lundi 2 février 2015

Conception de Chase Novak


Alex et Leslie Twisden ont tout pour être heureux : ils sont riches, ont des jobs de rêve, font partie de la bonne société et habitent dans un luxueux hôtel particulier de New-York. En plus, ils s'aiment et leur mariage est passionnel. Mais, ils désirent plus que tout un enfant et essaient, en vain, tous les traitements depuis trois ans. Les échecs successifs commencent à miner leur couple lorsque Alex entend parler d'une procédure médicale très particulière en Slovénie. Ils tentent le tout pour le tout en acceptant le traitement du Dr Kis et Leslie tombe enfin enceinte ! Mais, les premiers effets secondaires se font rapidement sentir : une pilosité soudaine et importante, des changements comportementaux inexplicables, de nouvelles envies...
Dix ans plus tard, les jumeaux Alice et Adam commencent à se poser des questions sur leurs parents : pourquoi n'ont-ils le droit d'inviter personne chez eux ? Pourquoi tous leurs animaux domestiques disparaissent soudainement sans laisser de traces ? Pourquoi leurs parents les enferment-ils à double tour chaque nuit dans leur chambre ? Et d'où proviennent les étranges bruits qu'ils entendent dans la chambre de leurs parents ?

Conception est le premier roman noir de Chase Novak, ancien journaliste aux États-Unis. Publié chez Préludes, il a été adoubé par Stephen King en personne : "A la fois terrifiant et sombrement drôle, Conception est une pure partie de plaisir". Je  ne peux que confirmer les paroles du Maître de l'Horreur : Conception se dévore plus qu'il ne se lit et mélange avec talent humour et horreur. Le roman commence dans la vie tranquille de la bonne société new-yorkaise et aborde des thèmes très réalistes comme le désir d'enfant, la maternité et la paternité. Mais, petit à petit, on tombe dans le fantastique sans pour autant oublier que l'on est dans le monde réel. Dès l'arrivée des jumeaux, Conception devient un vrai thriller avec course-poursuite haletante, suspense et rebondissements. On bascule aussi dans l'horreur avec des scènes bien gores et sanglantes comme il faut, âmes sensibles s'abstenir. La fin reste ouverte, c'est peut-être un peu dommage et l'on aimerait bien une suite ! Conception est donc un roman original qui a le don d'apporter rire et frissons à la fois et mérite, rien que pour cela, d'être lu.

lundi 19 janvier 2015

Un parfum d'herbe coupée de Nicolas Delesalle

La grand-mère de Kolia vient de mourir. Son grand-père, atteint d'Alzheimer, lâche dans un éclair de lucidité cette phrase : "Tout passe, tout casse, tout lasse". Ces quelques mots font l'effet d'un électrochoc à Kolia, si bien que des années après il s'en souvient encore. Dans ce roman qui n'en est pas vraiment un, l'auteur évoque des souvenirs dans une succession de petites histoires plus ou moins longues et les adresse à Anna, sa future arrière-petite-fille pour qu'elle sache qui il était.

"Papito, du haut de tes ruines, tu m'as dit la vérité toute nue alors que je l'aurais préférée accrochée à un ballon d'hélium et vêtue d'un truc sexy. Tout passe, tout casse, tout lasse. Ça m'a longtemps agacée. J'ai eu du mal à l'accepter. J'ai longtemps eu le sentiment de vivre à blanc, pour rien du tout. Dans trois générations, mon arrière-petite-fille ne connaîtra pas mon prénom. Elle ignorera tout de ma vie. Ma famille. Mes amours. Mes amis. Mes souvenirs."

C'est avec plaisir que j'ai lu Un parfum d'herbe coupée de Nicolas Delesalle. J'ai beaucoup aimé la façon dont le narrateur/auteur évoquait son enfance : avec humour, parfois de la tristesse mais surtout avec nostalgie et beaucoup d'émotion. Il ne tombe jamais dans le mièvre, même si on ressent aussi un peu de naïveté dans sa façon de raconter les choses. 

