Martine est retournée vivre chez sa mère et passe ses journées au lit à fumer et regarder des séries. Elle a visiblement subi un traumatisme, qu'elle cherche à oublier et dont on ne connait vraiment la nature qu'à la fin, et qui l'a poussée à abandonner sa vie d'avant, son travail et ses enfants pour se réfugier chez sa mère. Commence alors une longue introspection où Martine livre des morceaux d'elle-même et raconte son séjour chez sa mère et à l'hôpital psychiatrique où elle est internée après une tentative de suicide.
"Parfois je me disais allez c'est l'heure mais je ne savais pas quelle heure il pouvait être alors c'était trop tard et je me rerendormais et ça recommençait, je me reréveillais et je me redisais allez debout mais je restais au lit dans l'ambiance d'une série, ça m'évitait de penser à ce que je ne pouvais pas et je ne pensais pas à ce qui s'est passé, dont je ne me souviens pas."
L'enfance politique se présente sous la forme d'un long monologue, constitué de courts paragraphes qui s'enchainent rapidement et où Noémie Lefebvre exerce tout son talent en jeux de mots et associations d'idées : "J'y pensais, parfois, au sens de servir mais je ne me servais pas de cette pensée pour y penser et ça ne servait à rien d'y penser comme ça, sans que ma pensée serve." Si j'ai trouvé au début que l'exercice d'écriture était intéressant, le style est quand même devenu rapidement assez lassant et creux, et je n'ai pu terminer ma lecture qu'à petites doses, en lisant quelques paragraphes par-ci, par-là.
L'idée du roman était pourtant intéressante : Martine s'interroge sur sa relation complexe avec sa mère. Les dialogues retranscrits par Martine entre sa mère et elle sont d'ailleurs parfois drôles et émouvants. Martine cherche les raisons de son malaise actuel. Est-ce lié à son histoire familiale, son père qui a fait la guerre d'Algérie sans jamais en parler, ou sa mère qui a passé son enfance dans un orphelinat de bonnes sœurs sous Pétain ? Peu à peu, Martine va plus loin dans ses réflexions : et si son traumatisme venait de la société elle-même, une société dite politique, de guerres, violences et barbaries ?
"Je me demande si l'histoire de ma mère dans la guerre de son enfance ne m'aurait pas conditionnée à subir quelque petite violence de dessous les fagots.
Je me demande si les abus politiques sont transmis par la mère ou transmis par la guerre.
Si ce legs de souvenirs dont ma mère ne se souvient pas ne serait pas mon héritages indivis.
Je me demande si la nation n'y est pas pour quelque chose."
Mais, toutes ces considérations pseudo-psychologiques sur la violence d'une société dite civilisée m'ont perdue en route, et j'avoue avoir eu du mal à finir ce roman avec son style répétitif et vain. Quel dommage !
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