en virant brusquement sur la droite et en percutant ma voiture. Je n'ai jamais compris ce comportement marsupial, mais ça ne rate jamais.

Ce livre fait partie de la sélection littérature de février du Prix des lecteurs Livre de Poche.


lundi 20 février 2012

La dernière ronde d'Ilf Eddine

C'est l'histoire d'un vieil homme, le narrateur, qui participe à un grand tournoi d'échecs, peut-être don dernier, et se remémore les événements marquants de sa vie, entre Moscou et Paris, notamment pendant la Guerre froide. Champion d'échecs, sa vie tourne autour du jeu, jusqu'à délaisser femme et enfants. Le narrateur nous emporte dans son monde entre nostalgie et regrets du temps passé, mais aussi bonheur et passion des échecs. Car c'est un peu une histoire de ce jeu dans laquelle on croise de grands champions comme Bobby Fischer, Gary Kasparov, Boris Spassky, Anatoli Karpov et l'on apprend plus sur l'enjeu des tournois dans le contexte de la Guerre froide.

Le livre se compose de onze chapitres relatant chaque partie joué par le narrateur dans les onze rondes du tournoi. Ce récit est entrecoupé des souvenirs du vieil homme : son enfance et comment il est devenu passionné par les échecs, ses débuts flamboyants, ses échecs, ses relations avec les femmes et ses enfants, sa participation à l'entraînement du grand Karpov, et puis sa vie à Montpellier où il donne des cours à des joueurs amateurs... On est complètement entraîné dans le récit nostalgique du vieil homme et l'alternance des deux histoires, passée et présente, fonctionne à merveille.

Je n'y connais strictement rien aux échecs, ni à la technique et ni à son histoire. J'ai donc été un peu perdue dans le récit des onze rondes du tournoi avec les déplacements des pièces, les termes techniques et les différentes ouvertures possibles. Mais, l'auteur est parvenue à me plonger dans le tournoi en gardant un rythme haletant, m'obligeant à accélérer ma lecture pour connaître l'issue du tournoi.

Un grand bravo à Ilf Eddine et merci aux éditions Elyzad et à Libfly pour l'opération "Deux éditeurs du Maghreb se livrent".

Sur l'auteur : Ilf-Eddine est né à Paris en 1976. Il a publié deux nouvelles et a reçu le Prix du Jeune Écrivain en 2011 pour l'une d'entre elles. La dernière ronde a été finaliste du Prix des cinq continents de la Francophonie en 2011.

Autre avis très intéressant sur ce livre chez Itzamna

Extraits :

Sur l'ensemble de ma vie, j'ai dormi à l'hôtel aussi souvent que chez moi. J'ai connu des établissements modestes, mal chauffés et vétustes, et d'autres luxueux, qu'ils soient cathédrales soviétiques ou emblèmes impersonnels de la mondialisation. A chaque fois, j'ai aimé l'apaisement procuré par cette clé que l'on vous tend, cette porte qui s'ouvre, cette chambre qui s'offre à vous.

Je suis rentré chez moi plongé dans mes pensées. J'avais croisé Fischer... J'avais secondé Karpov... Aujourd'hui, j'avais vu celui qui, sans nul doute, allait être au firmament des échecs mondiaux dans les années à venir... J'avais quarante-deux ans ; j'étais divorcé ; j'étais fatigué par ma vie à Moscou. Il me fallait passer à autre chose, radicalement, refermer le livre de mes jeunes années... Dans les mois qui ont suivi, sans plus me soucier de l'interzonal et du tournoi des candidats, j'ai quitté l'URSS pour la France et j'ai tiré un trait que je croyais définitif sur les cycles de championnat du monde.

