lundi 30 juillet 2012

L'impossible pardon de Randy Susan Meyers

La petite Lulu, dix ans, ouvre la porte à son père alors que sa mère lui avait interdit. Son père, complètement ivre, poignarde sa mère et blesse sa petite sœur, Merry. Avec une mère décédée et un père en prison, les deux petites filles se retrouvent chez leur grand-mère puis dans un orphelinat, et vont devoir apprendre à vivre après cette tragédie et à se reconstruire. 

Dans L'Impossible pardon, les récits sont alternés : on suit tour à tour Lulu ou Merry, de 1971 à 2003. Les deux sœurs vont prendre des chemins différents. Lulu, l'ainée, ne voudra plus entendre parler de son père, ni aller le voir et tentera de vivre en occultant toute cette tragédie, alors que Merry, qui garde pourtant sur sa poitrine la cicatrice lui rappelant sans cesse l'atrocité des actes de son père, ira le voir en prison, régulièrement, car il n'a plus qu'elle comme famille.

C'est un beau roman qu'a écrit Randy Susan Meyers. Au départ, j'étais un peu perplexe sur le côté "tragique sensationnel" du synopsis. Mais l'auteur a le don de raconter des histoires qui font que l'on s'attache aux personnages et que l'on veut connaître leur destinée. J'ai par contre été parfois perturbée par les ellipses de temps entre certains chapitres, que j'ai parfois trouvé trop grandes (les petites filles grandissent d'un coup, et prennent de l'âge très rapidement). Mais, tout est bien résumé dans chaque chapitre et le roman n'est jamais lassant. J'ai beaucoup aimé voir grandir les petites filles, les voir devenir des femmes et voir la vie qu'elles se construisent par rapport à ce père emprisonné qui ne quitte jamais leurs esprits.

Ce livre fait partie de la sélection du mois de juillet pour le Prix des Lecteurs-Livre de Poche.


vendredi 27 juillet 2012

Notre-Dame du Nil de Scholastique Mukasonga

Notre-Dame du Nil est un lycée de jeunes filles au Rwanda. Ces jeunes Rwandaises sont destinées à devenir l'élite du pays, en épousant des hommes choisis soigneusement par les familles dans l'intérêt de leur lignage. Isolé près des sources du Nil afin que les tentations ne parviennent pas jusqu'aux jeunes filles, le lycée est dirigé par le père Herménégilde et la mère supérieure, et emploie des professeurs belges, français et rwandais. Chaque année, au mois de mai, un pèlerinage est organisé en l'honneur de la Vierge Marie et tous se rendent auprès de sa statue. L'occasion pour les jeunes filles de sortir de leur lycée et de se mêler à la population, sous la vigilance constante de la mère supérieure....

Au lycée, il y a un quota ethnique : 10% des élèves doivent être Tutsi, et toutes les autres font partie du peuple majoritaire, les Hutus. Car même au lycée où tout pourrait être idyllique, la politique et la haine s'insinuent dans la vie des jeunes filles. Gloriosa, qui se voit bien en chef du lycée et représentante du peuple majoritaire, dira : "C'est cela le quota : vingt élèves, deux Tutsi, et à cause de cela, j'ai des amies, des vraies Rwandaises du peuple majoritaire, du peuple de la houe, qui n'ont pas eu de place en secondaire. Comme mon père le répète, il faudra bien nous débarrasser un jour de ces quotas, c'est une histoire de Belges !".  La belle Veronica et Virginia Mutamuriza (celle qui ne pleure jamais), les deux tutsi de la classe secondaire, vont devenir les objets principaux de sa haine... Car les Tutsi sont considérés comme des Inyenzi, des cafards, des moins que rien.

Et pourtant, pas très loin du lycée, vit Monsieur de Fontenaille, un vieux fou, peintre et anthropologue, persuadé que les Tutsi descendent des pharaons. En rencontrant Veronica, il croit voir la déesse Isis et construit un temple en son honneur.

