jeudi 19 janvier 2012

Hymne de Lydie Salvayre

Hymne se veut une biographie romancée du célèbre chanteur et guitariste Jimi Hendrix. Lydie Salvayre part de son ressenti intime, de ses connaissances et fait également appel, avec réserve, à ce qu'elle appelle la "Légende" de Jimi Hendrix.

Je ne connais que très peu de choses sur Jimi Hendrix, et ne peux donc pas juger de la véracité des propos de Lydie Salvayre. En tout cas, j'ai apprécié qu'elle ne se borne pas raconter la vie d'Hendrix, mais qu'elle l'intègre dans un contexte, celui des États-Unis à l'époque du guitariste, soit 1942-1970. Et pour Hendrix, qui est à la fois noir, blanc et Cherokee, le contexte n'est pas terrible : extrême pauvreté, racisme, violence familiale etc. Puis, il est découvert par celui qui deviendra son manager, Chas Chandler, qui le persuade de venir à Londres, et c'est le début du succès et de la reconnaissance. Quand, le matin du lundi 18 aout 1969, il interprète au Festival de Woodstock, The Star-Spangled Banner (hymne américain) avec sa guitare et tout en distorsion, il frappe un grand coup dans une société américaine encore raciste et en pleine Guerre du Vietnam qui va réveiller les consciences. Si Lydie Salvayre part de cet épisode pour écrire son livre, c'est parce qu'on aurait bien besoin de réveiller les consciences à nouveau. J'ai aimé son introduction quand elle explique son idée de départ (voir extrait), qui m'a tout de suite plu et en plus, c'était l'occasion d'en apprendre un peu plus sur Jimi Hendrix, sans passer par une biographie officielle.

Mais voilà, je n'ai pas réussi à finir ce roman. Je me suis vite lassée du style de Lydie Salvayre. En tout cas ici, je n'ai pas pu aller plus loin que la page 116, ce qui, sur 241 pages, correspond quasiment à la moitié. J'ai trouvé l'écriture de l'auteur trop volontairement sophistiquée, trop lyrique par moments. Je m'explique : certains passages m'ont semblé n'être que des redites d'une même phrase, mais avec d'autres mots, comme si Lydie Salvayre souhaitait nous faire partager sa grande connaissance de la langue française. Au début, c'était intéressant, et c'est un exercice admirable qui prouve le travail de l'auteur sur son texte. Mais j'ai fini par trouver cette façon d'écrire lourde, et ces successions de synonymes m'ont un peu ennuyée. Lydie Salvayre joue également avec la présentation de ces textes : retours à la ligne, sauts de ligne etc. Je n'ai pas beaucoup apprécié ce genre d'exercice de style, mais c'est juste une question de goût (ou d'état d'esprit quand j'ai commencé à le lire ?) et je suis sûre que d'autres lecteurs sauront mieux que moi apprécier l'écriture de Lydie Salvayre dans Hymne.

La lecture de ce livre fut donc une déception, surtout qu'ayant vu l'émission La Grande Librairie du 8 septembre 2011 avec Lydie Salvayre comme invité, j'avais été charmée. Je remercie (quand même) mon amie bibliothécaire qui m'a donnée l'occasion de découvrir ce livre !

Un extrait :

Je voudrais, disais-je, faire l'éloge de l'Hymne joué par Hendrix, dans cet esprit analphabète cher à Bergamín, et en allant par mes chemins imaginaires, au gré des fictions que j'ai brodées sur l'homme tout au long de ces années, à partir de détails glanés ici et là, des on-dits, des rumeurs, des histoires vraies et fausses et des Hauts Faits de la Légende hendrixienne.

J'écoute l'Hymne, ce matin, tout en jetant mes yeux sur le journal du soir plus encore de pauvreté et plus encore de fanatisme. Et je me dis que si The Star Spangled Banner n'a pas cessé d'agir sur nous depuis toutes ces années, s'il nous parle aujourd'hui avec une urgence et une intensité rares, s'il est plus que jamais d'actualité, ce temps où Hendrix apparut à l'épicentre d'un monde foisonnant de promesses et d'espoir (et ce, en dépit des désastres guerriers et des exactions racistes), ce temps des rêves naïfs auxquels nous adhérâmes il y a près d'un demi-siècle, ce temps désormais est échu, et s'est éloigné de moi, de nous, à une distance astronomique.

Et une participation de plus au challenge de Hérisson :







2 commentaires:

  1. C'est tellement dommage ce style ! Le sujet est génial et j'aurais très bien pu le lire mais rien qu'avec l'extrait je comprends la lassitude que l'on peut ressentir à la lecture. J'ai commencé la lecture de ton billet avec un énorme "chouette!" pour le sujet puis les "oh non" ont fait leur apparition :(

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  2. Oui le style, c'est pour moi le "gros" problème de ce roman, mais c'est vraiment très subjectif, tu aimeras peut-être !

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