vendredi 17 février 2012

Bifteck de Martin Provost

A Quimper, la boucherie Plomeur fait un tabac. Toutes les dames de la région viennent y faire la queue et pas seulement pour les succulentes viandes que l'on peut y trouver. C'est devant André, le jeune boucher, que ces dames, pauvres ou riches, jeunes ou vieilles, se pâment, en attendant le retour de leurs maris partis à la Grande Guerre. Elles ne souhaitent qu'une chose, se voir attribuer l'araignée, ce morceau de gourmet, qui viendra désigner celle qu'André rejoindra dans l'après-midi. La guerre finie, les maris reviennent. Apparaissent alors devant la porte de la boucherie, un, deux, trois ... puis sept bébés chacun dans un panier en osier. André décide de s'en occuper et, poursuivi par un mari jaloux, de quitter sa chère Bretagne pour l'Amérique.

Ce livre commence un peu comme une fable ou un conte : un jeune boucher, pas très riche, pas très beau, se découvre le don de "faire chanter la chair" des femmes. Même la femme du sous-préfet et la comtesse tombent sous son charme ! Puis, il décide de se consacrer corps et âme à ses sept enfants qui font véritablement partie de lui. J'ai bien aimé l'ambiance qui m'a un peu rappelé ce que j'avais ressenti en lisant Le Livre des nuits de Sylvie Germain. Mais l'ambiance est ici plus "carnivore" : beaucoup (trop ?) de viande, de chair et d'abats.

Le conte devient par la suite fantastique : la fuite d'André et ses enfants les amène sur une île déserte où les arbres donnent de la viande et où l'on se sent sans cesse observé par les deux lunes dans le ciel qui font des clins d'œil... Tout se mélange, réalité et rêve, et devient par là-même un peu confus. On perd tous les repères temporels (les enfants grandissent si vite) et spatiaux (où se trouve cette île ?). J'ai moyennement apprécié la fin du récit bien trop rapide et qui m'a laissé un arrière-goût d'inachevé. L'épilogue, qui fait référence à la gastronomie américaine, m'a peu convaincue. Quelle déception ! Ce court roman pourtant commençait bien, mêlant humour et fantastique dans une Bretagne bien réelle, mais il part à vau-l'eau et devient un peu trop délirant à mon goût.

Extraits : 

André Plomeur est né à Quimper, par un beau jour d'avril. Sa mère finissait de larder un rôti de bœuf quand elle se sentit embrochée comme un poulet prêt à cuire. La cliente qui attendait, la voyant étouffer, crut que c'était le cœur qui lâchait. Mais non. Ça se passait plus bas. Lorsque les eaux murent à ruisseler sur la sciure, on envoya chercher le futur papa aux abattoirs. Il fallait le prévenir dare-dare que l'enfant de l'amour arrivait.

Il paraît que la force d'aimer du tout jeune étalon était telle qu'être aimée une seule fois suffisait pour qu'on eût l'impression d'être aimée pour toujours. Cela signifie-t-il qu'atteindre le point culminant du plaisir annule à jamais tout besoin de plaisir ? Les duchesses arrivées au ciel n'en redescendaient pas de sitôt; et nombreuses furent celles qui, après cette expérience unique, partirent en retraite chez les moines de Landévennec, e, presqu'île de Crozon, et finirent par y prendre le voile.

Ce livre fait partie de la sélection de février pour le Prix des Lecteurs-Livre de Poche 2012.


mercredi 15 février 2012

Au Japon ceux qui s'aiment ne disent pas je t'aime / Elena Janvier

Au Japon ceux qui s'aiment ne disent pas je t'aime est écrit sous forme d'abécédaire par Elena Janvier, pseudonyme regroupant un trio de jeunes femmes ayant vécu au Japon. Elles s'attachent à nous faire partager et découvrir quelques différences entre le Japon et la France dans les mœurs et coutumes, les comportements et tout simplement la vie quotidienne. 

Au départ, je pensais lire cet ouvrage en "picorant" un mot ou une lettre par jour, tout doucement. Finalement, quand je l'ai commencé, je n'ai pas pu arrêter, et je l'ai lu quasiment d'une traite. Mieux encore, j'ai lu quelques entrées de l'abécédaire à haute voix à mon ami, celles qui me semblant intéressantes et que j'avais envie de partager. C'est donc un véritable coup de cœur que ce petit ouvrage !

