mercredi 25 juillet 2012

Tangente vers l'est de Maylis de Kerangal

Aliocha, jeune russe, est appelé pour effectué son service militaire. A bord du Transsibérien qui l'emmène vers son affectation inconnue, il tente de s'enfuir. Il rencontre Hélène, une française qui traverse la Russie pour se rendre à Vladivostok et qui accepte de partager son wagon avec lui afin qu'il échappe à la traque des déserteurs.

Maylis de Kerangal nous embarque dans un huis-clos saisissant. Tout se passe à bord du Transsibérien et dans quelques gares entre Moscou et Vladivostok. Très peu de personnages peuplent ce court roman : Aliocha, Hélène, une provodnista (responsable de wagon) qui se prend d'affection pour le jeune conscrit et l'aide à se cacher et le sergent Letchov en charge des appelés. 

J'ai beaucoup aimé la relation qui se crée entre Hélène et Aliocha, relation renforcée par les heures et les jours passés seuls dans leur compartiment. Il y a très peu de dialogues dans ce roman : Hélène et Aliocha ne parlent pas la même langue et communiquent uniquement par gestes et surtout par regards. Si, à première vue, tous les opposent, ils finissent par se comprendre car quelque chose les rassemble : tous deux fuient. Aliocha fuit le service militaire, et notamment le diedovchina, le bizutage des appelés : "et lorsqu'il sera là-bas, si les conscrits de deuxième année lui brûlent la verge à la cigarette, lui font lécher les latrines, le privent de sommeil ou l'enculent, il sera seul, personne ne pourra rien pour lui". Hélène fuit Anton, son amant qu'elle a suivi jusqu'en Sibérie, mais qui maintenant a changé. Tous deux deviennent complices dans leur fuite. Vers où ? Vers quoi ? Ils ne savent pas trop, mais ils iront jusqu'au bout du voyage, pour récupérer leur liberté. De gare en gare, les personnages sont comme prisonniers du train, qui les emmènent peut-être vers une vie meilleure, mais en leur faisant subir des épreuves, comme la fouille du train à la recherche du déserteur, la peur qu'on les dénonce... Tout comme Hélène et Aliocha, on panique, on angoisse, on espère.

L'écriture de Maylis de Kerangal est à la fois brute et belle, un peu comme les paysages que le Transsibérien traverse. Une très belle découverte !

Ce livre fait partie de la sélection pour le Prix Océans, organisé par France Ô et Babelio.

4 commentaires:

  1. Je pense que ce sera mon préféré de cette première série. Même si j'ai aussi aimé Notre-Dame du Nil et que ce dernier est davantage dans les critères du prix.

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    1. Notre-Dame du Nil est mon préféré des quatre de ce mois-ci, mais Tangente vers l'est est bon deuxième.

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  2. Ouh, intéressant, je pourrais le mettre dans le challenge En train de lire !!!

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    1. Ah oui, si ça t'intéresse, je peux te l'envoyer !

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