Scholastique Mukasonga nous fait partager un an de la vie de ces jeunes filles, leurs amitiés, leurs découvertes, et puis la haine raciale, la jalousie, les complots qui s'insinuent petit à petit dans le lycée. Son écriture est très forte et les portraits des jeunes filles sont captivants. Ce roman est poignant et m'a profondément marquée. Lorsque l'on referme le livre, on ne cesse de penser au destin dramatique des jeunes filles et on se souvient alors que Scholastique Mukasonga a elle-même échappé au massacre des Tutsi. A travers le destin des lycéennes, on aperçoit le destin du peuple rwandais qui se déchire.

Ce roman fait partie de la sélection du Prix Océans 2012 organisé par Babelio et France Ô.

Scholastique Mukasonga est une écrivaine rwandaise d'expression française. Elle est l'auteur de plusieurs romans et a reçu le Prix Ahmadou Hourouma pour Notre-Dame du Nil en 2012.

mercredi 25 juillet 2012

Tangente vers l'est de Maylis de Kerangal

Aliocha, jeune russe, est appelé pour effectué son service militaire. A bord du Transsibérien qui l'emmène vers son affectation inconnue, il tente de s'enfuir. Il rencontre Hélène, une française qui traverse la Russie pour se rendre à Vladivostok et qui accepte de partager son wagon avec lui afin qu'il échappe à la traque des déserteurs.

Maylis de Kerangal nous embarque dans un huis-clos saisissant. Tout se passe à bord du Transsibérien et dans quelques gares entre Moscou et Vladivostok. Très peu de personnages peuplent ce court roman : Aliocha, Hélène, une provodnista (responsable de wagon) qui se prend d'affection pour le jeune conscrit et l'aide à se cacher et le sergent Letchov en charge des appelés. 

J'ai beaucoup aimé la relation qui se crée entre Hélène et Aliocha, relation renforcée par les heures et les jours passés seuls dans leur compartiment. Il y a très peu de dialogues dans ce roman : Hélène et Aliocha ne parlent pas la même langue et communiquent uniquement par gestes et surtout par regards. Si, à première vue, tous les opposent, ils finissent par se comprendre car quelque chose les rassemble : tous deux fuient. Aliocha fuit le service militaire, et notamment le diedovchina, le bizutage des appelés : "et lorsqu'il sera là-bas, si les conscrits de deuxième année lui brûlent la verge à la cigarette, lui font lécher les latrines, le privent de sommeil ou l'enculent, il sera seul, personne ne pourra rien pour lui". Hélène fuit Anton, son amant qu'elle a suivi jusqu'en Sibérie, mais qui maintenant a changé. Tous deux deviennent complices dans leur fuite. Vers où ? Vers quoi ? Ils ne savent pas trop, mais ils iront jusqu'au bout du voyage, pour récupérer leur liberté. De gare en gare, les personnages sont comme prisonniers du train, qui les emmènent peut-être vers une vie meilleure, mais en leur faisant subir des épreuves, comme la fouille du train à la recherche du déserteur, la peur qu'on les dénonce... Tout comme Hélène et Aliocha, on panique, on angoisse, on espère.

L'écriture de Maylis de Kerangal est à la fois brute et belle, un peu comme les paysages que le Transsibérien traverse. Une très belle découverte !

Ce livre fait partie de la sélection pour le Prix Océans, organisé par France Ô et Babelio.

lundi 23 juillet 2012

Je suis jury du Prix Océans !


Le Prix Océans est organisé pour la toute première fois par France Ô et Babelio. Il récompense un roman écrit en langue française "qui met en lumière les valeurs d'ouverture sur le monde, d'échanges, de dialogues des cultures et d'humanisme". Le jury est composé de douze jurés.


