Quelques jours avant la fermeture définitive du centre d'immigration d'Ellis Island en novembre 1954, John Mitchell, le directeur et dernier habitant du site, écrit un journal dans lequel il retrace sa vie à Ellis Island et les rencontres déterminantes qu'il a faites. Il évoque les souvenirs avec beaucoup d'émotion Liz son épouse et Nella, immigrante italienne, deux femmes qui ont bouleversé sa vie.
A travers le destin d'un individu, John Mitchell, c'est aussi un peu l'Histoire américaine que Gaëlle Josse évoque dans son roman. En effet, Ellis Island était l'entrée principale des migrants aux États-Unis et l'auteur parvient à merveille à évoquer leur arrivée, après de longs trajets éprouvants en bateau, leur misère, leur peur de se voir refuser l'entrée dans le pays de la Liberté, les contrôles avec le questionnaire de vingt-neuf questions, les mises en quarantaine, les épidémies qui ont tué des milliers de migrants... Ellis Island a également été un camp de prisonniers pendant et après la Seconde Guerre Mondiale et le rôle de John Mitchell a alors été différent, passant ainsi à gardien de prison.
Mais, Le dernier gardien d'Ellis Island, c'est aussi et surtout l'histoire d'un homme qui fait le bilan de sa vie et se retrouve face à ses choix, ses doutes et ses regrets. Il a connu l'Amour, la passion et a commis des erreurs dont il gardera des remords toute sa vie. Avec une écriture simple et fluide, Gaëlle Josse nous livre un beau récit, celui d'un destin bien humain plongé au cœur de l'Histoire américaine.
Mon seul regret sur ce texte est qu'il se lit trop vite. J'aurais aimé plus de récits d'immigrés, plus de personnages, plus de profondeur.
Extrait :
"Oui, c'est par la mer que tout est arrivé, par ces bateaux remplis de miséreux tassés comme du bétail dans des entrepôts immondes d'où ils émergeaient, sidérés, engourdis et vacillants, à la rencontre de leurs rêves et de leurs espoirs. Je les revois. On parle tout les langues ici. C'est une nouvelle Babel, mais tronquée, arasée, arrêtée dans son élan et fixée au sol. Une Babel après son anéantissement par le Dieu de la Genèse, une Babel de la désolation, du dispersement et du retour de chacun à sa langue originelle."
Pour compléter la lecture du roman, Gaëlle Josse a créé un site web très intéressant qui réunit photographies des immigrés d'Ellis Island et chansons autour de l'exil : http://derniergardienellis.tumblr.com/
Ce roman sera publié le 4 septembre 2014 aux éditions Noir sur blanc. Je les remercie beaucoup, ainsi que Babelio pour leur opération Masse critique.
Bonjour. Je risquais au départ, en tant que chercheur sur la société sarde, l'émigration italienne, et New-York dans les années vingt (voilà qui commence à faire beaucoup) de porter un regard quelque peu "spécialisé"... Je ne l'ai d'ailleurs pas mis totalement entre parenthèses, en ce sens qu'en principe j'aurais relevé toute erreur factuelle. Mais c'est en tant que "simple lecteur" que j'ai été pris par ce livre, qui est ce que j'ai lu de plus beau depuis longtemps.
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