Magie du premier baiser, premiers émois sexuels, mort prématurée d'un ami, film X du premier samedi du mois sur Canal+ regardé en cachette, découverte de la lecture grâce à des enseignants passionnés, vacances en famille..., Kolia nous raconte les souvenirs marquants de sa vie et offre souvent des instantanés de pur bonheur qui nous touchent forcément ! Chacun peut se reconnaître dans un ou plusieurs de ces moments racontés, et développer ainsi une certaine intimité avec le narrateur, qui devient un proche, une connaissance. Un parfum d'herbe coupée est drôle, émouvant, fort, avec une écriture simple et fluide, et se lit d'une traite.

Il s'agit ici du tout premier livre publié par les éditions Préludes, un nouveau label de littérature du Livre de Poche, qui à travers dix livres par an, propose de faire découvrir à ses lecteurs des inédits : premiers romans français ou premières traductions pour la littérature étrangère. Et dans un format semi-poche, soit 13-15 euros. Le label propose aussi, à la fin de chaque ouvrage, des "passerelles", soit trois propositions de lecture pour découvrir d'autres romans du même genre ou sur le même thème. Enfin, leur site Internet est très bien fait et interactif. Voilà un concept qui me plaît et j'ai déjà acheté le deuxième titre paru : Conception de Chase Novak (à retrouver bientôt sur le blog).

Merci à Babelio et aux éditions Préludes pour ces belles découvertes romanesque et éditoriales.


jeudi 15 janvier 2015

À moi pour toujours de Laura Kasischke

Sherry Seymour est professeure à l'université, mariée et mère d'un garçon qui a bien grandi et qui a quitté la maison pour aller faire ses études ailleurs. Le jour de la Saint-Valentin, elle trouve dans son casier, un message anonyme : Sois à moi pour toujours. Flattée, elle est très intriguée par l'identité de son admirateur secret qui continue à lui écrire. Quant à son mari, il est à la fois jaloux, excité et semble même pousser sa femme à le tromper ! Un jeu dangereux qui pourrait se terminer très mal...

Quand je ne sais plus trop quoi lire, un petit tour en librairie suffit pour que je reparte avec un roman ou deux de la romancière américaine Laura Kasischke. Sur ce coup-ci, je n'ai pas été déçue, mais pas non plus été complètement emballée par À moi pour toujours. On a affaire ici à un bon roman à l'intrigue efficace, mais un peu attendue.

Ce que j'aime chez Laura Kasischke, ce sont ses portraits de femmes très réalistes. Sherry Seymour, c'est un peu l'archétype de la femme mature américaine, qui a l'air heureuse, dans sa vie bourgeoise, bien propre et bien ordonnée mais qui s'ennuie, se sent vieille et inutile depuis que son fils est parti. Bref, la crise de la quarantaine. Elle a besoin de se sentir vivante, désirée et l'arrivée d'un admirateur, potentiel amant, lui en apporte l'occasion. Elle se laisse donc aller à avoir une aventure et, pour la première fois de sa vie, s'écarte de sa vie bien ordonnée. Avec, semble-t-il, la bénédiction de son mari qui s'imagine ainsi rendre leur couple plus fort, pimenter leur vie sexuelle, sans se douter des conséquences tragiques qui vont en découler.

Il y a quand même toujours quelque chose de troublant, voire de malsain dans les romans de Laura Kasischke. Ici, on a des scènes sexuelles très crues, voire glauques, et on ne peut être que perturbée par le comportement de son mari, prenant du plaisir à imaginer sa femme avec un autre homme. Même sa relation avec son fils est parfois un peu limite. Reste heureusement l'écriture de Laura Kasischke qui me plaît beaucoup et participe énormément à mon plaisir de lecture ! À moi pour toujours est un bon roman, pas le meilleur Laura Kasischke, mais assez plaisant.

Mon avis sur d'autres romans de Laura Kasischke :
- Les Revenants
- A suspicious river
- Un oiseau blanc dans le blizzard
- En un monde parfait
- Esprit d'hiver