Douze livres sont sélectionnés :

Sauvage, de Nina Bouraoui
L’Empreinte à Crusoé, de Patrick Chamoiseau
En chute libre, de Carl de Souza
Il était une fois, l'Algérie, de Nabil Farès
Le Glacis, de Monique Rivet
Des Fourmis dans la bouche, de Khadi Hane
Les Racines du yucca, de Koulsy Lamko
Tangente vers l'Est, de Maylis de Kerangal
Malta Hanina, de Daniel Rondeau
Notre-Dame du Nil, de Scholastique Mukasonga
Bizango, de Stanley Péan
Rêves oubliés, de Léonore de Recondo

Beau programme non ? J'ai déjà commencé à lire certains de ces livres, et pour l'instant je suis conquise (billets à venir ) !

Je suis très contente de faire partie de l'aventure du Prix Océans, dont le parrain est Alain Mabanckou, dont vous pouvez retrouver une interview et plein d'autres informations sur la plate-forme dédiée au Prix Océans.

Le prix sera décerné à l'automne 2012.

vendredi 20 juillet 2012

Apocalyspe bébé de Virginie Despentes

Valentine, jeune fille riche de quinze ans, nymphomane et perturbée, disparaît. Lucie, qui travaille dans une agence de détectives privés, est chargée de la retrouvée alors qu'elle n'a pas les compétences pour. Elle fait appel à la Hyène, enquêteuse à son compte, qui baigne dans les activités clandestines, et lesbienne avérée. De Paris à Barcelone, toutes deux font équipe à la recherche de Valentine...

J'ai bien aimé le scénario du roman. On suit Lucie, jeune femme pas très brillante, plutôt effacée et sans grandes qualités et la Hyène qui interrogent les personnes que Valentine a fréquentées avant de disparaître : son père, sa belle-mère, son cousin, ses amis, sa mère... Tous ont droit à la parole dans un chapitre qui leur ait consacré : on en apprend toujours plus sur Valentine, mais aussi sur eux-mêmes. L'histoire est rondement menée, Virginie Despentes dévoile petit à petit les éléments de l'intrigue jusqu'à la fin, surprenante et bien amenée. 

J'ai moins aimé les petits côtés trash du roman. C'est la première fois que je lis Virginie Despentes et je savais bien qu'elle avait cette réputation. A Barcelone, Lucie se retrouve coincée dans une soirée partouze de lesbiennes à tendance sado-maso, et là je me suis demandée quel était l'intérêt pour le roman d'ajouter cette scène. Heureusement, il n'y en a pas tant que ça, sinon j'aurais été rapidement lassée ! L'autre point que j'ai trouvé un peu décevant, c'est le personnage de Lucie. C'est quand même cette jeune femme que l'on suit principalement, et elle n'a pas grand intérêt tellement elle est banale et sans relief. J'aurais aimé qu'elle évolue au fil du roman et qu'elle révèle des talents d'enquêtrice, mais non, elle ne fait que suivre la Hyène, personnage beaucoup plus intéressant.

Même si l'intrigue du roman était intéressante, je n'ai pas été totalement convaincue par ce roman, dommage !

Ce livre fait partie de la sélection littérature de juillet pour le Prix des Lecteurs Livre de Poche.

vendredi 13 juillet 2012

Swap de l'été !

Après le swap du printemps, j'ai participé au swap de l'été organisé par Lili du blog "La petite marchande de prose". 

Le but de ce swap ? Envoyer à son ou sa binôme un colis contenant au moins deux livres, une gourmandise et une surprise, le tout sur le thème de  l'été bien sûr ! 

Cette fois-ci, ma binôme est une blogueuse bien connue : il s'agit de Sabbio, qui écrit dans deux blogs, A l'ombre de mon cannelier (consacré à ses lectures) et En haut de mon cannelier (consacré à son travail d'artiste peintre). Je vous conseille fortement d'y aller faire un tour si vous ne connaissez pas encore Sabbio, pour admirer ses œuvres !

Et heureusement, cette fois-ci, pas de colis perdu en route ! Voici donc ce que contenait le colis envoyé par Sabbio :

Plein de petits paquets emballés dans ma couleur préférée :)

Tadaaaaaaaaa !

