lundi 20 juin 2011

Purge de Sofi Oksanen

Sofi Oksanen est née en Finlande en 1977, d'un père finlandais et d'une mère estonienne. Elle publie en 2003 son premier roman, Stalinin lehmät ("les vaches de Staline"), récompensé en Finlande, puis, en 2005, Baby Jane. C'est en 2008 que paraît, en Finlande, Purge, récompensé par plusieurs prix littéraires. En 2010, Purge est traduit en français aux éditions Stock. Il reçoit le Prix Femina étranger et le Grand prix de la littérature du Conseil nordique.

Purge débute en 1992, en Estonie, au lendemain de la chute de l'empire soviétique. Aliide Truu, une vielle dame, vit seule, à la campagne, entourée d'une forêt, dans la crainte des pillages, alors que la population estonienne fête le départ des Russes. Un matin, elle trouve endormie dans son jardin, Zara, une jeune fille, dans un sale état. D'abord méfiante, elle va prendre peu à peu Zara sous son aile et, de la confrontation des histoires des deux femmes, vont surgir des secrets les reliant toutes deux.

Le récit se déroule sur plusieurs périodes différentes :

- Année 1992 en Estonie : Aliide Truu rencontre Zara, endormie dans son jardin. Petit à petit, leur lien et les secrets qui les entourent sont dévoilés.
- Dans les années 1990-1991 à Berlin : Zara, qui a quitté la Russie pour Berlin, connaît une terrible désillusion lorsque Pacha et Lavrenti, la force à se prostituer.
- Dans les années 1950 en Estonie : on retrouve Aliide, plus jeune, qui vit avec ses parents et sa sœur Ingel. C'est le récit d'une jalousie entre sœurs et d'un amour non partagé, Aliide aimant Hans, qui deviendra le mari d'Ingel. Mais le récit se fait aussi historique en évoquant le départ des Allemands après leur défaite, l'arrivée des soviétiques, la collaboration, les interrogatoires et les dénonciations, les violences faites aux Estoniens...

Des chapitres courts évoquent l'une ou l'autre des périodes et se succèdent, et parfois, un extrait du journal  de Hans Pekk, paysan estonien, vient compléter la narration et séparer les quatre grandes parties du récit.

Mon avis sur ce livre est assez mitigé. J'ai apprécié les rappels historiques d'une époque et d'un pays, l'Estonie, qui m'étaient méconnus. Cependant, les longues descriptions intervenant au début du récit ont failli m'empêcher de continuer la lecture. J'ai eu du mal à y entrer, l'auteur explorant le moindre détail, de la mouche volant dans la cuisine d'Aliide à la viande contaminée par les œufs des mouches, en passant par des scènes sexuelles très crues. Les odeurs sont très présentes, odeurs d'oignon, de cuisine, de raifort, de sueur, qui m'ont littéralement envahie. Les personnages, méfiants, sales, terrifiés, sont d'un abord peu sympathique. Une fois les cent premières pages (environ) dépassées, l'histoire devient enfin intéressante, notamment celle d'Aliide, Ingel et Hans.

Aliide est d'ailleurs un personnage terrible,  presque tragique, qui, pour  garder l'homme qu'elle aime près d'elle, se révèle prête à tout, même l'insupportable. Quant à Zara, jeune fille naïve à la recherche de liberté, elle se retrouve prise au piège dans un monde atroce, dont elle ne survivra qu'avec sa force de caractère et ses souvenirs.

Mais, dans ce livre,  il faut sans cesse passer d'une période à une autre, avec parfois l'envie de sauter des passages, moins prenants.  Bref, je ne regrette pas d'avoir réussi à passer le cap des cent premières pages et j'ai apprécié le fait d'entrevoir des événements historiques, de la Seconde Guerre Mondiale à la chute du Mur de Berlin, d'un autre point vue et d'un autre pays que la France et l'Allemagne. Mais, l'écriture du texte, très hachée, et le foisonnement des détails ne m'ont pas séduite.

Extraits : 

Bien qu’Aliide tentât depuis une bonne heure de lui régler son compte, la mouche était sortie victorieuse de chaque round, et elle voletait maintenant au ras du plafond en bourdonnant grassement. Une mouche à viande dégueulasse, élevée dans une fosse à ordures. Elle finirait quand même par l’avoir. Elle allait se reposer un peu, la liquider, et puis se consacrer à écouter la radio et faire des conserves. Les framboises l’attendaient, et les tomates, les tomates mûres et juteuses. 

Cette lecture a été faite en commun avec Delphine, retrouvez son avis sur son blog ici !

7 commentaires:

  1. Bon bah je vois qu'on est tout à fait d'accord ! Même ressenti

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  2. Même ressenti pour moi aussi, mais le style chargé ne m'a pas plus du tout. En effet trop de descriptions.

    Je ne comprends pas l'engouement général autour de ce roman, nous on l'a démoli, et un bon nombre de personnes sont venues nous féliciter par la suite

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  3. Je m'attendais à mieux, il est vrai, vu les critiques dans la presse. Vous avez déjà lu un autre livre de Sofi Oksanen ?

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  4. Bon, je me "méfiais" un peu de ce livre, je n'ai encore rien lu en littérature nordique (bah oui) mais vu les avis ici et là, je ne commencerais pas par celui-ci c'est clair !

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  5. En littérature nordique et sous le conseil d'une collègue, j'ai lu "Un long chemin" d'Herbjorg Wassmo. Rien à voir avec Purge et j'ai beaucoup aimé.

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  6. Je n'ai pas du tout accroché à ce roman, que j'ai fini par abandonner. Je n'ai pas aimé le style, trop haché, et encore moins les inutiles descriptions, comme la fille qui fait prendre sa douche à l'autre fille. Je ne comprends pas le succès de ce roman.

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  7. Je suis d'accord avec toi, il y a beaucoup de descriptions inutiles !

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