Edouard Saxberger est un vieil homme, fonctionnaire à Vienne, qui mène une vie tranquille et routinière. Un soir, Wolfang Meier, un jeune homme qui se dit poète, l'attend de pied ferme chez lui. Il vient de découvrir un recueil de poèmes, les Promenades, publié il y a bien longtemps et oublié depuis, dont l'auteur n'est autre que Saxberger. Totalement exalté par ce qu'il a lu, Meier invite Saxberger à se joindre à son groupe d'amis, artistes en tous genres, qui se réunit régulièrement dans un cercle de jeunes poètes appelé Exaltation. Adulé par les membres du cercle, Saxberger se prend rapidement au jeu et semble rajeunir et revivre. Mais, poète, il ne l'est plus depuis longtemps, et alors que le cercle décide d'organiser une soirée littéraire pour mettre en avant leurs écrits, Saxberger parviendra-t-il à composer une nouveau poème ?
Arthur Schnitzler est un auteur autrichien, fin 19e siècle, début 20e siècle, qui m'était totalement inconnu jusque-là. Je découvre cet auteur avec Gloire tardive, une nouvelle ou court roman inédit jusqu'à aujourd'hui. Dans Gloire tardive, Schintzler dépeint une société de jeunes artistes en herbe inconnus mais ambitieux. Il s'inspire directement de son expérience dans un cercle littéraire, la Jeune Vienne qui se réunissait au café Griensteidl au centre de Vienne. Autant dire tout de suite que l'image que dépeint Arthur Schnitzler n'est pas très flatteuse : les jeunes artistes du cercle Exaltation, poètes ou écrivains, pérorent plus qu'ils n'écrivent. Il y a aussi une comédienne, Ludwiga Gasteiner, plus très jeune mais toujours extravagante, voire agaçante, toujours en quête du rôle qui la révèlera. Se voulant à l'écart des sentiers battus, ils peinent à se faire connaître. Seule la figure du vieil homme, Saxberger, est touchante : flatté et honoré, il se laisse facilement amadouer par ces jeunes gens qui lui offrent une gloire qu'il n'avait jamais eue. Voilà une réaction bien humaine ! Rapidement, il fait preuve de lucidité et comprend que jamais il ne retrouvera sa jeunesse et le temps lointain où il était poète en herbe. Ce n'est pourtant qu'à la fin qu'il reviendra à la raison, une fin douce-amère qui ne laisse pas indifférent.
J'ai toujours un peu peur avec les publications à titre posthume, les inédits retrouvés ou les œuvres tirés des fonds de tiroir ou du fond d'un disque dur, comme ce fut le cas avec Désaccords imparfaits de Jonathan Coe, une grosse déception. Certaines œuvres à mon avis ne sont pas publiées non sans raison. Avec Gloire tardive, le risque était moins grand car n'ayant jamais lu d'autres œuvres d'Arthur Schnitzler, je n'ai aucun élément de comparaison et ne peux donc dire si son talent est moindre ici. Ce que je peux dire, c'est que j'ai été agréablement surprise par la fluidité de l'écriture de l'auteur, et si le sujet traité ne me parait pas neuf ou original, il l'est fait de façon plaisante et bien menée.
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