Ce qui nous donne :

- des livres : Le songe d'une nuit d'été de Shakespeare et La Traversée de l'été de Truman Capote.
- des gourmandises : les fameuses et délicieuses galettes de Pont-Aven qui rappellent avec nostalgie mes trop courts séjours en Bretagne et du thé vert bio que je vais m'empresser de goûter
- des surprises : le DVD de Beignets de tomates vertes qui m'a fait très plaisir étant donné que j'adore ce film et que je vais le re-re-re-re-regarder avec ma mère, fan elle aussi ; un marque-page très joli ; et l'accessoire féminin indispensable : un miroir pour mettre dans mon sac, surtout que celui-ci est spécial vu qu'il est décoré d'une reproduction d'une œuvre de Sabbio elle-même !
Le tout accompagné d'une carte très gentille représentant la fameuse affiche du Chat noir !

Un énorme merci à Sabbio pour ce colis merveilleux qui promet de beaux moments de lecture et de détente !! Et bien sûr, merci à Lili pour avoir organisé ce swap !

mercredi 11 juillet 2012

La Montagne invisible de Carolina De Robertis

Petite paysanne illettrée tout juste débarquée dans la capitale, abandonnée par un mari volage, Pajarita va mettre à profit sa connaissance des plantes médicinales et un savoir hérité de ses ancêtres indiens pour devenir une guérisseuse très appréciée. Le début d'un destin hors du commun... Eva, sa fille, rêve de poésie pour mieux oublier un quotidien sordide. Violée par son patron, rejetée par Andres, son ami d'enfance dont elle est éperdument amoureuse, elle décide de tenter l'aventure en Argentine. Une aventure qui la mènera dans les plus hautes sphères du pouvoir avant de précipiter sa chute... Salomé est la fille d'Eva. Le jeune interne qui assiste à sa naissance s'appelle Ernesto Guevara. Signe du destin ? À l'âge des premiers émois, la jeune lycéenne rejoint le groupe clandestin des Tupamaros... (4e de couverture)

La Montagne invisible est le roman de trois générations de femmes : Pajarita, la grand-mère, Eva sa fille, et Salomé sa petite-fille. A travers elles, on suit l'histoire de l'Uruguay : les gauchos, la président Batle, la montée du communisme, les tupamaros... L'histoire personnelle des trois femmes est insérée dans l'Histoire, de façon jamais ennuyeuse ni obscure pour quelqu'un qui ne connaît pas du tout l'histoire uruguayenne. C'est aussi l'histoire et l'évolution d'une ville, Montevideo (Monte. Vide. Eo. Je vois une montagne, avait dit le premier Européen en découvrant cette terre.)

Mais Carolina De Robertis s'intéresse surtout aux portraits de ces trois femmes fortes, courageuses, trahies et violentées par les hommes, mais qui toujours s'en sortiront, seules, pour la survie de leur famille. 

Alors qu'elle n'est qu'un bébé, Pajarita est abandonnée par son père et pourtant, quelques années plus tard, on la retrouve au sommet d'un arbre. Plus tard, alors que son mari l'abandonne, elle subvient aux besoins de sa famille grâce à sa connaissance des plantes. Les femmes font la queue pour que Pajarita, un peu magicienne, les écoute et leur donne les plantes adéquates pour les soulager.

Eva, après avoir été violée par son patron et rejettée par son père, trouvera sa force dans la poésie jusqu'à devenir célèbre. Partie en Argentine, elle y rencontre son mari, médecin, mais toute leur famille est obligée de fuir en Uruguay, quand Eva publie un poème antipéroniste. Elle se consacre alors totalement à sa poésie, au grand dam de son mari.

Salomé, à peine âgée de quinze ans, rejoindra le mouvement des Tupamaros, force armée qui œuvre pour la libération de l'Uruguay. Elle connaîtra la violence, la torture, la prison et devra apprendre à se reconstruire.

