Enfant, le narrateur collectionne les numéros du magazine Géo et rêve de voyager vers des destinations lointaines et exotiques. C'est dans ce but qu'il passe, et réussit, un concours pour travailler au ministère des Affaires étrangères. Malheureusement, il est pris en grippe par le chargé des affectations, et est envoyé au "front russe" soit le "bureau des pays en voie de création / section Europe de l'Est et Sibérie". Il découvre avec consternation que, non seulement il ne voyagera pas de sitôt, mais qu'en plus, il partage son bureau avec des personnages tous plus fous les uns que les autres ! Pourtant, motivé et courageux, il n'abandonne pas l'idée de grimper dans la hiérarchie.
Jean-Claude Lalumière écrit bien : dans ce roman, son écriture est fluide, facile et agréable à lire. L'histoire se passe dans le monde de l'administration, et moi-même étant fonctionnaire, ce n'est pas sans sourire que je m'y suis plongée avec le narrateur. Certains passages sont d'ailleurs très drôles et je pense surtout à la formidable retranscription d'un échange de mails pour demander à l'entreprise de nettoyage des fenêtres, qui ne passe qu'une fois par mois, de bien vouloir enlever un pigeon mort (ou sur le point de l'être). Mais dans le cadre d'un marché public et de ses règles, ce n'est pas aussi simple que ça. Heureusement, le récit ne se déroule pas entièrement dans un bureau quasi vide aux murs blancs. Notre narrateur finit par recevoir des ministres étrangers et même par voyager ! S'ensuivent alors des situations assez comiques qui m'ont parfois faite sourire. Au fil du récit, le narrateur raconte également quelques souvenirs d'enfance qui, là aussi, viennent apporter leur petite touche humoristique, notamment à travers le portrait de parents bien particuliers.
Mais, ces situations sont souvent exagérées ou invraisemblables, ce qui a quelque peu freiné mon enthousiasme pour ce livre au fil de la lecture. Certains personnages sont d'ailleurs très caricaturaux : le chef du bureau ancien militaire, la petite amie qui ne pense qu'à son chien etc. Heureusement, le récit est assez court et n'a pas trop le temps de devenir "lourd". La fin m'a surprise : l'épilogue détonne totalement avec le ton du récit jusque-là adopté et finalement, ça passe plutôt bien.
Extraits :
Je travaille au ministère des Affaires étrangères. Mon activité professionnelle, pour laquelle je m'étais pourtant enthousiasmé à mes débuts, ne parvient plus à m'émouvoir. Je suis entré au ministère il y a cinq ans avec l'envie de parcourir le monde. Bien entendu, ce n'est pas ce que j'ai dit lors de la "discussion avec le jury", épreuve du concours dont l'objectif est de "mettre en évidence les motivations du candidat, de révéler sa personnalité et de vérifier son aptitude à remplir les fonctions auxquelles il est destiné". Lors de cet entretien plutôt impressionnant - face à vous se trouvent cinq personnes dont l'aménité est comparable à celle d'une compagnie de CRS qui s'apprête à évacuer un squat -, j'ai parlé de mon goût pour le service public, de ma volonté d'œuvrer pour l'intérêt général, pour le rayonnement de la France à l'échelle internationale. Je récitai d'une voix peu assurée cet argumentaire sans relief, construit à la suite de mes lectures des fascicules officiels présentant les missions du ministère des Affaires étrangères [...].
Il faut savoir que chaque fonctionnaire détient un périmètre qu'il défend. Aussi insignifiante soit-elle, jamais il n'abandonnera l'une de ses prérogatives. La valeur d'un fonctionnaire se mesure au nombre de dossiers dont il a la charge, même si certains ne servent qu'à caler les autres sur les étagères. A la question "Qui gère ce dossier ?", le fonctionnaire averti fait en sorte que son nom soit la réponse la plus fréquente. Ainsi peut-il organiser un nombre incalculable de réunions où, bloc-notes en mai, l'air concerné voire important, il fera une ou deux interventions bien placées qui laisseront dire de lui que ses propos sont toujours pertinents, puis il établira des comptes rendus qui n'aboutiront que très tardivement, ou pas du tout, à une prise de décision. Cette décision, s'il doit y en avoir une, étant la plupart du temps : "On ne change rien, ça poserait trop de problèmes."
