vendredi 10 janvier 2014

Le Peintre d'éventail / Hubert Haddad

Matabei se retire du monde après un terrible accident qui a causé la mort d'une jeune fille. Il jette son dévolu sur la paisible pension de dame Hison, en pleine nature, et se lie d'amitié avec le vieux jardinier, Osaki. Ce dernier est en fait un peintre d'éventail et un poète talentueux, dont Matabei va devenir le disciple et le successeur. A la pension, il rencontre les habitués des lieux et le jeune Xu Hi-han dont il va chercher à faire l'éducation. Xu Hi-han, le narrateur, nous rapporte les dernières paroles de Matabei, sa vie et son œuvre.

"L'histoire vraie de Matabei Reien - celle qui concerne les amateurs de haïkus et de jardins - commence vraiment ce jour d'automne pourpre où dame Hison l'accueillit dans son gîte."

Hubert Haddad emmène le lecteur dans un Japon merveilleux comme j'en ai toujours rêvé, un Japon contemplatif où le temps s'écoule différemment, rythmé par les changements de saison, un Japon où la nature est omniprésente. Le jardin de la pension de dame Hison est un paradis sur terre où la flore et la faune s'épanouissent grâce aux bons soins de Maître Osaki et de Matabei.
Mais cette nature paisible et harmonieuse peut aussi se déchainer à tout moment, entrainant destruction et chaos. Ce Japon à deux visages, régulièrement secoué par des tremblements de terre, Hubert Haddad réussit parfaitement à le saisir, nous faisant basculer d'un monde idyllique à un état apocalyptique.
Quand ce ne sont pas les forces de la nature, ce sont les passions des hommes qui viennent troubler la communauté sereine de la pension...

Le Peintre d'éventail est aussi un roman sur la transmission, de Maître Osaki à Matabei, puis de Maître Matabei à Xu Hi-han : transmission de l'Art, la peinture sur éventail et la poésie, et d'un savoir-faire, la création d'un jardin parfait. C'est cet apprentissage et l'amitié et le respect qu'il éprouve pour son maître qui sauvent Matabei de sa solitude et lui réapprennent à aimer.

"Le manuel du parfait jardin de maître Osaki se nichait donc, dessins et poèmes, dans les pliures de ses trois lots d'éventails. Après l'enseignement oral, indispensable, Matabei découvrit ainsi l'enseignement réservé au seul initié posthume. Chaque éventail ouvert était tout à la fois une page du secret et un coup de vent dans les bonheurs du jardin."

La beauté et la poésie de l'écriture d'Hubert Haddad sont parvenues à me faire voyager dans un Japon plein de grâce, où la nature, majestueuse et terrible, est un personnage à part entière.

C'est donc une très belle lecture pour commencer le Prix Océans, dont je suis juré, et je vous invite à visiter le site pour découvrir les avis des autres membres du jury.

4 commentaires:

  1. J'en ai lu déjà plusieurs avis très positifs et le tien s'ajoutent à toutes ces chroniques tentantes. J'aime ce Japon contemplatif, poétique et parfois déchaîné. Le titre était déjà noté quelque part mais du coup, je le surligne ;)

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    1. J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi. C'est vraiment l'image du Japon que je me fais, même si elle n'est pas forcément vraie !

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  2. Livre que j'avais déjà lu, et dont je garde un souvenir émerveillé.Le reste parait bien fade à côté......

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    1. Tu veux dire le reste de la sélection pour le prix ?

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