Avec un soupçon de magie, mais surtout beaucoup de poésie, Carolina de Robertis nous embarque dans son roman sans qu'on puisse le lâcher un instant ! J'ai découvert avec beaucoup de plaisir les destins de ces trois femmes fortes, liés au destin de leurs pays. On ne rit pas beaucoup, leurs vies étant dures, mais on est emporté par leurs histoires.

Ce livre fait partie de la sélection littérature de juin pour le Prix des Lecteurs Livre de Poche !


lundi 9 juillet 2012

Prix des Lecteurs Livre de Poche 2012 : bilan juin + sélection littérature de l'été

Avec pas mal de retard, je vous propose mon petit bilan du mois de juin pour le Prix des Lecteurs Livre de Poche. Il y avait quatre livres à lire (voir ici). Globalement, j'ai bien aimé la sélection du mois de juin. Dans l'ordre de préférence, La Montagne invisible de Carolina De Robertis (billet à venir), Dans la ville d'or et d'argent de Kenizé Mourad, Les témoins de la mariée de Didier Van Cauwelaert et enfin, la petite déception du mois, Chevalier de l'ordre du mérite de Sylvie Testud. Je n'ai d'ailleurs pas fait de billet pour ce petit roman, car je n'avais pas grand chose à en dire, vite lu, vite oublié... 


Alors, qu'allons-nous lire cet été pour le Prix des Lecteurs Livre de Poche ?

JUILLET

Apocalyspe bébé de Virginie Despentes :
4e de couv' : Valentine a disparu... Qui la cherche vraiment ? Entre satire sociale, polar contemporain et romance lesbienne, le nouveau roman de Virginie Despentes est un road-book qui promène le lecteur entre Paris et Barcelone, sur les traces de tous ceux qui ont connu Valentine, l'adolescente égarée… Les différents personnages se croisent sans forcément se rencontrer, et finissent par composer, sur un ton tendre et puissant, le portrait d'une époque.

 
 
 
Les Aventures fantastiques d'Hercule Barfuss de Carl-Johan Vallgren :
4e de couv' : Hiver 1813. Dans une maison close de Königsberg, deux enfants, Hercule et Henriette, naissent la même nuit. Infirme, nain, sourd et muet, Hercule possède un talent bien singulier, celui de lire dans les pensées. Le destin les sépare brutalement. La vie du garçon devient alors une suite de drames, de persécutions, de meurtres… Malgré les épreuves atroces qu’il doit affronter, Hercule n'aura de cesse de retrouver sa bien-aimée, la douce et belle Henriette. À travers cette histoire d'amour, étrange et émouvante, C.-J. Vallgren livre une peinture à la fois sombre et lumineuse de l'Europe à peine sortie des guerres napoléoniennes, où l’injustice, l’intégrisme religieux et l’obscurantisme font bon ménage.

L'impossible pardon de Randy Susan Meyers :
4e de couv' : Malgré l’interdiction formelle de sa mère, Lulu, dix ans, ouvre la porte à son père. L’homme, ivre et hors de lui, poignarde sa femme et blesse la petite Merry, six ans. Recueillies par leur grand-mère avant d’être envoyées dans un orphelinat, les deux fillettes vont grandir et se construire malgré cette tragédie. Tandis que l’aînée raye son père de son existence, la cadette lui rend visite en prison. Confrontées à une même douleur, Lulu et Merry réagissent différemment : la première veut bâtir sa vie vaille que vaille, l'autre se débat sans répit dans ses traumatismes. Alternant les récits des deux sœurs sur une trentaine d'années, ce roman bouleversant aborde avec force et nuance les questions de la survie, de la culpabilité et de la lente reconstruction de ces enfants meurtries.
 
