jeudi 5 juillet 2012

Paris mutuels de Jean-Marie Laclavetine

Vincent, narrateur de cette histoire, est un être immature, naïf, nul en affaires, pitoyable en amour, déloyal en amitié, et nombre de ses comportements sont impossibles à justifier. Pour sa défense on plaidera que s'il n'avait pas rencontré Léa, un jour funeste sur un champ de courses, sa vie aurait pu prendre un tour plus acceptable. Hélas il y eut Léa, et avec elle arrivèrent les malheurs dont on découvrira ici l'enchaînement fatal. (extrait de la 4e de couv').


Paris mutuels n'est pas l'histoire d'un amour entre un homme et une femme. Dans ce roman, il n'y a rien de romantique. Et pourtant, tout part d'une rencontre : celle de Vincent et de la très séduisante Léa dans un hippodrome à Paris. Léa jette son dévolu sur Vincent, banal, pas très brillant ni ambitieux, et il tombe fou amoureux d'elle. Ambitieuse, Léa l'est et elle prend très vite le contrôle de la petite affaire de Vincent, qu'il tient avec son ami Angelo, et la diversifie : le club de boxe française amateur devient petit commerce de cocaïne, ectasy, érythropoïétine... Et elle ne s'arrête pas là. Elle prend littéralement le contrôle de Vincent, de son argent, de sa vie, le poussant même à aller en prison à sa place pour des fraudes qu'elle a commises. Bref, on se demande comment Vincent a pu être aussi aveugle et se laisser berner par Léa, alors même qu'il avait été mis en garde dès le début par son fidèle ami Angelo, celui qui restera auprès de Vincent, même dans les pires moments. Car des moments difficiles, Vincent va en connaître...

C'est avec beaucoup d'humour noir que Jean-Marie Laclavetine nous fait partager le quotidien de Vincent. Le point fort de roman est de nous avoir fait apprécier Vincent. On finit par s'attacher à ce personnage faible, manipulé par une femme infecte et détestable, qui devient une brute au service de riches malfrats, mais qui heureusement, reprend du poil de la bête dans le deuxième partie du roman. Écrit entièrement selon le point de vue de Vincent, on suit ses pensées et ses faits et gestes qu'il nous fait partager rétrospectivement. Car ce récit se veut instructif afin de prévenir le lecteur des excès de l'amour, et Vincent, dans ce qu'il a d'humain, en est le parfait exemple.

Autre point fort du roman : le style de l'auteur. Jean-Marie Laclavetine écrit de façon simple et juste. Il alterne les courts chapitres et son roman se lit d'une traite, sans jamais provoquer d'ennui chez le lecteur.
Le seul reproche que je puisse faire, c'est sur l'aveuglement de Vincent, parfois peu crédible, sur sa femme Léa. Heureusement, la fin est jubilatoire et jouissive, et on prend enfin notre revanche avec Vincent !

Extrait :  

Je n'ai jamais choisi. La vie me traîne ici ou là, je vais où elle me conduit, je me laisse porter. J'ai tout accepté, toujours. Par manque d'intelligence, peut-être, à cause d'une forme particulièrement lamentable de lâcheté, c'est possible, mais plutôt en raison d'une résignation congénitale, d'une absence absolue de croyance, d'un doute de tréfonds. Rarement rencontré, le bonheur m'étouffe ; le sachant éphémère, je préfère hâter sa fin pour retrouver le lugubre confort de la mélancolie ; quitte à perdre ce qui m'est cher, autant que ce soit de mon fait ; voilà pourquoi je détruis tout. 


Merci aux Agents littéraires pour l'envoi de ce livre !

2 commentaires:

  1. Ah, je ne lis pas encore ta note de lecture parce que je les lis les romans de cette collection (super collection, d'ailleurs, je te conseille les autres titres) mais celui-ce, je ne l'ai pas encore lu... Passe un bel été.

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  2. Je ne connaissais pas cette collection, mais en tout cas, j'ai beaucoup aimé leur maquette !

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