Comme entrées de l'abécédaire, on trouve aussi bien des informations sur des éléments propres au Japon comme les convenience stores (kombini), les bains publics, les kimono, que des remarques sur les différences entre Japon et France. Tout est écrit avec un amour évident du Japon et de ses habitants que les trois auteures parviennent à transmettre au lecteur. Il y a des listes, des anecdotes et des citations d'autres textes sur le Japon. C'est ainsi que j'ai découvert Le vide et le plein de Nicolas Bouvier, lecture à venir.

Le seul défaut ? Trop court évidemment. C'est avec regret que j'ai vu la fin s'approcher, et je n'ai pas réussi à faire durer le plaisir en le mettant de côté ! Quoi de mieux pour vous faire découvrir ce livre que de partager avec vous quelques extraits :

AMOUR
Au Japon ceux qui s'aiment ne disent pas "je t'aime" mais "il y a de l'amour", comme on dirait qu'il neige ou qu'il fait jour. On ne dit pas "tu me manques" mais "il y a de la tristesse sans ta présence, de l'abandon". Une sorte d'impersonnel immense qui déborde de soi. La tristesse est partout, l'amour aussi. Pas de hors-champ du sentiment.

BAINS
Au Japon, on ne met jamais de bain moussant dans le bain. Il n'y a pas de bain moussant, en fait. Le bain moussant n'existe pas. Le bain moussant, c'est tout simplement une hérésie. L'eau du bain est pure et claire, vu qu'on s'est déjà douché, shampouiné (tous les jours), étrillé et copieusement rincé avec des baquets dans un espace réservé à cet effet. Le comble du raffinement : une cuve en bois de cryptomère dont l'essence parfume délicatement l'eau brûlante, et où l'on peut faire flotter, selon la saison, une racine d'iris ou quelque cédrat.

LIRE : livres de poche
Les livres de poche japonais sont de vrais livres de poche. Minces et compacts, dix centimètres sur quinze tout au plus, on les glisse aisément dans sa poche. On a beau être un livre de poche sans prétention, au Japon on a tout de même sa dignité : on porte jaquette et marque-page, couverture finement toilée et parfois même un véritable signet tissé en pages centrales. Au moment de régler votre achat, le libraire propose de couvrir votre livre, pour éviter de le salir dans les transports ou de l'endommager au contact des divers objets de votre sac.
A moins que ce ne soit par pudeur et discrétion ? Dans le métro, tous les Japonais en train de lire semblent déchiffrer un seul et même livre, anonyme et sans titre.  

Titre publié aux éditions Arléa en 2011 et maintenant disponible en poche !

lundi 13 février 2012

Challenge Dragon 2012 : j'y participe !

Et un nouveau challenge pour l'année 2012 ! Catherine, du blog "La culture se partage" organise le challenge Dragon 2012. Il s'agit de fêter l'année du dragon d'eau en lisant de la littérature d'auteurs issus des pays fêtant le nouvel an lunaire chinois ! Soit : la Chine, Hong-Kong, Corée du Sud, le Japon et bien d'autres. Comme je suis en pleine découverte de la littérature asiatique, j'ai sauté sur l'occasion de m'inscrire à ce challenge. Mais ce n'est pas tout : il s'agit également de présenter un ou plusieurs articles (selon votre catégorie) sur d'autres thèmes que la littérature, comme par exemple le cinéma, l'art, la musique, la gastronomie etc. issus des pays concernés.

J'ai choisi de participer à la catégorie n°2 qui a pour objectif la lecture de trois titres et la présentation de deux articles thématiques.

