jeudi 5 décembre 2013

Un oiseau blanc dans le blizzard / Laura Kasischke

Janvier 1986. Garden Heigths est une banlieue américaine tout ce qu'il y a de plus banal. Ève passe ses journées à s'occuper de sa maison, son mari et sa fille, jusqu'à ce qu'elle disparaisse soudainement sans laisser de trace. Mais Kat, sa fille, ne ressent presque rien. Elle a seize ans, son corps s'éveille et elle découvre avec son petit ami Phil le désir d'un autre corps, et le plaisir que cela lui procure. Les années passent, aucune nouvelle de sa mère absente, mais Kat en rêve toujours, dans des cauchemars étranges qui hantent ses nuits.

Dans ce roman, Kat est le narrateur et nous la suivons pendant quatre années, à partir de la disparition de sa mère. Cette disparition n'a provoqué ni choc, ni stupeur pour Kat. Peut-être s'y attendait-elle un peu, car elle savait que sa mère s'ennuyait dans sa banlieue tranquille et étriquée, sans surprise.

"Les banlieues sont pleines de maisons de ce genre, décorées par des femmes comme celles-là. Ma mère avait la nausée quand elle regardait au fond de ces tasses à thé mélancoliques, quand elle sentait les tristes feuilles gorgées d'eau qui sombraient dans des théières peintes à la main. Rechercher une beauté exotique dans une telle vie de banlieue, c'était un peu comme avoir une boule de papier aluminium dans l'estomac, une boule de métal aéré qui vous emplit de faim et de désir."

Si Kat semble accepter le départ de sa mère, on comprend aussi que leur relation n'était pas facile : sa mère la trouvait trop grosse et ne manquait jamais de lui dire, toutes les deux n'étaient pas très proches. "Et mes cheveux, me disais-je le matin quand je passais devant le miroir du couloir et apercevais un éclat de ma propre lumière, le reflet d'une fille comme ma mère n'en voulait pas, la fille qu'elle avait et qu'elle n'avait pas voulu."

Kat grandit alors sans sa mère, mais elle n'est pas seule. Il y a son père, son petit ami Phil, ses deux meilleures amies, sa psychologue, le policier chargé de l'enquête... Malheureusement, elle porte un regard très dur ses les gens qui l'entourent. D'abord son père, mou et faible, qui s'écrase devant sa femme. Ensuite Phil, qui n'a pas inventé l'eau chaude. "Phil est comme mon père, il est simple. Si on gratte la surface, on ne trouve pas grand chose. Il n'y a pas tromperie sur la marchandise, comme on dit : ce qu'on voit, c'est ce qu'on a." Même sa psychologue n'est pas d'une grande aide et "a l'air d'une actrice qui joue le rôle de la psy futée et maligne, comme une personne qui ferait semblant d'être experte dans un domaine où elle ne connaitrait rien."

Mon avis sur ce roman est assez mitigé. Encore une fois, j'ai aimé l'écriture de Laura Kasischke, sa façon un peu poétique de décrire les choses, les sentiments. Le personnage de Kat est intéressant, complexe voire troublant, avec son indifférence, son manque d'émotions à la disparition de sa mère. Mais, aucun des personnages qui l'entourent ne m'a intéressée. En plus, il ne se passe pas grand chose dans ce roman, c'est très centré sur les sentiments de Kat, ce qu'elle ressent. Le mystère sur la disparition de sa mère est dévoilé à la fin, mais arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Et pourtant, j'ai quand même aimé le lire, à chaque interruption, j'avais hâte de lire la suite. Bref, une lecture en demi-teinte, mais qui ne va pas m'empêcher de lire encore un autre roman de Laura Kasischke !



2 commentaires:

  1. Moi, j'ai bien aimé ce côté auto-centré de l'écriture ! Ca renforce la part autistique de kat, et le fait qu'elle est détachée de son quotidien je trouve. Mais je comprends tout à fait ce sentiment ambivalent du "oh il ne se passe pas grand chose dans ce bouquin" et du "mais pour rien au monde je ne le referme" ! Toujours étrange comme l'écriture de Laura Kasischke a une part envoûtante.

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    1. Oui c'est ça, autistique c'est le bon mot ! Mais un petit peu trop à mon goût.
      Je suis d'accord avec toi pour le côté envoutant de l'écriture de Laura Kasischke.

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