samedi 28 juin 2014

L'Unité de Ninni Holmqvist

Parce qu'elle a 50 ans, qu'elle est célibataire et sans enfants, Dorrit se voit contrainte de rejoindre "l'Unité". Cela ressemble à un grand complexe hôtelier, avec piscine, sauna, jardin, salle de gym, théâtres, cinémas et restaurants. Tous les résidents, les femmes à partir de 50 ans et les hommes à partir de 60 ans, sont logés dans des appartements lumineux, nourris et peuvent occuper leur temps avec le loisir de leurs choix. Le paradis non ? Sauf qu'ils ne peuvent pas en sortir, qu'ils n'ont plus de contact avec l'extérieur et sont surveillés par des caméras 24H/24. Comme ils ont été jugés "superflus" d'un point de vue économique, ils redeviennent utiles en constituant une réserve d'organes pour les gens "nécessaires" de l'extérieur (ceux qui ont des enfants ou un emploi important) et on teste sur eux les nouveaux traitements médicaux et autres expériences psychologiques. Si Dorrit se résout à passer les dernières années de sa vie à servir de cobaye et à donner ses organes un à un jusqu'au don final, une rencontre va tout bouleverser.

J'aime bien les romans d'anticipation, notamment ceux qui font référence à des débats actuels de notre société. C'est le cas de L'Unité, une dystopie qui nous renvoie forcément aux questions du vieillissement de la société, des progrès de la médecine et des problèmes d'éthique que cela entraine. L'Unité nous renvoie également à des questions plus personnelles : est-on vraiment complet qu'à partir du moment où l'on a un enfant ? Est-ce la norme à atteindre comme s'il n'était pas normal de ne pas en avoir/vouloir ? 

Ces sujets sont abordés avec intelligence, en évoquant une Suède pas si lointaine de nous, idéale par certains côtés (une démocratie où les hommes et les femmes sont appelés à se développer et à s'épanouir), mais froide et terriblement angoissante pour les personnes qui sortent du lot. Et que dire de la procréation qui n'est plus un désir, mais une obligation si l'on veut être considéré comme utile ?

Si on rajoute à cela un peu de sentimentalisme, des personnages attachants et une intrigue très bien menée, on obtient un très bon livre que l'on a du mal à lâcher ! Ce roman n'est pas sans rappeler Auprès de moi toujours (Never let me go) de Kazuo Ishiguro, en abordant d'autres problématiques. Et si je ne vous ai pas convaincus, sachez que ce livre m'a été conseillé par Lili Galipette et Miss Bouquinaix en personne, alors là...

6 commentaires:

  1. Le propos me rappelle un peu celui de "Auprès de toi, toujours" (que je n'avais pas aimé cela dit mais pour des raisons narratives). Je note celui là !

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    1. Oui c'est vrai, ça ressemble à "Auprès de moi toujours", mais la narration est différente. Par exemple, on sait dès le début pourquoi tous ces gens sont à l'Unité, il n'y a pas de mystère. En tout cas, moi j'avais bien aimé les deux !

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  2. J'aime bien l'aperçu que tu en donnes, je prends note.

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  3. Je note... Ton avis est suffisamment interpellant pour que je tente... Alors que ce n'est théoriquement pas du tout mon style !

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