Voici quelques lectures possibles car es livres sont déjà présents dans ma bibliothèque :

- Funérailles célestes de Xinran (Chine)
- Love & pop de Ryū Murakami (Japon)
- Le chat dans le cercueil de Mariko Koike (Japon)
- Le fusil de chasse de Yasushi Inoue (Japon)
- La librairie Tanabe de Miyuki Miyabe (Japon)
- Après le tremblement de terre et Le passage de la nuit de Haruki Murakami (Japon)

Beaucoup de lectures japonaises donc ! Mais d'autres titres viendront sûrement s'ajouter à cette liste puisque le challenge se déroule du 23 janvier 2012 au 9 février 2013.

Retrouvez toutes les informations sur la page du challenge de Catherine !

jeudi 9 février 2012

L'agrume de Valérie Mréjen

Voilà un petit livre bien sympathique et pétillant que j'ai dévoré dans le train. L'histoire est simple : la narratrice (Valérie Mréjen elle-même ?) est follement amoureuse de Bruno. Seulement voilà, il est déjà avec une autre femme et il n'est franchement pas disposé à changer cette situation qui lui convient très bien. Alors, notre narratrice accepte tout de Bruno : ses défauts, ses manies, ses mensonges, ses vacheries, ses retards, ses excuses, sa rivale... Elle est totalement aveugle et même naïve ! Et pourtant, on s'y attache et on se reconnait même un peu dans le personnage (par exemple, quand elle attend désespérément un coup de fil de son amant, et qu'elle a peur de sortir une heure de chez elle de peur de le rater). Évidemment, on prend rapidement en grippe Bruno (mais quand va-t-elle se décider à le quitter ??) même si on s'amuse en lisant les excuses farfelues qu'il invente et en découvrant peu à peu son portrait à travers les mots d'une amoureuse transie :

Une fois, il avait oublié un reste de couscous dans une cocotte minute avant de s'en aller trois jours. C'était moisi à son retour. Je me disais : comme il est attendrissant. Il a la tête ailleurs. Je trouvais les mouches drosophiles attendrissantes.

Valérie Mréjen a une écriture fluide et très agréable à lire. Le livre est composé d'une succession de paragraphes plus ou moins courts qui racontent tous un épisode ou une anecdote différents, sans forcément suivre un ordre chronologique, ce qui rend la lecture dynamique. J'ai adoré ce petit bouquin publié en 2001 aux éditions Allia et vous le recommande vivement. D'ailleurs, un autre de ses livres me fait de l'oeil : Mon grand-père.

Extrait :

La veille d'un jour passé, il m'avait dit qu'il m'appellerait. J'ai attendu. Je n'osais pas sortir. J'avais peur qu'il raccroche en trouvant le répondeur. Je suis restée chez moi, j'ai patienté non loin du téléphone en pleurant d'impatience. Il s'est mis à faire nuit. Je n'avais fait qu'attendre et espérer toute la journée. Peut-être était-il arrivé quelque chose ? (Je me disais cela pour ne pas l'accuser.) Je l'ai appelé vers neuf heures dix. Puis vers neuf heures et quart. Tout à coup, il venait de rentrer. Il m'a dit : on est allés voir une exposition au Jeu de Paume. Il parlait gentiment mais avec une voix ferme. Il m'a promis de rappeler plus tard.

Vous pouvez lire le début de L'Agrume sur le site des éditions Allia !

Sur l'auteur : Valérie Mréjen, née en 1969, est romancière, vidéaste et photographe.

mardi 7 février 2012

Le front russe / Jean-Claude Lalumière

Enfant, le narrateur collectionne les numéros du magazine Géo et rêve de voyager vers des destinations lointaines et exotiques. C'est dans ce but qu'il passe, et réussit, un concours pour travailler au ministère des Affaires étrangères. Malheureusement, il est pris en grippe par le chargé des affectations, et est envoyé au "front russe" soit le "bureau des pays en voie de création / section Europe de l'Est et Sibérie". Il découvre avec consternation que, non seulement il ne voyagera pas de sitôt, mais qu'en plus, il partage son bureau avec des personnages tous plus fous les uns que les autres ! Pourtant, motivé et courageux, il n'abandonne pas l'idée de grimper dans la hiérarchie. 

