lundi 19 janvier 2015

Un parfum d'herbe coupée de Nicolas Delesalle

La grand-mère de Kolia vient de mourir. Son grand-père, atteint d'Alzheimer, lâche dans un éclair de lucidité cette phrase : "Tout passe, tout casse, tout lasse". Ces quelques mots font l'effet d'un électrochoc à Kolia, si bien que des années après il s'en souvient encore. Dans ce roman qui n'en est pas vraiment un, l'auteur évoque des souvenirs dans une succession de petites histoires plus ou moins longues et les adresse à Anna, sa future arrière-petite-fille pour qu'elle sache qui il était.

"Papito, du haut de tes ruines, tu m'as dit la vérité toute nue alors que je l'aurais préférée accrochée à un ballon d'hélium et vêtue d'un truc sexy. Tout passe, tout casse, tout lasse. Ça m'a longtemps agacée. J'ai eu du mal à l'accepter. J'ai longtemps eu le sentiment de vivre à blanc, pour rien du tout. Dans trois générations, mon arrière-petite-fille ne connaîtra pas mon prénom. Elle ignorera tout de ma vie. Ma famille. Mes amours. Mes amis. Mes souvenirs."

C'est avec plaisir que j'ai lu Un parfum d'herbe coupée de Nicolas Delesalle. J'ai beaucoup aimé la façon dont le narrateur/auteur évoquait son enfance : avec humour, parfois de la tristesse mais surtout avec nostalgie et beaucoup d'émotion. Il ne tombe jamais dans le mièvre, même si on ressent aussi un peu de naïveté dans sa façon de raconter les choses. 

Magie du premier baiser, premiers émois sexuels, mort prématurée d'un ami, film X du premier samedi du mois sur Canal+ regardé en cachette, découverte de la lecture grâce à des enseignants passionnés, vacances en famille..., Kolia nous raconte les souvenirs marquants de sa vie et offre souvent des instantanés de pur bonheur qui nous touchent forcément ! Chacun peut se reconnaître dans un ou plusieurs de ces moments racontés, et développer ainsi une certaine intimité avec le narrateur, qui devient un proche, une connaissance. Un parfum d'herbe coupée est drôle, émouvant, fort, avec une écriture simple et fluide, et se lit d'une traite.

Il s'agit ici du tout premier livre publié par les éditions Préludes, un nouveau label de littérature du Livre de Poche, qui à travers dix livres par an, propose de faire découvrir à ses lecteurs des inédits : premiers romans français ou premières traductions pour la littérature étrangère. Et dans un format semi-poche, soit 13-15 euros. Le label propose aussi, à la fin de chaque ouvrage, des "passerelles", soit trois propositions de lecture pour découvrir d'autres romans du même genre ou sur le même thème. Enfin, leur site Internet est très bien fait et interactif. Voilà un concept qui me plaît et j'ai déjà acheté le deuxième titre paru : Conception de Chase Novak (à retrouver bientôt sur le blog).

Merci à Babelio et aux éditions Préludes pour ces belles découvertes romanesque et éditoriales.


jeudi 15 janvier 2015

À moi pour toujours de Laura Kasischke

Sherry Seymour est professeure à l'université, mariée et mère d'un garçon qui a bien grandi et qui a quitté la maison pour aller faire ses études ailleurs. Le jour de la Saint-Valentin, elle trouve dans son casier, un message anonyme : Sois à moi pour toujours. Flattée, elle est très intriguée par l'identité de son admirateur secret qui continue à lui écrire. Quant à son mari, il est à la fois jaloux, excité et semble même pousser sa femme à le tromper ! Un jeu dangereux qui pourrait se terminer très mal...

Quand je ne sais plus trop quoi lire, un petit tour en librairie suffit pour que je reparte avec un roman ou deux de la romancière américaine Laura Kasischke. Sur ce coup-ci, je n'ai pas été déçue, mais pas non plus été complètement emballée par À moi pour toujours. On a affaire ici à un bon roman à l'intrigue efficace, mais un peu attendue.

