samedi 18 juillet 2015

Pietra viva de Léonor de Récondo

Souvenez-vous, j'avais adoré Rêves oubliés et Amours de Léonor De Récondo et m'étais promis de lire dès que possible Pietra viva. C'est chose faite et autant dire tout de suite qu'une fois encore, l'univers poétique de l'auteur m'a énormément séduite. 

Michelangelo, le célèbre artiste, s'enfuit à Carrare, tourmenté par la mort d'Andrea, un jeune moine dont il adorait la beauté singulière. Il s'y rend aussi car la ville est célèbre pour ses carrières et il doit choisir les marbres parfaits dont il se servira pour sculpter le futur tombeau du Pape Jules II. Se plongeant dans le travail pour oublier sa peine, une question le taraude pourtant tout au long du roman : de quoi est mort Andrea alors qu'il était vigoureux et jeune ?

Léonor de Récondo s'est inspiré de la vie réelle de Michel-Ange pour créer son personnage : sont évoqués ses célèbres œuvres comme la Pietà et le David, son amitié avec son mécène Laurent de Médicis, mais aussi des éléments plus intimes, comme son enfance, la mort de sa mère et son homosexualité. Ainsi, on suit Michelangelo à un moment précis de vie lorsqu'il a passé un an à Carrare pour y choisir les matériaux du tombeau du Pape.

Le Michelangelo romanesque de Léonor de Récondo est, au départ, un personnage peu engageant : il est arrogant et introverti, incapable semble-t-il de se confier et de s'attacher aux autres. Pourtant, au fil des rencontres, il s'ouvre petit à petit et on est touché par l'amitié qu'il porte à Cavallino, qui se prend pour un cheval, et à Michele, un petit garçon qui admire l'artiste. En fréquentant un milieu pauvre et modeste à Carrare loin des fastes de Rome, Michelangelo prend conscience des gens qui l'entourent, et, s'il continue à se sentir différent des autres, cherche à s'intégrer plus facilement.

Finalement, la question de la mort d'Andrea passe en arrière plan derrière deux éléments évoqués par Léonor de Récondo d'une façon qui ne peut laisser le lecteur insensible. Il y a d'abord l'amour bouleversant de Michelangelo pour la pierre

"A force de côtoyer leurs rires et la montagne, la fièvre de la pierre était entrée en lui et ne l'avait plus quitté. Elle était entrée comme un torrent. Ce qui l'intéressait, c'était de toucher les outils, les voler pour les utiliser à sa guise, mentir le plus dignement possible en disant que non, ce n'était pas lui. Prendre des bouts de pierre tombés ou délaissés par la tailleurs, jouer avec, les cogner les uns contre les autres, écouter la musique qui en résultait, l'imprimer dans son cœur afin de ne jamais l'oublier et, surtout, se dire qu'en apprenant à maîtriser la pierre, il apprendrait à maîtriser le monde, plus exactement à le sculpter au gré de son imagination, et Dieu sait s'il en avait."

Enfin, c'est le souvenir de sa mère qui refait surface après des années d'oubli qui vient occuper une place centrale dans le roman. Un souvenir retrouvé petit à petit grâce à un rire entendu, une odeur, une saveur... 

Tout le talent de Léonor de Récondo est là : elle a construit un magnifique portrait humaniste de Michel-Ange, rendant le célèbre artiste plus accessible et vivant.

Et comme j'aime bien voir de quoi on parle, voici en photo le tombeau du Pape Jules II réalisé par Michel-Ange :
Rome-Basilique San Pietro in Vincoli-Moise MichelAnge.jpg
« Rome-Basilique San Pietro in Vincoli-Moise MichelAnge » par Jean-Christophe BENOISTTravail personnel. Sous licence CC BY 3.0 via Wikimedia Commons.

Ce roman fait partie de ma PAL d'été pour le Challenge Destination PAL de Lili Galipette !

2 commentaires:

  1. Je n'ai jamais rien lu de cet auteur. Par quel titre me conseillerais tu de commencer ?

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    1. Hello Anne Sophie ! Difficile à dire, je les ai tous aimés :D Mais je dirais par Rêves oubliés, c'est peut-être mon coup de cœur. Ensuite les trois histoires sont tellement différentes, à toi de voir quel univers te tente le plus^^

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