Jean-Claude Lalumière écrit bien : dans ce roman, son écriture est fluide, facile et agréable à lire. L'histoire se passe dans le monde de l'administration, et moi-même étant fonctionnaire, ce n'est pas sans sourire que je m'y suis plongée avec le narrateur. Certains passages sont d'ailleurs très drôles et je pense surtout à la formidable retranscription d'un échange de mails pour demander à l'entreprise de nettoyage des fenêtres, qui ne passe qu'une fois par mois, de bien vouloir enlever un pigeon mort (ou sur le point de l'être). Mais dans le cadre d'un marché public et de ses règles,  ce n'est pas aussi simple que ça. Heureusement, le récit ne se déroule pas entièrement dans un bureau quasi vide aux murs blancs. Notre narrateur finit par recevoir des ministres étrangers et même par voyager ! S'ensuivent alors des situations assez comiques qui m'ont parfois faite sourire. Au fil du récit, le narrateur raconte également quelques souvenirs d'enfance qui, là aussi, viennent apporter leur petite touche humoristique, notamment à travers le portrait de parents bien particuliers.

Mais, ces situations sont souvent exagérées ou invraisemblables, ce qui a quelque peu freiné mon enthousiasme pour ce livre au fil de la lecture. Certains personnages sont d'ailleurs très caricaturaux : le chef du bureau ancien militaire, la petite amie qui ne pense qu'à son chien etc. Heureusement, le récit est assez court et n'a pas trop le temps de devenir "lourd". La fin m'a surprise : l'épilogue détonne totalement avec le ton du récit jusque-là adopté et finalement, ça passe plutôt bien.

Extraits : 

Je travaille au ministère des Affaires étrangères. Mon activité professionnelle, pour laquelle je m'étais pourtant enthousiasmé à mes débuts, ne parvient plus à m'émouvoir. Je suis entré au ministère il y a cinq ans avec l'envie de parcourir le monde. Bien entendu, ce n'est pas ce que j'ai dit lors de la "discussion avec le jury", épreuve du concours dont l'objectif est de "mettre en évidence les motivations du candidat, de révéler sa personnalité et de vérifier son aptitude à remplir les fonctions auxquelles il est destiné". Lors de cet entretien plutôt impressionnant - face à vous se trouvent cinq personnes dont l'aménité est comparable à celle d'une compagnie de CRS qui s'apprête à évacuer un squat -, j'ai parlé de mon goût pour le service public, de ma volonté d'œuvrer pour l'intérêt général, pour le rayonnement de la France à l'échelle internationale. Je récitai d'une voix peu assurée cet argumentaire sans relief, construit à la suite de mes lectures des fascicules officiels présentant les missions du ministère des Affaires étrangères [...].

Il faut savoir que chaque fonctionnaire détient un périmètre qu'il défend. Aussi insignifiante soit-elle, jamais il n'abandonnera l'une de ses prérogatives. La valeur d'un fonctionnaire se mesure au nombre de dossiers dont il a la charge, même si certains ne servent qu'à caler les autres sur les étagères. A la question "Qui gère ce dossier ?", le fonctionnaire averti fait en sorte que son nom soit la réponse la plus fréquente. Ainsi peut-il organiser un nombre incalculable de réunions où, bloc-notes en mai, l'air concerné voire important, il fera une ou deux interventions bien placées qui laisseront dire de lui que ses propos sont toujours pertinents, puis il établira des comptes rendus qui n'aboutiront que très tardivement, ou pas du tout, à une prise de décision. Cette décision, s'il doit y en avoir une, étant la plupart du temps : "On ne change rien, ça poserait trop de problèmes."


Cet ouvrage fait partie de la sélection du mois de février du Prix des Lecteurs - Livre de Poche, section littérature.

