Tom Smith, un vieil homme, reçoit un colis de la part d'une étude de notaires. Des souvenirs douloureux et puissants remontent à lui. Soldat africain du sud, il se bat pendant la Seconde Guerre Mondiale. Emprisonné dans un camp italien, il y fait la connaissance de Doug et Danny. Dans cette promiscuité impossible à éviter, de nouveaux et forts sentiments vont les unir engendrant la plus belle des solidarités, mais aussi des conflits violents et passionnés.
Dans Paradis amer, Tatamkhulu Afrika s'inspire de sa propre expérience de prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale. La vie du camp est donc réelle et la lecture n'est pas facile car l'auteur ne nous épargne rien : la saleté, les maladies, la faim, la mort, les exécutions... Il en ressort des passages très difficiles et aussi très intimes, à tel point que l'on a parfois l'impression d'en voir plus que l'on ne devrait. Mais dans ces camps, il ne reste que peu de place pour l'intimité des prisonniers et l'auteur nous plonge littéralement dans la vie d'un prisonnier.
Il ne s'agit pas ici d'un camp nazi et les prisonniers sont sensiblement "mieux" traités que dans un camp de concentration. J'ai été assez étonnée par la description de la vie du camp dans ce roman. Je n'imaginais pas vraiment que l'on puisse y trouver un marché noir très développé, des métiers différents (certains prisonniers sont coiffeurs et d'autres blanchisseurs) et surtout un théâtre où se jouent des pièces pour les prisonniers et même pour les gardes. Parfois, on en oublierait presque que l'on se trouve dans un camp de prisonniers tant les problématiques du théâtre (la mise en scène, les acteurs, les costumes, le trac avant de monter sur scène) prennent le pas sur le reste.
Mais c'est surtout la relation qui se développe entre Tom et Doug, et ensuite Tom et Danny, qui est au centre du roman. Alors qu'ils sont tous les trois hétérosexuels, et même parfois mariés et pères, ils font face à la naissance d'un désir interdit, qu'ils rejettent, qu'ils ignorent et qu'ils finissent presque par accepter. Je dois avouer que le personnage de Doug ne m'a pas convaincue : sa façon de materner Tom, sa jalousie et son extraordinaire transformation finale m'ont rendu ce personnage extrêmement antipathique et peu crédible. Au contraire, les liens qui unissent Tom et Danny m'ont semblé plus beaux, plus purs et la force pour survivre qu'ils en retirent est incroyable.
Cette lecture n'a donc pas été toujours aisée pour moi par la dureté des thèmes évoqués, par le voyeurisme que j'ai pu parfois ressentir mais aussi par certaines tournures d'écritures qui alourdissent parfois le roman. J'ai le souvenir d'une page où je me suis arrêtée pour compter le nombre de fois où l'auteur utilisait "comme..." ou "tel que..." : plus d'une dizaine de fois dans une seule page ! Mais, peut-être s'agit-il d'un problème de traduction maladroite ? Malgré tout, je suis ressortie passablement secouée de cette lecture et envahie par un sentiment d'espoir en voyant que même des conditions terribles et mortelles, un sentiment aussi pur que l'amour pouvait naître.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire