samedi 22 mars 2014

G229 de Jean-Philippe Blondel

G229, c'est le nom de la salle de classe occupée depuis des années, par Monsieur B., professeur d'anglais dans un lycée. Jean-Philippe Blondel ne propose pas vraiment ici un roman, mais plutôt une succession de petites histoires, d'anecdotes, de chroniques d'un professeur à notre époque. Des récits à la fois drôles et touchants sur tout ce qui touche de près ou de loin un enseignant : les inspections, les grèves et manifestations, les programmes, les voyages scolaires, les corrections de copie, les devoirs surveillés, les réunions parents/profs, le bac, les rentrées, les fins d'années... Le tout est écrit parfois de façon personnelle, parfois avec le pronom "on", car par l'intermédiaire de l'histoire d'un prof en particulier, c'est toute une vision du métier d'enseignant que Jean-Philippe Blondel nous montre.

Bien sûr, ce sont surtout les élèves qui occupent le devant de la scène : on y voit leurs premières histoires d'amour, leurs amitiés, leurs coups de gueule, leurs coups d'éclat et les relations qu'ils développent avec leur prof. G229 est un roman très touchant et sensible car on y voit l'attachement du professeur envers ses élèves, et vice-versa. Blondel parsème son roman de messages d'élèves qui, des années après, contactent leur prof via les réseaux sociaux pour lui donner des nouvelles et le remercier. Si les élèves grandissent, passent leur bac, travaillent, se marient, font des enfants etc., le prof lui ne bouge pas, reste dans la même ville, le même collège, dans la même salle, année après année. Il en voit défiler des générations d'élèves ! Tous différents mais à la fois si semblables, qu'il reconnait d'anciens élèves dans les nouveaux. Il enseigne aux petits frères et les petites sœurs d'anciens élèves, et puis un jour, il enseigne même à leurs enfants.

C'est ce qu'il y a de terriblement mélancolique dans ce livre : le professeur qui se voit vieillir. Car les élèves lui balancent leur jeunesse en pleine tête chaque jour, il se sent parfois dépassé, a l'impression de ne pas avancer, d'enseigner toujours la même chose. Chaque année, les élèves avec qui il a partagé la majeure partie de son année, s'en vont ailleurs, et chaque année il se sent délaissé.

"Je pense à toutes ces générations d'élèves qu'on suit, qu'on épaule, qu'on engueule. Avec lesquels on rit, contre lesquels on s'énerve. Et puis qui partent. Être prof, c'est être quitté tous les ans, et faire avec. Je pense à ma fille aînée, je sais qu'elle va passer par là, elle aussi, les amis, les soirées, les discussions à bâtons rompus, les blagues hermétiques aux autres, les surnoms, la musique, elle sera bientôt dans ce lycée parce que son collège en dépend, j'aurai cinquante ans, puis quand ce sera le tour de la cadette, j'aurai cinquante-cinq ans, les couches de temps se superposent et m'ébranlent."

Ce livre est une pépite qui m'a beaucoup touchée, et il n'y a qu'un prof pour parler aussi bien de son métier : Jean-Philippe Blondel est enseignant d'anglais dans un lycée, c'est un peu le prof qu'on a tous rêvé d'avoir.

Ce livre m'a été offert par @Dingotte lors du dernier swap et je la remercie énormément pour cette très belle lecture !

4 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé ce livre, moi aussi !
    Bonne lecture

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  2. Ravie que tu te sois autant régalée...

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    1. Merci beaucoup pour cette belle découverte ! Il me reste encore le Olivier Adam à lire, j'ai hâte ^^

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