Kane et Abel de Jeffrey Archer :
4e de couv' : Ils sont nés le même jour et pourtant tout les sépare : William Kane et Wladek Rosnovski, le fils de banquier de Boston et l'orphelin polonais recueilli par un paysan. À leur naissance, le 18 avril 1906, l'un paraît promis à la réussite et à la puissance dans le Nouveau Monde. L'autre semble condamné à la misère et aux désastres qui ravagent le Vieux Continent. Mais le destin va réunir ces deux hommes dans une lutte acharnée pour l'argent et le pouvoir, où chacun sait qu'il ne pourra y avoir qu'un gagnant... Au cœur de l'Amérique du XXe siècle, cette odyssée magistrale réinvente le mythe immémorial des jumeaux ennemis. Un roman bouleversant, devenu un roman-culte.
 
 
AOUT 

Ru de Kim Thuy :
4e de couv' : Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l'enfance dans sa cage d'or à Saigon, l'arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d'un bateau au large du golfe de Siam, l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, Ru dit le vide et le trop-plein, l'égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragicomiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d'un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d'argent, Kim Thúy restitue le Vietnam d'hier et d'aujourd'hui avec la maîtrise d'un grand écrivain.
 
Quand la nuit de Cristina Comencini : 
4e de couv' : Marina a la fragilité d'une jeune fille et un fils de deux ans, Marco. Une maternité qu’elle n’assume pas : elle se sent maladroite, impatiente, brutale. Pour se reposer, elle loue un appartement dans les Dolomites et part avec l’enfant… Manfred est le propriétaire de cet appartement. Sa mère les a abandonnés, lui, son père et ses frères, puis sa femme l'a quitté. Il est aigri et misogyne. Ils n'ont rien pour se plaire, sinon un noyau de solitude qu'ils partageront, brutalement quand la nuit vient, alors que montent le désir et l'absence de l'autre. Dans ce roman écrit à deux voix, Cristina Comencini fait jaillir du silence des personnages, du paysage minéral qui les entoure, une prose enivrante et désespérée.
 
Jack Rosenblum rêve en anglais de Natasha Solomons :4e de couv' : Depuis qu'il a débarqué en Angleterre en 1937, Jack Rosenblum s’emploie à devenir un véritable gentleman britannique. Durant quinze ans, il a rédigé un guide exhaustif des us et coutumes de son pays d'adoption : il sait où acheter la marmelade, écoute tous les jours le bulletin météo de la BBC et ne parle plus allemand que pour proférer des jurons. Malgré toute sa bonne volonté, son désir se heurte à la force d'inertie de son épouse Sadie, qui refuse obstinément d'oublier le monde juif allemand qui était le leur. Jack est pourtant persuadé d'avoir trouvé sa patrie. Il ne lui reste d’ailleurs plus qu’une épreuve à surmonter pour réaliser son rêve : devenir membre d'un club de golf à Londres. On ne veut pas de lui ? Qu'à cela ne tienne, il quittera la capitale pour s'installer à la campagne et entreprendra de construire son propre green...
 
Comme des larmes sous la pluie de Véronique Biefnot :
4e de couv' : Écrivain à succès, Simon Bersic ne parvient pas à surmonter la perte de sa femme et vit reclus avec son fils. Sa rencontre avec Naëlle va-t-elle lui offrir une seconde chance ? Naëlle, magnifique et mystérieuse, qui lui échappe et qu’il finira par apprivoiser. Lorsque les amants se retrouvent au cœur d'un sordide fait divers qui secoue la Belgique, Simon va devoir affronter l'insupportable. Implacable scénario, entrecoupé d'énigmatiques séquences où une petite voix enfantine s'élève dans la nuit, recouvrant le récit d'un voile d'ombre, Comme des larmes sous la pluie est un étourdissant thriller amoureux.
 
 
Bon, j'ai hâte de lire tout ces livres cet été ! J'avais repéré depuis longtemps Ru de Kim Thuy, mais je connais pas les autres, j'espère que ce sera de belles découvertes.
 
Et vous, que pensez-vous des livres de cette sélection ?
 