Cet ouvrage fait partie de la sélection du mois de février du Prix des Lecteurs - Livre de Poche, section littérature.
Extraits :
Je travaille au ministère des Affaires étrangères. Mon activité professionnelle, pour laquelle je m'étais pourtant enthousiasmé à mes débuts, ne parvient plus à m'émouvoir. Je suis entré au ministère il y a cinq ans avec l'envie de parcourir le monde. Bien entendu, ce n'est pas ce que j'ai dit lors de la "discussion avec le jury", épreuve du concours dont l'objectif est de "mettre en évidence les motivations du candidat, de révéler sa personnalité et de vérifier son aptitude à remplir les fonctions auxquelles il est destiné". Lors de cet entretien plutôt impressionnant - face à vous se trouvent cinq personnes dont l'aménité est comparable à celle d'une compagnie de CRS qui s'apprête à évacuer un squat -, j'ai parlé de mon goût pour le service public, de ma volonté d'œuvrer pour l'intérêt général, pour le rayonnement de la France à l'échelle internationale. Je récitai d'une voix peu assurée cet argumentaire sans relief, construit à la suite de mes lectures des fascicules officiels présentant les missions du ministère des Affaires étrangères [...].
Il faut savoir que chaque fonctionnaire détient un périmètre qu'il défend. Aussi insignifiante soit-elle, jamais il n'abandonnera l'une de ses prérogatives. La valeur d'un fonctionnaire se mesure au nombre de dossiers dont il a la charge, même si certains ne servent qu'à caler les autres sur les étagères. A la question "Qui gère ce dossier ?", le fonctionnaire averti fait en sorte que son nom soit la réponse la plus fréquente. Ainsi peut-il organiser un nombre incalculable de réunions où, bloc-notes en mai, l'air concerné voire important, il fera une ou deux interventions bien placées qui laisseront dire de lui que ses propos sont toujours pertinents, puis il établira des comptes rendus qui n'aboutiront que très tardivement, ou pas du tout, à une prise de décision. Cette décision, s'il doit y en avoir une, étant la plupart du temps : "On ne change rien, ça poserait trop de problèmes."
Cet ouvrage fait partie de la sélection du mois de février du Prix des Lecteurs - Livre de Poche, section littérature.
Quelques mots sur l'auteur : Jean-Claude Lalumière a écrit romans, nouvelles et fictions pour les ateliers de la création de Radio France. Faites un tour sur son blog !
J'avais trouvé ce livre horriblement lourd et cliché aussi !
RépondreSupprimerLe Livre de Poche doit me l'envoyer, j'espère que le "sourire" fera passer ce qui est cliché !!! Bah zut alors ! Je n'en ai lu que du bien jusqu'à présent. Je me ferai mon avis mais bon... entre le tien et celui de Delphine, j'ai peur ! ;)
RépondreSupprimerJe suis d'accord Delphine. Les personnages et les situations sont assez clichés. D'ailleurs, ça manque de psychologie et reste prévisible !
RépondreSupprimerBonne lecture Asphodèle, on se sait jamais ;)
Pour l'instant, je ne lis pas ta note de lecture parce que je vais le recevoir avec Babelio (opération Masse critique).
RépondreSupprimerJ'irai voir ton avis Catherine !
RépondreSupprimerje suis revenue prendre ton lien et le relire maintenant que j'ai fini mon billet ! eh bien au final je l'ai trouvé sinistre, c'est gris du début à la fin, et à part la citation "en commun", je ne lui ai pas trouvé grand-chose d'intéressant ! Même la fin, les derniers mots sont d'un désespoir incroyable, même sur le ton de l'ironie ! Bof-bof !^^ Mais j'ai eu du mal à le faire ce billet... Même le style "académique" m'a un peu ennuyée.
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