Quelques mots sur l'auteur : Jean-Claude Lalumière a écrit romans, nouvelles et fictions pour les ateliers de la création de Radio France. Faites un tour sur son blog !

vendredi 3 février 2012

Enfances tunisiennes / collectif des éditions elyzad

Enfances tunisiennes est un recueil de vingt textes écrits par des auteurs de langues française ou arabe. Tous décrivent un ou plusieurs épisodes de leur enfance en Tunisie et racontent des souvenirs familiaux, à l'école, en vacances etc. Les auteurs nous convient à un voyage dans le temps, les récits se déroulant des années 40 aux années 90 et à un voyage dans l'espace, de Tunis au port de la Goulette, en passant par d'autres villes de province. Le tout est accompagné de photographies personnelles des auteurs dans leur enfance, mises en valeur par la remarquable qualité matérielle de l'ouvrage paru aux éditions elyzad en 2010.

Le recueil propose des textes très différents, au niveau du style et de l'écriture. En effet, il y a des romanciers, des poètes, des essayistes, des historiens, des sociologues... Mais tous sont empreints d'une certaine nostalgie : ils évoquent des personnes disparues, des lieux modifiés aujourd'hui et une époque différente. Si certains s'attardent sur un épisode marquant de leur enfance, d'autres s'attachent à décrire une atmosphère et une ambiance plus larges à travers des anecdotes diverses. On assiste alors, à travers le regard d'enfants devenus adultes, aux mutations de la Tunisie (notamment l'indépendance en 1956). La plupart de ces auteurs évoquent un conflit permanent ressenti dans leur enfance de par leurs origines complexes : à la fois arabes, français, italiens, juifs ou chrétiens, ils sont tiraillés par des coutumes et des règles différentes.

Ces enfances tunisiennes, parfois graves et parfois drôles, donnent une image particulière de la Tunisie : une Tunisie multiple, mixant les traditions et les origines et l'image d'un pays à l'histoire complexe. J'ai beaucoup apprécié la lecture de cet ouvrage et remercie les éditions elyzad et Libfly pour cette belle découverte non seulement d'auteurs jamais lus, mais aussi d'un fragment de l'histoire d'un pays.

Des extraits :

"J'étais alors élève dans une école française à Bad Godesberg, en Allemagne, où mon père était ambassadeur de Tunisie à Bonn. Nous jouions dans la cour de récréation. Brusquement, j'entendis un de mes camarades me lancer en criant : "Retourne dans les écoles de ton Bourguiba, on ne sait même pas s'il en a !". Il répétait sans doute, bêtement, sans le comprendre, ce qu'il avait entendu chez ses parents. Je me rappelle cette phrase mot à mot. J'avais neuf ans. Nous étions en 1957. Puis, un attroupement d'élèves se fit autour de moi, et toute la classe s'en prit à moi. Avant même que je ne comprenne ce qui m'arrivait, une des filles, alors ma meilleure amie, me frappa." Extrait de Jamais je ne me suis couchée de bonne heure d'Hélé Béji.

"Ne nous y trompons pas, ici coexistent deux mondes. Qu'ils se dénudent l'un et l'autre, ce n'est pas la même humanité qui, se côtoyant, a garde de se mélanger. Les uns, les conquistadors, se voulant d'une essence supérieure, plus raffinée, plus élevée (puisque l'âme, éthérée, plane au-dessus de la chair, brassée dans une pâte plus grossière, corruptible, qui s'abaisse vers la boue et abaisse) et les autres, pétris dans un limon moins pur, mêlé de croyances archaïques (comment peut-on d'un Aïd l'autre faire carnage d'entiers troupeaux de moutons se demandait-on, oublieux, sans doute, des ripailles de Noël et de la Saint-Sylvestre, hécatombes de porcs, de dindes, de poulardes et de chapons). [...] Ainsi deux mondes se regardent-ils sur la place de mon enfance. [...] Une enfance qui, écartelée entre deux mondes, cherche ses mots." Extrait d'Introuvable d'Ali Bécheur.

