Vincent, narrateur de cette histoire, est un
être immature, naïf, nul en affaires, pitoyable en amour, déloyal
en amitié, et nombre de ses comportements sont impossibles à
justifier. Pour sa défense on plaidera que s'il n'avait pas
rencontré Léa, un jour funeste sur un champ de courses, sa vie
aurait pu prendre un tour plus acceptable. Hélas il y eut Léa, et
avec elle arrivèrent les malheurs dont on découvrira ici
l'enchaînement fatal. (extrait de la 4e de couv').
Paris
mutuels n'est
pas l'histoire d'un amour entre un homme et une femme. Dans ce roman,
il n'y a rien de romantique. Et pourtant, tout part d'une rencontre :
celle de Vincent et de la très séduisante Léa dans un hippodrome à
Paris. Léa jette son dévolu sur Vincent, banal, pas très brillant
ni ambitieux, et il tombe fou amoureux d'elle. Ambitieuse, Léa l'est
et elle prend très vite le contrôle de la petite affaire de
Vincent, qu'il tient avec son ami Angelo, et la diversifie : le club
de boxe française amateur devient petit commerce de cocaïne,
ectasy, érythropoïétine... Et elle ne s'arrête pas là. Elle
prend littéralement le contrôle de Vincent, de son argent, de sa
vie, le poussant même à aller en prison à sa place pour des
fraudes qu'elle a commises. Bref, on se demande comment Vincent a pu
être aussi aveugle et se laisser berner par Léa, alors même qu'il
avait été mis en garde dès le début par son fidèle ami Angelo,
celui qui restera auprès de Vincent, même dans les pires moments.
Car des moments difficiles, Vincent va en connaître...
C'est
avec beaucoup d'humour noir que Jean-Marie Laclavetine nous fait
partager le quotidien de Vincent. Le point fort de roman est de nous
avoir fait apprécier Vincent. On finit par s'attacher à ce
personnage faible, manipulé par une femme infecte et détestable,
qui devient une brute au service de riches malfrats, mais qui
heureusement, reprend du poil de la bête dans le deuxième partie du
roman. Écrit entièrement selon le point de vue de Vincent, on suit
ses pensées et ses faits et gestes qu'il nous fait partager
rétrospectivement. Car ce récit se veut instructif afin de prévenir
le lecteur des excès de l'amour, et Vincent, dans ce qu'il a
d'humain, en est le parfait exemple.
Autre
point fort du roman : le style de l'auteur. Jean-Marie Laclavetine
écrit de façon simple et juste. Il alterne les courts chapitres et
son roman se lit d'une traite, sans jamais provoquer d'ennui chez le
lecteur.
Le
seul reproche que je puisse faire, c'est sur l'aveuglement de
Vincent, parfois peu crédible, sur sa femme Léa. Heureusement, la
fin est jubilatoire et jouissive, et on prend enfin notre revanche
avec Vincent !
Extrait
:
Je
n'ai jamais choisi. La vie me traîne ici ou là, je vais où elle me
conduit, je me laisse porter. J'ai tout accepté, toujours. Par
manque d'intelligence, peut-être, à cause d'une forme
particulièrement lamentable de lâcheté, c'est possible, mais
plutôt en raison d'une résignation congénitale, d'une absence
absolue de croyance, d'un doute de tréfonds. Rarement rencontré, le
bonheur m'étouffe ; le sachant éphémère, je préfère hâter sa
fin pour retrouver le lugubre confort de la mélancolie ; quitte à
perdre ce qui m'est cher, autant que ce soit de mon fait ; voilà
pourquoi je détruis tout.
Ah, je ne lis pas encore ta note de lecture parce que je les lis les romans de cette collection (super collection, d'ailleurs, je te conseille les autres titres) mais celui-ce, je ne l'ai pas encore lu... Passe un bel été.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas cette collection, mais en tout cas, j'ai beaucoup aimé leur maquette !
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