 
Pour information, voici un récapitulatif des livres choisis par le jury de lecteurs :
- février : Le front russe de Jean-Claude Lalumière
- mars : Le Club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
- avril : La balade de Lila K de Blandine Le Callet
- mai : Purge de Soki Oksanen
- juin : La Montagne Invisible de Carolina De Robertis

jeudi 5 juillet 2012

Paris mutuels de Jean-Marie Laclavetine

Vincent, narrateur de cette histoire, est un être immature, naïf, nul en affaires, pitoyable en amour, déloyal en amitié, et nombre de ses comportements sont impossibles à justifier. Pour sa défense on plaidera que s'il n'avait pas rencontré Léa, un jour funeste sur un champ de courses, sa vie aurait pu prendre un tour plus acceptable. Hélas il y eut Léa, et avec elle arrivèrent les malheurs dont on découvrira ici l'enchaînement fatal. (extrait de la 4e de couv').


Paris mutuels n'est pas l'histoire d'un amour entre un homme et une femme. Dans ce roman, il n'y a rien de romantique. Et pourtant, tout part d'une rencontre : celle de Vincent et de la très séduisante Léa dans un hippodrome à Paris. Léa jette son dévolu sur Vincent, banal, pas très brillant ni ambitieux, et il tombe fou amoureux d'elle. Ambitieuse, Léa l'est et elle prend très vite le contrôle de la petite affaire de Vincent, qu'il tient avec son ami Angelo, et la diversifie : le club de boxe française amateur devient petit commerce de cocaïne, ectasy, érythropoïétine... Et elle ne s'arrête pas là. Elle prend littéralement le contrôle de Vincent, de son argent, de sa vie, le poussant même à aller en prison à sa place pour des fraudes qu'elle a commises. Bref, on se demande comment Vincent a pu être aussi aveugle et se laisser berner par Léa, alors même qu'il avait été mis en garde dès le début par son fidèle ami Angelo, celui qui restera auprès de Vincent, même dans les pires moments. Car des moments difficiles, Vincent va en connaître...

C'est avec beaucoup d'humour noir que Jean-Marie Laclavetine nous fait partager le quotidien de Vincent. Le point fort de roman est de nous avoir fait apprécier Vincent. On finit par s'attacher à ce personnage faible, manipulé par une femme infecte et détestable, qui devient une brute au service de riches malfrats, mais qui heureusement, reprend du poil de la bête dans le deuxième partie du roman. Écrit entièrement selon le point de vue de Vincent, on suit ses pensées et ses faits et gestes qu'il nous fait partager rétrospectivement. Car ce récit se veut instructif afin de prévenir le lecteur des excès de l'amour, et Vincent, dans ce qu'il a d'humain, en est le parfait exemple.

Autre point fort du roman : le style de l'auteur. Jean-Marie Laclavetine écrit de façon simple et juste. Il alterne les courts chapitres et son roman se lit d'une traite, sans jamais provoquer d'ennui chez le lecteur.
Le seul reproche que je puisse faire, c'est sur l'aveuglement de Vincent, parfois peu crédible, sur sa femme Léa. Heureusement, la fin est jubilatoire et jouissive, et on prend enfin notre revanche avec Vincent !

Extrait :  

Je n'ai jamais choisi. La vie me traîne ici ou là, je vais où elle me conduit, je me laisse porter. J'ai tout accepté, toujours. Par manque d'intelligence, peut-être, à cause d'une forme particulièrement lamentable de lâcheté, c'est possible, mais plutôt en raison d'une résignation congénitale, d'une absence absolue de croyance, d'un doute de tréfonds. Rarement rencontré, le bonheur m'étouffe ; le sachant éphémère, je préfère hâter sa fin pour retrouver le lugubre confort de la mélancolie ; quitte à perdre ce qui m'est cher, autant que ce soit de mon fait ; voilà pourquoi je détruis tout. 


Merci aux Agents littéraires pour l'envoi de ce livre !