Ce que j'aime chez Laura Kasischke, ce sont ses portraits de femmes très réalistes. Sherry Seymour, c'est un peu l'archétype de la femme mature américaine, qui a l'air heureuse, dans sa vie bourgeoise, bien propre et bien ordonnée mais qui s'ennuie, se sent vieille et inutile depuis que son fils est parti. Bref, la crise de la quarantaine. Elle a besoin de se sentir vivante, désirée et l'arrivée d'un admirateur, potentiel amant, lui en apporte l'occasion. Elle se laisse donc aller à avoir une aventure et, pour la première fois de sa vie, s'écarte de sa vie bien ordonnée. Avec, semble-t-il, la bénédiction de son mari qui s'imagine ainsi rendre leur couple plus fort, pimenter leur vie sexuelle, sans se douter des conséquences tragiques qui vont en découler.

Il y a quand même toujours quelque chose de troublant, voire de malsain dans les romans de Laura Kasischke. Ici, on a des scènes sexuelles très crues, voire glauques, et on ne peut être que perturbée par le comportement de son mari, prenant du plaisir à imaginer sa femme avec un autre homme. Même sa relation avec son fils est parfois un peu limite. Reste heureusement l'écriture de Laura Kasischke qui me plaît beaucoup et participe énormément à mon plaisir de lecture ! À moi pour toujours est un bon roman, pas le meilleur Laura Kasischke, mais assez plaisant.

Mon avis sur d'autres romans de Laura Kasischke :
- Les Revenants
- A suspicious river
- Un oiseau blanc dans le blizzard
- En un monde parfait
- Esprit d'hiver 
 

mardi 13 janvier 2015

D'acier de Silvia Avallone

Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlette de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur leur amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.

C'est une jeunesse bien triste que nous raconte Silvia Avallone dans ce roman. Une jeunesse piégée dans une banlieue grise aussi vétuste et insalubre que l'on imagine. Cette jeunesse n'a comme loisir que la plage, très sale, d'à côté et le bar pour traîner la journée. La nuit, ceux qui ont une voiture vont jusqu'aux discothèques du coin, où règnent alcool, drogues et prostitution. Leur avenir professionnel se trouve dans leur environnement immédiat : la Lucchini, l'acierie de Piombino. A travers le personnage d'Alessio, frère d'Anna, Silvia Avallone nous décrit le dur et harassant labeur des ouvriers de l'usine qui sont comme dévorés par cet acier vivant et tueur.

Anna et Francesca, de très belles jeunes filles de "treize-ans-presque-quatorze", ne passent pas inaperçues dans ce monde brutal. Encore pures et innocentes, leur forte amitié amoureuse les aide à tenir le coup face à un environnement familial instable - pères absent ou violent, mères passive ou impuissante - et face à leurs faibles perspectives d'avenir. Mais elles se soutiennent, s'aiment et rien d'autre ne compte à part elles, jusqu'à ce que leur vie les rattrape...

Entre roman social et roman d'apprentissage, D'acier offre une image bien pessimiste de l'Italie. C'est un roman très réaliste, âpre et parfois dérangeant, mais qui donne aussi un peu d'espoir à travers la description d'une amitié plus forte que tout.

lundi 5 janvier 2015

Bonne année 2015 !

Bonjour à tous !

En ce jour de reprise du boulot, le blog des Chroniques assidues fait aussi sa rentrée.

Je vous souhaite à tous une très bonne année 2015 riche en belles lectures, coups de cœur, découvertes, émotions, et surtout beaucoup de bonheur !

J'ai profité des vacances de Noël pour lire, entre autres, mais je n'ai pas encore trouvé le temps de rédiger les chroniques... Janvier est un mois chargé mais promis, je ne vous oublie pas !

En attendant de vous lire ici ou ailleurs, encore une très belle année 2015 à vous !