Les auteurs des textes : Rabâa Abdelkéfi, Ali Bécheur, Hélé Béji, Emna Belhaj Yahia, Tahar Bekri, Sophie Bessis, Abdeljabbar El Euch, Azza Filali, Aymen Hacen, Hubert Haddad, Abdelaziz Kacem, Mounira Khemir, Nacer Khemir, Ida Kummer, Amel Moussa, Amina Saïd, Jean-Pierre Santini, Guy Sitbon, Walid Soliman et Lucette Valensi.
Textes inédits recueillis par Sophie Bessi et Leïla Sabbar.



mercredi 1 février 2012

Prix des Lecteurs - Livre de Poche 2012 : sélection littérature de février

J'ai la chance et le grand plaisir de faire partie du jury des lecteurs pour le prix Livre de Poche 2012, pour la section littérature ! Chaque mois, les 120 jurys reçoivent une sélection d'ouvrage à lire et doivent voter pour leur préféré. Il y a 25 ouvrages à découvrir répartis sur plusieurs mois. Au final, les jurys devront désigner leur titre favori parmi les sept livres retenus au cours des mois précédents. En octobre, le livre ayant reçu le plus de votes sera désigné "Prix des Lecteurs Livre de Poche" pour l'année 2012 !

Voici les quatre livres sélectionnées pour février :

Le front russe de Jean-Claude Lalumière

4e de couv' :
Qui veut voyager loin passe un concours du ministère des Affaires étrangères. Mais le quai d'Orsay n'est pas toujours un quai d'embarquement et le narrateur se retrouve dans un obscur service, le « Bureau des pays en voie de création- Section Europe de l’Est et Sibérie »…
 


La vengeance du wombat et autres histoires du bush de Kenneth Cook

4e de couv' : Une rencontre dans un bar, quelques bières fraîches, et voilà Kenneth Cook, écrivain d'âge mûr « en léger surpoids », embarqué dans d'incroyables aventures où la faune humaine et animale du bush joue le premier rôle. Kangourou suicidaire, koalas explosifs, wombats vindicatifs, aborigènes roublards finissent toujours par contrarier son penchant naturel pour le confort. Heureusement, car Cook en tire une brassée d'histoires plus vraies que nature, racontées avec un art consommé du gag. Une lecture jubilatoire.
  
 

Des gens très bien d'Alexandre Jardin

4e de couv' :
Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle une dernière fois : Plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera... Tu feras un livre, Le Nain Jaune, pour le camoufler. Au même âge que toi, j'en ferai un, Des gens très bien, pour l'exposer. Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne. Dors mon petit papa, dors... Ce livre aurait pu s'appeler « fini de rire ». C'est le carnet de bord de ma lente lucidité.


Bifteck de Martin Provost

4e de couv' : Chez Plomeur, à Quimper, on est boucher de père en fils. Alors que la Grande Guerre fait rage, le jeune André se découvre un don pour faire « chanter la chair » - et pas n'importe laquelle : celle des femmes, dont la file s'allonge devant la boucherie... Leurs hommes partis au front, celles-ci comptent sur lui pour goûter au plaisir suprême. Hélas, le conflit s’achève et les maris reviennent. Un matin, le boucher trouve sur le pas de sa porte un bébé gazouillant dans un panier en osier, puis un deuxième, un troisième : du jour au lendemain, le voilà père de sept enfants, et poursuivi par un époux vindicatif… Il y a du Gargantua et du Robinson Crusoë dans ce Bifteck exquis, à consommer sans modération !

Avez-vous déjà lu ces livres ? Qu'en avez-vous pensé ?

Je ne manquerai pas de vous faire partager les futures sélections et mes avis sur ces lectures. En attendant, retrouvez toutes les informations, ainsi que les lauréats des années précédentes, sur le site du Prix des Lecteurs.